jeudi 7 septembre 2017

La fin de tout

La fin de tout – Jay McInerney

Éditions de l’Olivier (2003)
Traduction de Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso


Comme le dernier livre de Jay McInerney, Les jours enfuis, troisième roman autour de Russell et Corrine Calloway après Trente ans et des poussières et La belle vie, n’est toujours pas disponible à la médiathèque que je fréquente, j’ai emprunté pour patienter ce recueil de dix nouvelles paru en France en 2003.

Je ne me doutais pas que j’y retrouverais Russel et Corrine, dans la nouvelle intitulée Fumée, qui raconte leur rencontre à New York et leur tentative d’arrêt de la cigarette après quelques années de vie commune. Texte tout à fait dans la veine de Trente ans et des poussières.

Pas de surprise non plus avec la première nouvelle du recueil, Tiers payant. Alex est venu à Paris pour se consoler du départ de sa femme. Un soir, dans un restaurant branché, il est pris pour un autre par un jeune couple de New-yorkais, qui l’embarque dans une tournée des boites et des bars à ses frais. On y retrouve l’argent, l’alcool, la drogue et le sexe, thèmes qui ont fait le succès de l’écrivain, même s’il ne faut pas le réduire à cela.

Mon texte préféré est le troisième du recueil, Comment j’ai servi l’état. Grandeur et décadence d’un sénateur dans ses tentatives vers la Maison Blanche, racontées par un de ses collaborateurs qui sait exploiter les faiblesses du grand homme pour se venger d’avoir été mis sur la touche.

J’ai bien aimé aussi Hollywood Bizness, qui se déroule sur la côte ouest. Un jeune scénariste découvre qu’il n’est pas facile de se faire une place à Hollywood, qu’il faut accepter les règles de la profession pour se faire un nom. Mais lui aussi, le moment venu, saura tirer parti d’un secret pour progresser dans le métier.

Dans La reine de la nuit et moi, c’est encore le monde de la nuit, du sexe et de la drogue qui est évoqué. Mais là, plus de traders de Wall Street ni d’artistes et d’écrivains en mal de sensations fortes, plus de champagne coulant à flot ni de galas de bienfaisance pour justifier les excès. Juste le Meat District, avec ses hangars à viande qui empuantissent  les environs, jusqu’à Greenwich Village quand le vent vient de l’est, et qui une fois débarrassé des camions réfrigérés et de ses malabars aux tabliers ensanglantés, se transforme en terrain d’exercice pour les travelos de Washington Street. Changement de décor, donc, par rapport à celui où se déroulent les romans de McInerney que j'ai déjà lus, mais l'auteur y est aussi à l'aise et très crédible.

Curieusement, je ne termine pas ce recueil avec un sentiment de frustration, comme c'est souvent le cas lorsque je lis des nouvelles. McInerney nous propose des histoires courtes mais bien ficelées, souvent ironiques et désabusées, témoignage d'un monde qui a pris du plomb dans l'aile avec les attentats de 2001. Si vous n'avez encore rien lu de Jay McInerney, pourquoi ne pas le découvrir avec (cette) fin de tout !