Nouvelle opération Masse critique
chez Babelio le 31 janvier à partir de 8h30 !
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Quelques compléments à propos de ce livre : un article de Rodolphe Kobuszewski, et la fiche du livre sur le site de l'éditeur, où vous pourrez apprécier quelques pages du premier chapitre.Et les nuits ont été chaudes, et les jours, et les petits enfants des colonies ont fait la sieste sous les tentes bleues et blanches. Et l’enfant qui se tait avait les yeux fermés et rien ne le distinguait des autres enfants, il avait cette gravité, cette attention qu’on paraît porter à une pensée secrète lorsqu’on dort. La jeune monitrice est venue près de l’enfant. Et il a ouvert les yeux. Tu dormais ? Il réfléchit, toujours ce sourire d’excuse, il ne répond pas. Tu ne sais pas quand tu dors ? Il réfléchit encore, il sourit encore, toujours dans cette peur de blesser, il dit qu’il ne sait pas bien. Tu as quel âge ? Il a six ans et demi. La monitrice le regarde avec intensité et elle lui sourit elle aussi : on est obligé de raconter des histoires aux enfants, tu le comprends ? Il fait signe que oui. La monitrice continue à le regarder, ses lèvres tremblent. Je peux te faire un baiser ? Il sourit, oui, elle peut. Elle le prend dans ses bras et elle embrasse très fort ses cheveux, respire de toutes ses forces le parfum du corps de l’enfant. Elle a un sanglot, desserre ses bras de l’enfant, attend que l’émotion la quitte, et l’enfant attend avec elle que cesse cette émotion. C’est fait, elle a retiré ses bras et ses lèvres du corps de l’enfant. Il y a des larmes dans ses yeux, l’enfant le voit, alors il parle, mais non de cette peine, il dit qu’il regrette les jours quand il y avait de la tempête, des vagues fortes, la pluie.
Les deux figures ont toujours été mêlées. Dans la salle du musée, c’était déjà à l’autre que je songeais. Triple B est apparu, et je n’ai pu faire autrement que raconter son histoire à lui, lui sur qui je ne possède aucune documentation, lui que personne ne connaît et dont tout le monde se fiche. Je voulais écrire sur un homme exemplaire, et voilà que je m’attache à un exemplaire d’homme.