mercredi 24 décembre 2008
dimanche 21 décembre 2008
Mon challenge 2009
Certains parce que je n'en ai aucun souvenir et que les critiques que j'ai lues depuis m'ont donné envie de m'y replonger.
D'autres simplement pour le plaisir !
Ma liste est modeste : j'ai retenu pour le moment trois titres mais je me réserve la possibilité d'en ajouter au cours de l'année.
- Les corrections de Jonathan Franzen
- Un été à Key West d'Alison Lurie
- Le propriétaire de John Galsworthy
vendredi 19 décembre 2008
XXL
Editions Milan - collection Macadam - 2004
Traduit de l'anglais par Emmanuelle Pingault
Carmen est une adolescente de quatorze ans qui vit avec sa mère, Maria et Adrian, le mari de celle-ci. Maria est obsédée par la minceur et voudrait que Carmen maigrisse. Elle surveille son alimentation, lui impose des restrictions, que Carmen compromet régulièrement en avalant toutes sortes de friandises et nourritures "interdites", encouragée par Adrian, qui reste étranger à cette guerre contre les kilos.
Maria décide un beau jour de quitter Adrian et de retourner vivre à Birmingham, sa ville natale, où elle a trouvé un nouveau travail. Elle emmène Carmen avec elle et elles s'installent toutes les deux dans une nouvelle vie.
A Birmingham, Carmen retrouve ses grands-parents et fait la connaissance de Lisa, la soeur de sa mère. Maria et Lisa sont brouillées et Carmen n'en comprend pas la raison. Elle sent que sa mère lui cache beaucoup de choses sur son passé et en particulier l'identité de son père biologique.
Ce livre pour adolescent, destiné d'après l'éditeur, à la classe d'âge 13-15 ans, m'a bien intéressée et même ébranlée, par moment. Il décrit très bien les incertitudes de l'adolescence, la difficulté de se situer dans une famille, de s'accepter, d'autant plus que l'héroïne est confrontée à de nombreux changements dans son environnement et à l'instabilité qu'entretient sa mère, anorexique.
C'est un livre dérangeant car l'attitude de Carmen face à l'anorexie n'est pas claire. Elle ne critique pas sa mère et ses dérives alimentaires, elle les décrit simplement. On ne sait pas quelle est son acceptation face à cette situation. Elle évoque souvent ses propres bourrelets, son ventre mais on ne sait pas s'ils sont réels ou imaginaires. Est-elle déjà contaminée par la phobie de sa mère ?
Une lecture que je ne regrette pas, même si j'ai eu un peu de mal à démarrer...
L'avis de Ludivine.
lundi 15 décembre 2008
L'année de la pensée magique
Publié chez Grasset en 2007
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Demarty
Le 30 décembre 2003, à New-York, John Gregory Dune, le mari de Joan Didion, s'effondre au début du dîner, victime d'une crise cardiaque. Les secours ne réussiront pas à le ranimer.
Ce livre, que Joan Didion commence à écrire neuf mois après cet évènement, va couvrir l'année qui suit le décès de John. Joan y raconte sa stupeur après ce drame, la difficulté du deuil auquel elle ne peut se laisser aller dans un premier temps.
En effet, leur fille Quintana avait été victime d'une pneumonie peu de temps avant le décès de John et elle était plongée dans le coma depuis cinq jours, en ce 30 décembre. Joan Didion doit donc assumer l'inquiétude où la plonge la santé de sa fille et tenter de surmonter la perte de son mari. Ce qu'elle doit faire, les endroits où elle se rend, tout la ramène à ce qu'elle a vécu avec John, pendant les quarante années de leur vie conjugale et de leur travail en commun.
Pendant longtemps, elle ne peut accepter que son mari soit "parti" pour toujours. Elle en prend conscience lorsqu'elle réalise qu'elle arrive à se débarrasser de ses chemises mais qu'elle ne peut donner ses chaussures. Que mettrait-il s'il revenait ?
Elle décortique les moments qui ont précédé la mort afin de trouver ce qu'elle aurait pu faire afin de l'éviter. C'est seulement plusieurs mois après le décès, lorsqu'elle prend connaissance du rapport d'autopsie et qu'elle se documente afin de comprendre les termes médicaux employés, qu'elle réalise que la mort a été immédiate. De plus, elle était prévisible car John avait été opéré du coeur plusieurs années auparavant. Lui-même se considérait en sursis, mais elle ne l'avait jamais perçu. A ce moment-là, seulement, elle peut échapper à la culpabilité qu'elle ressentait de n'avoir rien pu faire.
La mort de John lui fait prendre conscience de sa propre condition de mortelle. Elle réalise qu'elle a vieilli dans le regard des autres alors que dans celui de John, elle se voyait toujours comme une jeune femme.
J'ai trouvé ce livre magnifique. L'auteur ne s'apitoie jamais, elle raconte ce qu'elle ressent, sobrement et sans pathos. Elle ne s'abandonne pas au désespoir mais trouve dans le souvenir de la vie passée la force de continuer. Elle évoque sa douleur, sans complaisance mais ne s'y enferme pas. Il ne s'agit pas du récit d'une femme repliée sur elle-même. Au contraire, à travers les moments passés, on l'accompagne dans une vie riche et variée, celle d'un couple de créateurs, elle auteur, journaliste, et lui scénariste de film. On les suit sur les tournages, on les accompagne dans leurs voyages et on ressent leur complicité.
Ce fut un très beau moment de lecture et de réflexion, car un tel sujet ne peut laisser indifférent. Il rappelle des souvenirs et fait surgir des craintes.
Ce livre a été consacré "livre de l'année 2006" aux Etats-Unis et il a été couronné du National Book Award. En France, il a reçu le prix Médicis de l'essai en 2007.
Le premier chapitre sur le site de Grasset.
Les articles de Lire et Le Temps.
Les avis de Clochette, Cathe, Sophie, Clarabel, Sentinelle, Kathel, Cathulu et Joëlle.
mercredi 10 décembre 2008
Le Bénarès-Kyôto
Editions du Rocher - 2007
Ce livre a obtenu le prix Renaudot Essai en 2007.
La quatrième de couverture :
Aventure unique : une traversée de l'Asie par voie terrestre et maritime. De l'imprévu, des rencontres, des trains fantaisistes, des jeteurs de sorts... et de l'érudition, mais avec cette éjouissance chère à Montaigne, un des compagnons du voyageur qui pratique la philosophie par la marche et l'ironie d'un regard perçant.
Voici l'Inde avec cette union si troublante de l'éros et du divin. La Thaïlande et une femme prête à sauter d'une falaise au dessus du Mékong. Le Tonkin avec un combattant de Diên Biên Phu qui aimait la France. Le dévoilement d'une Chine méconnue, le Tao et le Bouddha, une audience pleine d'humour avec l'empereur. Le Japon, une marche rituelle dans les montagnes habitées par les Esprits, les miroirs secrets dans les sanctuaires...
On en ressort avec l'intelligence nourrie par d'autres matières de concevoir la vie.
C'est en effet bien autre chose qu'un simple récit de voyage, ce livre d'Olivier Germain-Thomas. L'auteur est un spécialiste de la culture asiatique, qu'il a découverte à l'occasion de nombreux séjours.
Ce voyage de Bénarès à Kyoto, c'est un voeu ancien. Il en a déjà, en d'autres temps, effectué certains tronçons, en d'autre compagnie. Ce périple lui donne l'occasion de revenir sur certains épisodes de sa vie et de les réexaminer à la lumière de l'expérience acquise.
C'est aussi un voyage philosophique et théologique, auquel nous sommes conviés en sa compagnie, un voyage qui propose beaucoup de pistes de réflexion face à la diversité des cultures évoquées. Un voyage qu'on a souvent envie de recommencer, car c'est un livre plein de ressources, qu'il faut certainement lire et relire pour en extraire toutes les richesses.
La fiche du livre chez l'éditeur.
Quelques compléments sur l'auteur : Librairie Les cinq continents et Etonnants voyageurs.
La critique parue dans l'Humanité et un avis sur Get News.
Ce livre fait partie de mon défi lecture 2008, Le Nom de la Rose, dans la catégorie "Un lieu géographique dans le titre" et clôt d'ailleurs ce challenge !
vendredi 5 décembre 2008
Le chemin des sortilèges
Editions Léo Scheer - 2008
Une jeune femme arrive à la campagne, dans une maison isolée, où elle vient retrouver Roland, après dix ans de séparation.
Roland était son psychanalyste, lorsqu'elle était enfant et elle se souvient avec émotion de leurs conversations dans son cabinet. C'est lui qui l'a aidée à surmonter le départ de sa mère, puis la mort de son frère. Et puis un jour il a disparu.
Au cours de ce séjour, entre promenades et discussions sur le passé, la narratrice se replonge dans des contes de fées, dont elle trouve un recueil tous les matins à son chevet. A travers cette nouvelle lecture de La belle au bois dormant, Cendrillon, Blanche-neige, la petite fille aux allumettes, la petite sirène et d'autres encore, elle revisite son enfance, comprend ses fêlures et perçoit enfin quelle place Roland a eu dans sa vie.
J'ai reçu gracieusement ce livre de la part de Chez-Les-Filles.com. Comme j'ai attendu quelques semaines avant de le commencer, j'avais eu le temps de lire quelques avis ici et là. D'où une certaine appréhension, car tous n'étaient pas positifs, loin de là.
Mais finalement, cette lecture a été facile. L'auteur nous fait naviguer entre rêves et contes de fées, on ne sait pas toujours ce qui est vrai et ce qui est rêvé. Elle est à la recherche d'un secret qu'elle a toujours pressenti et ce séjour va l'aider à le mettre à jour.
J'ai trouvé la fin de l'histoire confuse et je suis toujours indécise vis-à-vis de ce roman.
Je crois que ce qui me gêne, c'est le manque d'authenticité. Je n'ai pas réussi à partager les interrogations de la narratrice. L'ensemble m'a paru un peu factice.
Le style est fluide, trop policé peut-être, pour cette histoire où il est beaucoup question de deuil et de non-dits.
Dommage car l'idée de départ est intéressante et j'ai trouvé dans cette évocation des contes de notre enfance des éléments qui m'ont éclairée sur certains aspects de l'éducation que j'ai eue.
En tout cas, ça me donne envie de replonger dans Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim. C'est au moins un bon point à mettre au crédit de cette lecture !
De nombreux avis sur les blogs : Saxaoul, Leiloona, Clarabel, Lo, Malice, Chaperlipopette, Calepin, Antigone, Joëlle, Fashion, Ariane, Sylire, Liliba.
Malgré cet avis un peu négatif, je remercie Suzanne de Chez-les-filles.com ainsi que les éditions Léo Scheer pour l'envoi de ce livre.
A visiter également, le site de Nathalie Rheims, qui permet de découvrir son univers et ses oeuvres.
dimanche 30 novembre 2008
Pour Vous
Editions Joëlle Losfeld - 2008
Delphine a créé l'agence Pour Vous, une entreprise de services à la personne, comme il en existe beaucoup : Prise en charge de personnes âgées, d'enfants handicapés, accompagnements divers. Mais Pour Vous propose aussi des services moins classiques, souvent hors des limites de la légalité.
Ainsi, Marja, l'assistante de Delphine, prête son fils au couple Soignes, en mal d'enfant. Et quand ce désir d'enfant devient plus impérieux, c'est Delphine elle-même qui va assume r le rôle de mère porteuse.
Un jour, un client nommé Jones lui apporte des carnets manuscrits qu'il lui demande de dactylographier et de compléter, car ils ont été écrits par un homme malade et certains textes sont presque indéchiffrables. Delphine commence par refuser cette mission, puis se trouve obligée de l'accepter. En effet ce vieil homme, Adorno, a été l'un des clients de l'agence et c'est Delphine qui a écrit sous la dictée certains passages, lorsque Adorno était trop fatigué. C'est à Delphine qu'Adorno a donné certaines consignes pour la transmission de ces carnets après sa mort. Comme elle ne les a pas respectées et qu'elle ignore ce que sait Jones à ce propos, elle voit dans la réécriture des carnets un moyen d'en savoir plus et d'y modifier son propre rôle si nécessaire.
Elle qui d'habitude est très détachée lors de la réalisation de ses missions, au point de jouer la mère porteuse sans état d'âme, va laisser déteindre sur elle les sentiments qu'Adorno portait à Jones et tomber amoureuse de lui, tout en continuant à réécrire les carnets.
Pour une fois, elle va laisser tomber la carapace qu'elle s'est forgée au fil du temps et se révéler vulnérable, face à un homme qui comme elle vend de l'illusion.
Le personnage de Delphine pourrait être antipathique : elle est froide, insensible à la peine des autres, dure avec son assistante. Pour elle, les clients sont des dossiers, des chèques et rien de plus. Sauf Adorno, qui avait un peu réussi à ébranler la forteresse, mais pas complètement, pas au point qu'elle respecte leurs accords jusqu'au bout.
Et puis, la lecture des carnets va la changer, la bouleverser et la rendre plus humaine. Une renaissance, en quelque sorte.
J'ai bien aimé ce livre de Dominique Mainard, même si la fin m'a un peu déçue. Le thème de départ est sans doute exagéré, mais donne un certain mordant à l'histoire. Si le personnage de Delphine fait froid dans le dos, on comprend que son activité et les exigences auxquelles elle est confrontée l'obligent à se protéger. Dommage que l'auteur devienne trop indulgente avec son personnage sur la fin, j'aurais aimé une chute plus grinçante !
Malgré ces quelques reproches, un bon moment de lecture !
D'autres avis sur ce livre : Cuné, Amanda, Sylvie, Cathulu, l'empreinte des mots.
samedi 29 novembre 2008
Blog-o-trésors - ma liste
Chaque participant doit proposer les 10 livres qui l'ont marqué. Grominou compilera la liste des propositions et il faudra y piocher 4 titres à lire dans le cours de l'année 2009.
Après beaucoup d'hésitation et de renoncement (beaucoup de mes coups de coeur font partie de série et je n'ai pu me résoudre à n'en choisir qu'un seul), voici ma liste :
- L'écume des jours - Boris Vian
- L'anti-voyage - Muriel Cerf
- Le jade et l'obsidienne - Alain Gerber
- Les raisins de la colère - John Steinbeck
- Au bonheur des dames - Emile Zola
- Un barrage contre le Pacifique - Marguerite Duras
- Pour qui sonne le glas - Ernest Hemingway
- Vent-d'Est, vent d'Ouest - Pearl Buck
- La nuit, la neige - Claude Pujade-Renaud
- Le carnet d'or - Doris Lessing
A votre tour...
samedi 22 novembre 2008
La théorie du panda
Publié en janvier 2008 chez Zulma.
Gabriel arrive par le train dans une petite ville de l'intérieur de la Bretagne. Il s'installe à l'hôtel, où l'accueille Madeleine, la réceptionniste. Pour le dîner, elle lui conseille le Faro, le bar-restaurant du coin. Mais ce soir, José le patron ne sert pas à manger. C'est Marie, sa femme qui fait la cuisine, d'habitude, mais elle vient d'être hospitalisée, pour l'ablation d'un kyste. Puis, finalement, José propose à Gabriel de partager son repas et il le fait passer dans l'arrière-salle, où ils font plus ample connaissance.
Le lendemain, Gabriel achète un gigot d'agneau et le cuisine à sa façon pour José, dont la femme va plus mal. Petit à petit, il se lie également avec Madeleine, qui rêve d'aller sous les cocotiers, dans les îles. Il va aussi lui préparer à manger, chez elle. Madeleine aimerait bien que leur relation dépasse la simple amitié, mais Gabriel reste distant. Il vient en aide à Rita et Marco, un jeune couple à la dérive. Et quand Marco s'en va, il part à sa recherche dans la ville, à la demande de Rita.
Grâce à quelques flashbacks, on comprend que Gabriel a vécu des drames, qu'il est "cabossé" par la vie. Sa façon de survivre, c'est de s'intéresser aux autres, ceux qui sont paumés, au bord du gouffre. Il leur prépare à manger, les écoute, et réussit à recréer comme un cercle d'amitié, où chacun va retrouver le chemin vers l'espoir.
Sauf Gabriel, qui a vu sa vie basculer alors qu'il se croyait le plus heureux, et pour qui le soupçon de bonheur à venir n'est que le rappel de son propre drame. Et c'est insupportable pour lui.
Je suis très perplexe sur ce roman. L'écriture est belle, fluide, précise. L'auteur sait à merveille créer en peu de phrases une ambiance, un climat.
Je me suis attachée à ces personnages, à ces instants de détresse puis d'espoir lorsque l'avenir semble s'éclaircir.
Mais je n'aime pas la noirceur qui ressort des rencontres de Gabriel avec d'autres habitants de cette petite ville. Je n'aime pas non plus cette fin, marquée par le désespoir, même si je reconnais que l'auteur est très habile.
A lire : la fiche du livre chez Zulma, qui propose les deux premiers chapitres.
La critique de Lire.
D'autres avis : Clarabel, Maijo, Katell, Karine, Florinette, Bladelor, Laure, Hannibal, Sylire.
mercredi 19 novembre 2008
Mon beau sapin
Cliquez ici.
vendredi 14 novembre 2008
Luz ou le temps sauvage
Publié aux éditions Métailié en 2002.
Traduit de l'espagnol par François Gaudry.
En 1998, Luz arrive à Madrid, en compagnie de Ramiro, son mari, et Juan, leur fils de dix-huit mois. Elle est venue d'Argentine afin de rencontrer un homme, Carlos Squirru. Grâce à lui, Luz espère éclaircir les dernièrs mystères concernant ses propres origines. C'est ensemble qu'ils vont reconstituer toute l'histoire.
En 1976, en pleine dictature militaire, Mariana, fille d'un général, accouche dans des conditions difficiles d'un enfant qui ne survit pas. Aussitôt, ses parents interviennent afin de remplacer l'enfant par la fille d'une détenue politique assassinée peu après. Eduardo, le mari de Mariana, est un homme faible, sous la coupe de ses beaux-parents et il accepte cette substitution, à l'insu de sa femme.
Luz grandit dans cette famille, d'abord inconsciente des secrets qui ont accompagné sa naissance. Le suicide de son père, l'incompréhension de sa mère et la rencontre avec une femme, Myriam, qui lui souffle un jour qu'elle n'est pas la fille de Mariana, vont petit à petit lui faire prendre conscience de l'origine de son mal-être et l'inciter à comprendre d'où elle vient. La rencontre avec Ramiro, son mari et plus tard la naissance de son fils, vont exacerber son besoin de vérité.
Voilà rapidement résumé le fond de cette histoire. Mais ce roman est bien autre chose. Il donne tour à tour la parole à plusieurs protagonistes qui connaissent tous une part de la vérité, mais différente pour chacun. Luz devra faire preuve d'une volonté tenace, avant de savoir enfin qui elle est et ce qui s'est passé.
C'est un roman très émouvant, qui s'appuie sur une réalité toujours actuelle : En Argentine, les Grands-mères de la place de Mai recherchent toujours leurs petits enfants, arrachés à leur famille d'origine et confiés à des partisans de la junte militaire. Ce qui en fait une lecture éprouvante. On souhaiterait que les évènements racontés soient uniquement le fruit de l'imagination de l'auteur. Hélas, on sait que ce n'est pas le cas.
A consulter : Une fiche de lecture qui rappelle le contexte historique et la critique de Lire
Liens vers d'autres avis chez Sylire et Lisa, dans le cadre du Blogoclub.
En ce qui me concerne, je l'ai lu pour mon défi lecture 2008, Le nom de la rose, dans la catégorie "Un prénom dans le titre".
dimanche 9 novembre 2008
Personnages désespérés
Publié en 2004 chez Joëlle Losfeld.
Traduction française de Marie-Hélène Dumas.
Préface de Jonathan Franzen.
Sophie et Otto Bentwood vivent à Brooklyn, dans une belle maison et profitent d'une existence aisée. Leur confort va se trouver remis en question par deux incidents : Un soir, Sophie est mordue à la main par un chat errant qu'elle a pris l'habitude de nourrir. Elle va hésiter pendant plusieurs jours avant de se faire soigner, balançant entre la crainte d'avoir attrapé la rage et la peur face aux piqûres que nécessiterait le traitement. Otto, qui est avocat, est désorienté car son ami et associé, Charlie Russel, a décidé de quitter le cabinet. Il hésite entre le soulagement de mener ses affaires enfin à sa guise et l'appréhension de perdre une partie de sa clientèle. Chacun est donc soucieux et va être moins attentif aux problèmes de l'autre, ce qui va provoquer une déstabilisation de ce couple, jusqu'ici apparemment sans histoires.
J'ai un peu de mal à savoir si j'ai aimé ou non ce livre. Paula Fox est très forte pour décrire le mal-être qui surgit dans ce couple, les inquiétudes de chacun, les incertitudes. Tellement forte que la malaise s'étend au lecteur, au lieu de lui procurer de la compassion vis à vis de ces personnages, qui sont peut-être désespérés mais qui sont aussi désespérants, du fait de leur inertie et de leur indécision.
J'avais déjà ressenti les mêmes sensations à la lecture de Côte Ouest, du même auteur. Il m'avait fallu quelques semaines pour admettre que ce livre valait le coup d'être lu.
Pour celui-ci, il faut sans doute également un peu de recul et pourquoi pas, suivre la recommandation de Jonathan Franzen qui le préface : Il l'a lu six ou sept fois et y découvre toujours de nouvelles clés !
D'autres avis chez Les rats de Biblio (Clarabel a aimé et Clochette moins), Malice, Anne et Eric Simard.
A lire également, un article de Lire consacré à Paula Fox.
mardi 4 novembre 2008
Le fiancé de la lune
Publié en 2008 aux éditions Héloïse d'Ormesson.
L'histoire commence en 2027, lorsque Zac débarque sur la lune, en compagnie de cinq cents autres personnes. Il ouvre alors la boîte que son père lui a remise avant son départ. Il y trouve au milieu de quelques souvenirs d'enfance un manuscrit.
Quelques mots sur la première page : "Zac, va au bout de tes rêves. Ton père. Mai 2004." Zac commence alors sa lecture.
Arnaud exerce la profession de "singe", c'est-à-dire qu'il intervient partout dans le monde sur des missions en grande hauteur : élagueur d'arbres au Caire, laveur de carreaux sur les buildings de New York, nettoyeur de cathédrale en Italie. Entre deux missions, il vit à Paris et mène une existence facile et futile, sans véritable attache.
Puis, il rencontre Giannina, une chanteuse de jazz et c'est le coup de foudre !
Ce livre raconte une histoire d'amour très banale : un homme libre rencontre une femme merveilleuse, pleine de talents, et en tombe passionnément amoureux, au point de renoncer à sa vie d'aventures. Ils ont un enfant, symbole de leur bonheur et de leur réussite. Puis, la routine prend le dessus sur les sentiments d'Arnaud, qui s'enlise dans le quotidien, jusqu'à ce qu'un évènement dramatique vienne interrompre le conte de fées.
Des histoires comme celle-là, on peut en trouver des dizaines et quelquefois, ça marche très bien. Le lecteur partage les états d'âmes des protagonistes, il les suit dans leurs bonheurs et malheurs, il s'identifie à eux.
Pour moi, cela n'a pas été le cas avec ce livre. Je ne suis pas entrée dans l'histoire, je n'ai pas été convaincue par les sentiments d'Arnaud. J'ai trouvé le style très superficiel. Il ne suffit pas de décrire des sentiments et des sensations pour les faire partager.
Ce "fiancé de la lune" a donc été une déception. Dommage, j'aime beaucoup la couverture et l'édition est très soignée.
Je remercie Suzanne de Chez-les-filles.com et les éditions Héloïse d'Ormesson qui m'ont gracieusement proposé ce livre.
Il a donné lieu à de nombreux commentaires sur la blogosphère.
Voici les avis de Maijo, Joëlle, Lo, Clarabel, Caro[line], Antigone, BlueGrey, Lucie et Cécile.
lundi 27 octobre 2008
La réconciliation
Editions Joëlle Losfeld - 2008
La narratrice, la quarantaine, traductrice, élève seule ses deux jumeaux adolescents. Alors qu'ils partent sans elle en vacances au Sénégal, elle est contrainte d'héberger son père qui vient passer une série d'examens médicaux dans l'hôpital en face de chez elle.
Cette visite contrarie ses projets. En effet, la jeune femme espérait profiter de sa solitude pour avancer dans une traduction qu'elle a des difficultés à aborder. Puis elle lui cause beaucoup d'appréhension. Face à son père, elle se sent toujours l'adolescente qu'elle était, confrontée à un homme tyrannique et hargneux, imposant sa loi à toute la famille.
En réalité, lors de ce séjour, elle se retrouve face à un homme vieilli et affaibli, diminué dans sa superbe passée par l'incertitude sur son état de santé.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture, sans doute parce que les appréhensions de la narratrice me sont familières. Comment affronter à l'âge adulte des parents qu'on a craints, dont on a été contraint de subir l'autorité et les principes ? Et cela sans retomber dans les révoltes adolescentes ou sombrer dans la déprime paralysante ?
La réconciliation du titre arrivera bien. A défaut de s'exercer vis à vis du père, c'est avec elle-même que la narratrice fait la paix. Sans heurts, elle réussit à s'affirmer face à ses parents et à les replacer dans leurs responsabilités, même si sur l'instant, elle a l'impression de fuir lâchement.
En résumé, un livre court (139 pages) qui a suscité chez moi beaucoup de réflexions.
Un extrait :
"Il ne faudrait pas que vous soyez en retard, dis-je en faisant semblant de regarder ma montre, et ils se levèrent pesamment comme si je leur avais donné l'ordre de disparaître de ma vue, sur l'épaule de mon père la bandoulière de son sac que je lui avais demandé de prendre en quittant l'appartement et j'eus brusquement honte. Je t'appelle, me glissa ma mère en m'embrassant, j'évitai à nouveau de laisser mes joues toucher celles de mon père, je ne regardai ni l'un ni l'autre s'éloigner vers l'hôpital."
lundi 20 octobre 2008
Pluie et vent sur Télumée Miracle
Le Livre de Poche - 1975
Télumée vit en Guadeloupe, avec sa grand-mère, Reine sans Nom. Son arrière-grand-mère, Minerve, était esclave puis a été affranchie. Malgré cela, le poids de l'esclavage pèse sur les femmes de la lignée et Télumée le ressent encore fortement. Toute sa vie, qui nous est racontée ici, elle doit se battre pour exister, chaque bonheur reçu n'est jamais définitif. Malgré cela, Télumée trouve dans les enseignements de sa grand-mère et dans l'amour qu'elle lui a prodigué, la force de continuer.
Cette lecture m'a souvent remis en mémoire "La légende d'une servante" de Paula Fox que j'ai lu il y a quelque mois. Là aussi, il était question d'une petite fille des Caraïbes, de son amour pour sa grand-mère et de sa nostalgie pour son île, une fois qu'elle avait été emmenée à New-York. Ici, Télumée reste sur son île, se bat pour construire son bonheur avec Elie, puis le quitte pour échapper à sa violence et à sa folie, puis reconstruit un autre bonheur, pour un temps.
C'est encore une fois un parcours de femme qui est raconté ici par Simone Schwarz-Bart, dans une langue entre l'écrit et l'oral, qui exploite la culture créole, ses croyances et ses proverbes pour chaque situation de la vie. Une vie difficile, de travail et de souffrances, à laquelle Télumée tient pourtant, jusqu'au bout.
Extraits :
(La première fois que Télumée découvre Fond-Zombi, le village de sa grand-mère)
Et puis soudain ce fut l'Autre Bord, la région de Fond-Zombi qui déferlait devant mes yeux, dans une lointaine éclaircie fantastique, mornes après mornes, savanes après savanes jusqu'à l'entaille dans le ciel qui était la montagne même et qu'on appelait Balata Bel Bois. De-ci de-là apparaissaient des cases appuyées les une contre les autres, autour de la cour commune, ou bien se tassant sur leur propre solitude, livrées à elles-mêmes, au mystère des bois, aux esprits, à la grâce de Dieu...
(Le dernier paragraphe)
Comme je me suis débattue, d'autres se débattront, et, pour bien longtemps encore, les gens connaîtront même lune et même soleil, et ils regarderont les mêmes étoiles, ils y verront comme nous les yeux des défunts. J'ai déjà lavé et rincé les hardes que je désire sentir sous mon cadavre. Soleil levé, soleil couché, les journées glissent et le sable que soulève la brise enlisera ma barque, mais je mourrai là, comme je suis, debout, dans mon petit jardin, quelle joie !...
Ce roman fait partie de mon défi lecture 2008 Le nom de la rose, dans la catégorie "Un phénomène météorologique".
dimanche 19 octobre 2008
London Swap (2)
Je suis ravie de ses choix :
- Mrs Dalloway de Virginia Woolf, que j'espérais recevoir, car j'ai très envie de le lire et de découvrir l'auteur par cette première lecture.
- Le peuple d'en bas de Jack London : Je ne connaissais pas ce titre. Je vais ainsi plonger à la suite de l'auteur dans le Londres du XXème siècle, ce qui était une de mes attentes pour ce swap.
- Une carte sur la relève de la garde : Typique, non !
- Un pin's de l'Ours Paddington
- Côté gourmandises : des gâteaux fourrés aux fruits et de la gelée à l'orange. Nous avons résisté jusqu'à présent mais le goûter dominical va leur être fatal !
- And last but not least : un sac imprimé, kitsch à souhait, comme je le voulais, qui sera très pratique pour les sorties à la médiathèque, comme le suggère Cryssilda !
Merci à Cryssilda, dont je vais découvrir le blog avec plaisir.
Et merci également à Ys pour l'organisation de ce swap !
La bibliographie qu'elle a établie est pleine de pistes à suivre pour de prochaines lectures !
lundi 13 octobre 2008
L'étrange disparition d'Esme Lennox
Editions Belfond - 2008
Traduit de l'anglais par Michèle Valencia.
Iris Lockart, une jeune écossaise d'une trentaine d'années, reçoit un courrier de l'asile de Cauldstone, qui l'informe de la fermeture prochaine de l'établissement. La direction lui demande les dispositions qu'elle compte prendre pour l'hébergement de sa parente, Euphemia Lennox. Iris, dans un premier temps, croit à une erreur, mais une relance et des appels téléphoniques vont l'obliger à s'intéresser à la question.
Elle découvre alors qu'il s'agit de sa grand-tante, la soeur de sa grand-mère maternelle Kitty, qui vit elle-même dans un hopital, car elle est touchée par la maladie d'Alzheimer. Iris n'a jamais entendu parler d'Euphemia car Kitty a toujours déclaré être fille unique. Euphemia est placée à Cauldstone depuis soixante ans, oubliée du monde.
Iris, qui traverse une période de flottement dans sa vie personnelle, organise le transfert de sa grand-tante vers un foyer, mais renonce à l'y laisser, à cause des conditions d'hébergement. Elle l'installe chez elle, malgré le désaccord de ses proches. Elles vont apprendre à se connaitre et Iris va chercher à comprendre pourquoi Euphemia a été internée.
Dans ce roman, on découvre l'histoire au côté d'Iris, mais également à travers la mémoire d'Euphémia ou plutôt d'Esme, puisque c'est ainsi qu'on l'appelait lorsqu'elle était enfant, et puis aussi par bribes, grâce aux souvenirs de Kitty, qui resurgissent de temps en temps de son pauvre esprit malmené par Alzheimer, décousus, incomplets.
C'est un secret de famille terrible qui émerge petit à petit, qui rappelle que dans les années 30, il fallait se conformer à l'idée que la bonne société se faisait de la jeune fille idéale. Il n'y avait pas de place pour la fantaisie, le naturel et l'excentricité, qui pouvait compromettre le mariage de la soeur aînée. Pas de place non plus pour l'écoute et la compréhension qu'il aurait fallu pour aider une jeune fille trop sensible à surmonter les traumatismes vécus.
C'est une histoire prenante, qu'on voudrait impossible. Pourtant, elle s'inspire de faits réels et on imagine sans peine les vies gâchées par des pratiques rigides et inhumaines.
Une très belle lecture, à l'image de la couverture du livre, magnifique !
Les avis de Bellesahi, Cathulu, Dasola et Marie.
London Swap (1)
Le contenu conviendra-t-il à son ou sa destinataire ? Je l'espère. Le choix fut difficile !!
Il ne me reste plus qu'à surveiller ma boîte aux lettres, à mon tour !
lundi 6 octobre 2008
Un abandon
Edité chez Zulma en janvier 2007.
Le mot de l'éditeur était pourtant engageant :
Troublant, diabolique même, ce manuscrit qu’Alexandre Astrid reçoit par la poste ! Le titre : Garden of love. L’auteur : anonyme. Une provocation pour ce flic sur la touche, à la dérive, mais pas idiot pour autant. Loin de là. Il comprend vite qu’il s’agit de sa propre vie. Dévoyée. Dévoilée. Détruite. Voilà soudain Astrid renvoyé à ses plus douloureux et violents vertiges. Car l’auteur du texte brouille les pistes. Avec tant de perversion que s’ouvre un subtil jeu de manipulations, de peurs et de pleurs.
Comme dans un impitoyable palais des glaces où s’affronteraient passé et présent, raison et folie, Garden of love est un roman palpitant, virtuose, peuplé de voix intimes qui susurrent à l’oreille confidences et mensonges, tentations et remords. Et tendent un redoutable piège. Avec un fier aplomb.
Les avis positifs fleurissaient sur la blogosphère : Amanda, Laure, Marie, Emeraude, Florinette, Goelen.
Ce roman a obtenu de nombreuses récompenses, dont le grand prix des lectrices de ELLE, en 2008.
Pour toutes ces raisons, j'ai quand même insisté jusqu'à la moitié du livre, alors que dès les premiers chapitres, j'ai ressenti un certain malaise à la lecture de ce roman.
Et puis, tout d'un coup, alors que j'étais dans le bus, qu'il y avait dehors un très beau soleil qui illuminait la banlieue, j'ai refermé définitivement ce livre et décidé que cette histoire n'était pas pour moi : trop noire, trop glauque, trop dérangeante, sans doute.
Un extrait sur le site de Zulma.
jeudi 2 octobre 2008
Cafés de la mémoire
Publié en février 2008 aux éditions du Seuil.
A l'occasion du carnaval de Nice, la narratrice se réfugie dans un café, afin d'échapper au bruit et à la foule. Elle se remémore les multiples cafés qu'elle a fréquentés au cours de son existence, ce que lui ont apporté les ambiances et les gens.
Tout commence à Arcachon, lorsqu'elle écoute les récits de son grand-père,au retour de ses nombreuses haltes dans les cafés de la ville. Puis, vient le temps de l'adolescence, toujours à Arcachon puis à Bordeaux et enfin Paris, où elle vient étudier la philosophie. Elle veut suivre l'exemple de Simone de Beauvoir, acquérir son indépendance et profiter de sa jeunesse. Mais, trop confiante, elle n'évitera pas certains dérives, en particulier vers l'alcool.
J'ai beaucoup aimé le récit de l'enfance, la tendresse de la narratrice pour son grand-père, son amour pour sa ville natale, qu'elle décrit merveilleusement. Par la suite, j'ai trouvé que l'histoire se banalisait, même si le parcours de la jeune fille est emblématique de ces années 50-60.
C'est le premier texte de Chantal Thomas que je lisais, mais j'ai l'intention de poursuivre ma découverte de cet auteur, surtout depuis que j'ai lu ce billet sur "Les adieux à la reine".
Un avis sur ce livre chez MagLm.
mercredi 17 septembre 2008
Pensées secrètes
Publié chez Rivages en 2002.
Traduit de l'anglais par Suzanne V. Mayoux.
A l'université (inventée) de Gloucester, au cœur de la campagne anglaise des Cotswolds, Ralph Messenger dirige le prestigieux institut des sciences cognitives et travaille sur l'intelligence artificielle. Il mène une vie agréable, entre sa femme Carrie et ses enfants d'un côté, et ses étudiants et chercheurs, de l'autre. Il s'accorde quelques aventures extra-conjugales, en particulier lors de ses déplacements à l'occasion de congrès à l'étranger.
Il fait la connaissance de Helen Reed, écrivain, qui vient assurer pendant six mois le cours de maitrise de création littéraire, pendant le congé sabbatique du titulaire. Helen est veuve depuis quelques mois et elle a accepté ce poste, dans l'espoir d'échapper à ses habitudes et de surmonter son chagrin.
Tenté par la nouveauté, Ralph est tout de suite attiré par Helen, qui n'est pas insensible mais qui se refuse à entamer une liaison avec lui. D'abord, parce qu'elle a vite jaugé le personnage et qu'elle ne le juge pas digne de briser sa période de deuil. Ensuite, parce qu'elle s'est liée d'amitié avec Carrie et qu'elle ne veut pas tromper sa confiance.
Plusieurs révélations vont bouleverser sa détermination et la libérer du passé. D'autres péripéties vont ébranler Ralph dans son confort et modifier sa conception de l'existence.
Une fois de plus, je me suis régalée à la lecture de David Lodge. Les deux personnages principaux s'intéressent aux problématiques de la conscience, chacun par rapport à son domaine de prédilection, ce qui donne lieu à des débats animés entre eux. Le roman leur donne tour à tour la parole et chacun s'exprime à sa façon : Ralph, le scientifique, utilise un dictaphone pour enregistrer ce qui lui passe par la tête, curieux de comprendre le courant de la pensée; Helen, l'écrivain, relate dans son journal intime ses impressions et l'évolution de ses sentiments.
Ces deux modes d'expression nous livrent, comme le dit justement le titre, les pensées secrètes des protagonistes et quelquefois, elles sont peu avouables. Souvent, le ton est caustique et mordant. Mais les faiblesses de chacun sont très perceptibles et finalement, j'ai ressenti beaucoup d'indulgence pour ces personnages et j'ai suivi leur parcours avec plaisir.
Quelques avis chez Zazieweb et Dasola.
mercredi 10 septembre 2008
Les yeux bandés
Les yeux bandés - Siri Hustvedt
Actes Sud - 1993
Traduit de l'américain par Christine Le Boeuf.
Les quatre récits qui composent ce livre mettent en scène Iris Vegan, une jeune étudiante en littérature à l'université de Columbia. Dans le premier, à court d'argent, elle accepte de travailler pour M. Morning, pour qui elle doit décrire des objets de plus en plus bizarres, en respectant un protocole très précis. Sans savoir pourquoi, elle s'invente une fausse identité.
Dans le deuxième récit, elle accepte de se laisser photographier par Georges, un ami de Stefen, son petit ami du moment. La diffusion de ces photographies va modifier ses relations avec son entourage et perturber la perception qu'elle a d'elle-même.
Le troisième récit relate le séjour d'Iris à l'hôpital, en raison de très violents maux de tête. Elle est confrontée à d'étranges voisines de chambre.
Le quatrième récit est le plus volumineux et replace les autres dans leur chronologie. Iris traduit pour son professeur un livre allemand, dont le personnage principal, Klaus, un jeune homosexuel, a un comportement sadique. Suite à la soirée d'Halloween, elle prend goût à se déguiser en homme et commence à s'identifier à Klaus. Elle entame alors une descente aux enfers impressionnante.
Il est beaucoup question d'identité dans ce livre de Siri Hustvedt, qui est le premier qu'elle a publié. L'apparente absence de liens entre les trois premiers récits entretient un certain malaise, qui correspond bien à la confusion dans laquelle est plongée Iris. Son incompréhension de ce qui lui arrive est décrite si précisément qu'elle se communique au lecteur.
J'avais emmené ce livre pendant mes vacances, ce qui n'est pas forcément une bonne idée, car ce n'est pas le genre de livre que j'ai envie de lire au retour de la plage.
Néanmoins, je ne regrette pas du tout cette lecture, qui m'a permis de continuer ma découverte de Siri Hutsvedt, dont j'ai déjà lu L'envoûtement de Lily Dahl et Tout ce que j'aimais, que j'avais préférés.
Je suis très tentée par son nouveau roman, Elégie pour un américain, d'après les commentaires que j'ai lus, ici et là.
L'avis des rats de biblio et de Lou.
mercredi 3 septembre 2008
Ecrire la liberté
Collection Découvertes Gallimard n°522 - Janvier 2008
Cette biographie très illustrée de Simone de Beauvoir évoque ses œuvres et ses combats : pour la liberté, pour l'égalité des femmes. Sa volonté de vivre sans subir le poids des convenances et des traditions bourgeoises lui a permis de conquérir son autonomie et son indépendance. Le pacte particulier qu'elle a noué avec Jean-Paul Sartre l'a laissée libre de vivre d'autres expériences amoureuses enrichissantes.
J'aime beaucoup cette collection Découvertes qui permet une première approche d'un sujet particulier. Je me suis rendue compte que je connaissais bien mal Simone de Beauvoir. Je la considérais comme une icône du féminisme. Ce livre met en avant d'autres aspects de ses combats.
Je me rappelle avoir lu "L'invitée", il y a de nombreuses années, mais je ne me suis jamais plongée dans ses oeuvres autobiographiques. Un oubli à réparer et encore des lectures en perspective !
Lien vers la fiche du livre, sur le site des éditions Gallimard : Il est possible de le "feuilleter" virtuellement !
jeudi 28 août 2008
Un joli mug à gagner ?
samedi 23 août 2008
La légende d'une servante
trad. de l'anglais par Marie-Hélène Dumas
Collection Littérature étrangère/Joëlle Losfeld, Gallimard (2005)
Luisa vit avec sa mère, à Malagita, un petit village sur l'ile de San Pedro, dans les Caraïbes. Son père naturel est le fils de Dona Beatriz de la Cueva, propriétaire de la plantation de canne à sucre, chez qui sa mère travaille comme domestique.
Luisa voue une grande affection à sa grand-mère maternelle, qui vit au village et elle ne comprend pas les raisons de la brouille entre sa mère et sa grand-mère. Elle aura également l'occasion d'entrevoir sa grand-mère paternelle, lorsqu'elle accompagnera quelquefois sa mère à la "grande maison".
Après le mariage tardif de ses parents et le début d'une révolution dans l'île, Luisa va suivre ses parents à New-York, où son père a décidé de fuir.
Toute sa vie, Luisa va balancer entre deux conditions sociales : celle de fille de domestique travaillant au jour le jour pour assurer sa survie, et celle de fille de propriétaire terrien ayant tout perdu et étant peu préparé à la nécessité de travailler.
Elle va choisir le côté de sa mère, en arrêtant prématurément ses études, en commençant à travailler elle aussi comme domestique. Son mariage avec Tom, un journaliste, lui donne l'occasion de sortir de sa condition, au fur et à mesure que leur situation financière s'améliore, suivant la progression professionnelle de Tom, mais elle n'arrive pas à renoncer à ses habitudes de pauvre, ce qui va entraîner l'échec de leur mariage.
Luisa va alors élever seule son fils Charlie, en cumulant les emplois de domestiques. Quarante années s'écouleront avant qu'elle réussisse enfin à retourner sur l'île de San Pedro, sur les traces de son enfance à Malagita.
J'ai aussi aimé dans ce livre l'évocation des relations entre Luisa et sa grand-mère, auprès de qui elle trouve beaucoup d'amour et de compréhension, tandis que les relations avec sa mère sont plutôt source d'angoisse et de conflits. Le père de Luisa, également présent dans l'histoire, n'assume pas le rôle protecteur qu'il devrait avoir et toute sa vie, Luisa devra faire ses choix sans compter sur son appui.
En résumé, une lecture dont je garderai un très bon souvenir !
samedi 2 août 2008
Deuxième pause estivale
vendredi 1 août 2008
L'éternité de l'instant
Paru chez Gallimard en 2007
Traduit de l'espagnol par Albert Bensoussan.
Maximiliano Megia est un vieil homme, centenaire, qui vit seul à Cuba. Il n’a plus dit un mot depuis que sa femme l’a abandonné avec leurs cinq enfants, bien des années auparavant. Mais il va reprendre la parole pour sa petite-fille, Lola et raconter son histoire.
Il est né en Chine, s’appelait Mo Ying et a bénéficié d’une éducation raffinée, aimé de ses parents, un chanteur d’opéra et une calligraphe. Hélas, les bouleversements de la société chinoise au début du XXème siècle ont conduit l’élite intellectuelle vers la misère et provoqué l’exil du père, vers un avenir meilleur à Cuba, où vit déjà un cousin. Après quelques années sans nouvelles de lui, Mo Ying va partir à sa recherche. Son périple le fera voyager dans toute l’Asie et le Moyen-Orient, il tombera entre les pattes de trafiquants d’esclaves, qui le vendront au Mexique. Après de nombreuses péripéties, il retrouvera son père à Cuba.
La première partie, intitulée "Naître", raconte la vie des parents de Mo Ying, puis l’enfance et l’adolescence de celui-ci et son départ pour retrouver son père. La sobriété du style surprend, venant de Zoé Valdès, ainsi que la narration chronologique. Tout change dans la deuxième partie "Vivre", qui s'attache à la vie de Mo Ying devenu Maximiliano. Le lecteur voyage en permanence entre la Chine et Cuba, de l'époque du père de Mo Ying, chanteur du théâtre traditionnel chinois de la fin du XIXème siècle, jusqu’à la vie actuelle de Maximiliano Megia, dans sa chambre au sous-sol d’un immeuble du quartier chinois de La Havane. Le style reste beaucoup plus sobre que dans les autres romans de l'auteur.
On pourrait s'y perdre mais l'histoire suit les méandres de la mémoire d'un vieillard qui survit grâce à ses souvenirs et à l'espoir qu'a fait renaître la rencontre avec sa petite-fille.
Sur le site de Gallimard, vous pourrez trouver en annexe à la fiche du livre, un extrait ainsi qu'un commentaire de Zoé Valdès, qui explique la genèse de son roman. Elle s'est inspirée de la vie de son grand-père chinois pour écrire ce roman, mais a réinventé l'histoire.
lundi 21 juillet 2008
Alba, correspondance à une voix
Editions Des femmes, 2008.
Roxane et Alba ont partagé la vie de pensionnat et noué une relation au-delà de l’amitié, à l’abri des murs de l’institution. Après le départ d’Alba, qui a dû suivre son père diplomate, Roxane, à travers une correspondance à sens unique, relate à son amie le cours de son existence : ses années d’étudiante à Paris où elle est hébergée chez sa tante, sa passion pour Salomé, une pianiste qu’elle rencontre lors d’un concert, les projets qu’elles font ensemble et l’issue tragique de leur relation.
Roxane va alors se replier dans la propriété de ses parents, où la mort de son père, à qui elle vouait une grande haine, va la décider à développer l’exploitation viticole, qu’il avait laissé vivoter. Cette renaissance va s’accompagner pour Roxane d’une nouvelle rencontre et d’un nouvel amour.
Voici la trame très résumée de ce gros livre de plus de 500 pages que j’ai reçu dans le cadre de l’opération Masse Critique de Babelio.
Le récit de la vie passée des différents personnages secondaires (les parents de Roxane, sa tante, les amis qu’elle rencontre) permet à la narratrice d’évoquer d’autres périodes, telles que l’occupation et l’après-guerre, et d’autres milieux : les bords de Loire, la vie parisienne, la bourgeoisie de province.
L’écriture est parfaite, trop à mon goût. La narratrice est quelqu’un qui vit ses passions, sait les décrire de manière précise, mais j’ai trouvé que cette précision nuisait à un récit qui aurait mérité plus de chaleur et de fougue. J’ai du mal à croire qu’une jeune fille des années 50-60 ait pu vivre des amours féminines en province sans rencontrer plus de désapprobation de la part de sa famille et de la société environnante. Au cours des épreuves qu'elle traverse, elle montre une maturité que j'ai trouvée peu crédible, surtout dans les vifs échanges avec son père.
La 4ème de couverture évoque "la lutte pour s’intégrer dans un monde viticole misogyne".
Merci à Babelio et aux éditions des Femmes pour l'envoi de ce livre.
Flo l'a lu et en fait un résumé plus complet.
vendredi 18 juillet 2008
Gourmande ?
Pour reprendre doucement après mon escapade dans le Grand Nord, je réponds au tag de Chaperlipopette.
Le règlement:
Indiquer le lien de la personne qui m'a taguée.
Noter le règlement sur mon blog.
Taguer 6 personnes à la fin du billet en mettant leur lien.
Avertir directement sur leur blog les personnes taguées.
En ce qui concerne ces deux dernières consignes, je passe, car beaucoup de blogueurs et blogueuses ont déjà répondu à ce tag.
Si vous passez par là et êtes tentés, n’hésitez pas et mettez un lien dans les commentaires de ce billet !
Mes réponses :
Un aliment ou un produit que je n'aime pas du tout
Les coquillages crus, tels que les huitres, les praires, palourdes et coques. En revanche, les trois dernières, cuites et farcies, ça passe très bien.
Mes 3 aliments favoris
Les langoustines, les tomates et le yaourt nature.
Ma recette favorite
Rognons de veau poêlés : c’est une recette que m’a donnée la tripière du marché, il y a quelques années. Elle n’est pas difficile à faire et le résultat plait toujours (au moins à ceux qui aiment les rognons !).
Ma boisson favorite
Finalement, après une longue réflexion, c’est l’eau. J’aime aussi boire du thé.
Le plat que je rêve de réaliser mais que je n'ai toujours pas fait
En ce moment, faire la cuisine relève plutôt de l’obligation et pas du tout du domaine du rêve !
Mon rêve côté nourriture, c’est tout simplement de croquer dans une pomme ou de déguster une pêche ! Ce n’est pas très original, mais j’en suis privée pour cause d’allergies. J’espère encore que ce n’est pas pour toujours...
Mon meilleur souvenir culinaire
Un curry d’agneau que m’avait concocté mon cher et tendre, d’après une recette du magazine 100 Idées (c’était en 1981...).
Il me semble que ses capacités culinaires ont régressé depuis (Chut...), bien qu’il ait ensuite concocté des ris de veau à une certaine occasion (mais c’était aussi dans les années 80 !).
jeudi 3 juillet 2008
Quelques jours de vacances...
Je m'absente pour une dizaine de jours.
J'espère avoir plus de temps à consacrer à mes billets sur mes lectures à mon retour.
A bientôt !
jeudi 19 juin 2008
Les constellations du hasard
Les constellations du hasard – Valérie Boronard.
Publié en 2008 chez Belfond.
Luc, un jeune français de vingt ans, a écrit un roman et rêve de le soumettre à Paul Auster, son maître en écriture, dont il a lu tous les livres. Il débarque à New York avec la ferme intention de le rencontrer et pourquoi pas, de lier une relation amicale avec lui.
Il trouve à se loger chez un vieil homme aveugle, qui vit seul dans un appartement, et commence à se promener dans les lieux décrits par Auster, en espérant le rencontrer au coin d’une rue. Ce qui ne manque pas d’arriver, d’ailleurs, puisqu’il croit apercevoir Paul Auster faisant son jogging.
Hélas, le rêve se transforme en cauchemar, car Luc se fait voler sa sacoche, qui contenait son manuscrit, son billet de retour, son argent. Après une nuit d’errance dans New York, affamé, il retourne à l’appartement et se confie à son logeur. Celui-ci accepte de l’aider et en contrepartie, lui demande de retranscrire des textes. C’est ainsi que Luc va découvrir la vie et l’oeuvre poétique de Alejandro Asturias, son hôte, en tapant à la machine, des heures durant, les poèmes qu’il lui dicte. Il va également apprendre à nager, grâce aux leçons du vieil homme, qui lui impose une séance de baignage quotidienne, à l’aube, car d’après lui, un écrivain doit savoir nager !
Au début de cette relation imposée, Luc va vivre les contraintes que lui impose son hôte comme une corvée, un fardeau. D’autant plus qu’il essaye de réécrire son livre perdu et que les instants qu’il peut y consacrer sont limités. Puis, impressionné par l’oeuvre du poète et par la personnalité de l’homme, il va tenter de les faire connaitre en organisant une lecture publique à laquelle il espère la participation de Paul Auster.
J’ai bien aimé ce premier livre de Valérie Boronard, qui confronte trois vies d’écrivains, fictifs ou réels, à des stades différents de leur carrière. Cette histoire est bien sûre très imprégnée de l’univers de Paul Auster, mais je pense qu’on peut apprécier ce livre même si on connait peu cet auteur. En revanche, j’ai trouvé que la fin était un peu baclée, comme si l’auteur avait été gagnée par la fébrilité de son personnage, face à l’approche de la fin de son séjour à New-York.
Les premières pages, sur le site de l'éditeur.
Les avis de Camille, Florinette et Clarabel.