vendredi 29 octobre 2010

Dans les rapides





Dans les rapides - Maylis de Kerangal
Naïve (2007)

Elles sont trois : Lise, Nina et Marie, la narratrice. Elles vivent au Havre, en 1978 entre lycée, cours d'aviron et sorties entre filles. Un jour de pluie, alors que le bus tarde, elles montent en stop dans une R16, dont le conducteur écoute de la musique sur son lecteur de cassettes. C'est le choc pour toutes les trois, elles découvrent Blondie dans "Parallel Lines".
Parce que la chanteuse représente ce dont elles rêvent et qui paraît inatteignable, elles se mettent à s'intéresser au groupe et à son égérie en particulier. Debbie Harry devient leur modèle, elles imaginent sa vie, elles préparent un voyage à New-York !
Puis Marie se lie avec Pierre, un garçon du lycée, qui participe à un fanzine et aimerait un texte sur Blondie pour alimenter le journal. Avec Pierre, Marie découvre d'autres musiques, d'autres ambiances. 

L'assistante d'anglais leur a prêté un disque de Kate Bush, The Kick Inside. Nina est envoûtée par la voix de Kate Bush et y trouve une nouvelle idole. Lise résiste et refuse la nouveauté. Première scission entre les filles, chacune va suivre dorénavant un chemin différent, même les retrouvailles à l'aviron sonnent faux.

Un livre court et percutant, où j'ai retrouvé l'atmosphère des années lycée, lorsque la musique avait tant d'importance, où on s'emballait pour un nouveau son, pour un couplet où on se retrouvait, pour une ambiance portée par un groupe. C'est loin et proche, à la fois !

Comme presque tous les chapitres de ce livre mentionnent en titre un morceau de musique extrait des disques évoqués, j'ai voulu reconstituer cette playlist, comme une évocation sonore de ce roman plein de vie et de promesses.

Découvrez la playlist Dans les rapides avec Blondie

Lu par Cathulu, Clarabel et Malice.
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mercredi 20 octobre 2010

Élegie pour un Américain

Élégie pour un Américain - Siri Hutstvedt
Actes Sud (2008)
Traduit de l'américain par Christine Le Boeuf


Lars Davidsen, dont la famille est d'origine norvégienne vient de mourir. Son fils Erik et sa fille Inga ont découvert dans ses papiers une lettre d'une certaine Lisa, datée de 1937, dont le contenu est pour eux une intrigue :
"Cher Lars, je sais que tu ne diras jamais rien de ce qui s'est passé. Nous l'avons juré sur la BIBLE. Ça ne peut plus avoir d'importance maintenant qu'elle est au ciel, ni pour ceux qui sont ici sur terre. J'ai confiance en ta promesse. Lisa."
Qui est cette femme et de quelle morte est-il question ? Quel est ce secret dont personne ne sait rien ? Erik va tenter de le découvrir en lisant les journaux intimes laissés par son père, qu'il a tenus minutieusement tout au long de sa vie. Comme Erik est psychanalyste à New York, cette plongée dans la vie de son père prend un tour à la fois personnel et professionnel. Parallèlement à cette lecture, le cours tranquille de sa vie de divorcé est un peu chahuté par l'installation de deux nouvelles locataires dans sa maison : Miranda, une jeune femme d'une trentaine d'années, est graphiste et vit seule avec sa fille de six ans, Églantine, avec laquelle Erik établit rapidement une relation de confiance. Attiré par Miranda, il découvre qu'elle est harcelée par un mystérieux photographe qui dépose des photos inquiétantes sur le perron de la maison.
Erik tente également d'aider sa soeur Inga et la fille de celle-ci, Sonia, une adolescente traumatisée par les évènements du 11 septembre 2001. Inga a perdu son mari, Max, décédé d'un cancer et éprouve beaucoup de difficultés à surmonter son veuvage, d'autant que la prochaine parution d'une biographie consacrée à Max la soumet à l'attitude inquisitrice d'une journaliste, qu'elle cherche à éviter.


Ce n'est pas un livre facile, avec ses multiples personnages, dont nous suivons des fragments de vie au fil des pages : les parents et grand-parents d'Erik et Inga, à travers les journaux du père et les souvenirs qui remontent à la mémoire d'Erik au fur et à mesure, la famille éloignée qu'ils vont solliciter afin de comprendre le mystère de la lettre, les patients d'Erik qui enrichissent cette histoire avec leurs problèmes et leurs difficultés, Miranda et Églantine, les deux voisines aux prises avec le photographe, ainsi que les amis d'Inga qui gravitent autour d'elle, sans qu'elle sache qui d'elle ou de son défunt mari les intéresse réellement.

J'ai aimé ce livre de Siri Hustvedt, comme j'avais aimé ses autres romans lus auparavant. L'auteur sait à merveille créer un univers, une ambiance et j'ai vraiment été intéressée par la vision qu'elle propose de l'exercice de la psychanalyse, la façon dont les consultations d'Erik interfèrent avec sa propre vie et ses questionnements, les doutes qui surgissent et la fragilité de l'homme qui apparaît derrière l'enveloppe du professionnel. Elle rend perceptible la façon dont l'agressivité de certains patients s'exerce contre le médecin et combien il est difficile de s'en protéger. La redécouverte du père, au fil de ses écrits et lorsque le mystère de la lettre se lève, est très émouvante et constitue une source d'apaisement pour Erik et Inga, les rendant plus forts et plus aptes à profiter de la vie.
Encore une fois, un très beau moment de lecture...

Les avis de PapillonMalice, Cachou, Mango et Jules.
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mardi 12 octobre 2010

On s'est déjà vu quelque part ?

On s'est déjà vu quelque part ? - Nuala O'Faolain
Sabine Wespieser éditeur - 2002
Traduit de l'anglais par Julia Schmidt et Valérie Lermitte (Are you somebody ?)
Lu dans l'édition 10-18 (2005)


Sous-titré "Les Mémoires accidentels d'une femme de Dublin", ce livre est un récit autobiographique écrit par Nuala O'Faolain, née à Dublin en 1940 et décédée en 2008.
Deuxième d'une famille nombreuse, son enfance est surtout marquée par la misère affective : son père, journaliste, est fréquemment absent et sa mère, dépassée par la tâche, se réfugie dans les livres et dans l'alcool, désertant souvent la maison pour le pub. Nuala doit à son caractère difficile d'être mise en internat, ce qui lui permet de faire des études et de prendre son indépendance. Elle fréquente l'université de Dublin puis celle d'Oxford et exerce en même temps des petits boulots. Plus tard, elle sera journaliste puis productrice à la radio et à la télévision. Elle s'associe au combat des féministes et s'intéresse également aux problèmes politiques de l'Irlande. Elle évoque sa vie personnelle, sa difficulté à trouver le véritable amour et son regret de n'avoir pas eu d'enfant. C'est aussi un livre sur les dégâts de l'alcoolisme, à travers la vie de sa mère mais aussi à propos de ses propres excès, même si elle se contente de présenter des faits, sans porter de jugement. Les pubs tiennent une grande part dans l'histoire !

J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt ce parcours d'une femme irlandaise dans une période où la vie des femmes a tellement changé, par rapport à ce qu'avaient vécu leurs mères. J'avais aimé le dernier livre de Nuala O'Faolain, Best Love Rosie, et je pensais en savoir plus sur sa carrière d'écrivain en lisant cette autobiographie. Il n'en a rien été puisqu'elle est parue avant ses autres livres et qu'elle n'y évoque pas son activité de romancière ! En revanche, elle raconte son Irlande, qu'elle redécouvre sur le tard à l'occasion d'un séjour estival qui la convainc de revenir au pays et qui la réconcilie avec sa nature profonde.

Ma vie a pris un tournant quand je suis allée pour la première fois à Merriman. C'était en 1973. Un jour du mois d'août, j'ai pris l'avion pour Shannon, j'ai ensuite traversé le comté jusqu'au village maraîcher en pierre grise de Scarriff, situé dans un doux paysage turquoise de collines boisées, de prairies humides, de lacs et des larges berges du Shannon. Je n'étais jamais venue dans le Clare rural jusque-là. Je pouvais compter sur mes doigts les jours que j'avais passés dans l'Irlande rurale. Que c'était beau, après les rues grises et les stations de métro sales que je traversais tous les jours à Londres ! Les voix des gens étaient tellement expressives ! Dans cette école, je suis tombée complètement amoureuse d'une Irlande qui s'est révélée plus tard ne pas exister. Pourtant, cette Irlande imaginaire m'a donné l'élan nécessaire pour rompre mes liens avec l'Angleterre. Et cela m'a conduite vers l'Irlande réelle que je commence à connaître maintenant. Si je n'avais pas connu l'Irlande moderne si tard dans ma vie, et si je n'avais pas pensé - par ignorance et à cause de mon absence - que c'était merveilleusement intéressant, je n'aurais pas mis autant de zèle à la découvrir. L'importance de cette prise de conscience s'est accrue de plus en plus pour moi chaque année. Une nouvelle conception de la notion de "chez moi" s'est insinuée dans ma vie quand j'ai réalisé que l'Irlande, dans tous ses aspects, présents et passés, m'appartenait. Et que j'appartiens à l'Irlande juste parce que je suis irlandaise.  (p. 207-208)

Ne manquez pas de lire la postface, où l'auteur raconte son étonnement face au succès de son livre et les rencontres qu'il lui a permis de faire. J'ai été touchée par sa sincérité et sa simplicité.

Quelques avis chez les rats de biblio et chez Lilly.
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jeudi 7 octobre 2010

Masse critique : Littératures de l'imaginaire

Depuis ce matin, Babelio a lancé une nouvelle opération consacrée aux littératures de l'imaginaire : science-fiction, fantasy, bitlit.


Rendez-vous sur http://www.babelio.com/massecritique.php et choisissez un livre, puis publiez une critique sur votre blog ou bien sur le site de Babelio.

Mon choix est déjà fait !
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