jeudi 21 octobre 2021

La ligne droite


La ligne droite – Yves Gibeau

En Exergue (2021)
 

Deuxième guerre mondiale, lignes allemandes. Le lieutenant Michael sait que les troupes russes sont proches et que son bataillon va bientôt être encerclé. Il n’a plus qu’une idée en tête, exfiltrer le soldat Volker pour lui sauver la vie, car il n’est pas possible que cet athlète d’exception soit victime des tirs ennemis.
1947. Julius Henckel, ancien entraineur des athlètes du demi-fond allemand vient rendre visite à son ami Voldemar. Celui-ci annonce à Julius qu’il a rencontré Stefan Volker en train de vendre des journaux devant la gare de Munich. Julius ne veut pas en entendre parler, il a renoncé à son ancien métier et aux rêves de médailles à la portée de son ex-poulain, si la guerre n’avait pas coupé court à tous les exploits.
Puis, la curiosité est la plus forte, la compassion aussi, la certitude que tout n’est pas perdu. Julius se rend à Munich, y retrouve effectivement Stefan Volker, blessé de guerre, amputé d’un avant-bras et surtout atteint dans son moral et sa jeunesse. Mais la force de conviction de Julius est intacte, il réussit à ramener Volker chez lui et entreprend de lui redonner goût à la vie, de lui faire rechausser les crampons et de reprendre l’entrainement.

Ce livre a été publié une première fois en 1957 et a été récompensé par le Grand Prix de la Littérature Sportive. Je le connaissais surtout parce que j’ai toujours entendu ma mère dire qu’il s’agissait de son livre préféré et elle ne manquait jamais de le recommander. Est-ce qu’elle s’en souvient encore ?
Lorsque j’ai découvert ce titre dans la liste de Babelio pour l’opération Masse Critique, je n’ai pas hésité à le choisir.

Je comprends qu’il ait été récompensé car il met en avant toutes les qualités que l’on attend du sport : la persévérance, le goût de l’effort, l’esprit d’équipe, le fait de se surpasser, l’humilité. Comment ce livre sera-t ’il perçu aujourd’hui ? L’écriture, belle et académique, est datée et peut rebuter. Et pourtant, ce serait dommage de ne pas découvrir cette belle histoire humaine et positive. Je vais donc imiter ma mère et conseiller la lecture de La ligne droite d’Yves Gibeau !
 

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jeudi 14 octobre 2021

En cherchant Parvulesco


En cherchant Parvulesco – Christophe Bourseiller

La Table Ronde (2021)

Jean Parvulesco est un écrivain d’origine roumaine, auteur de plus de cinquante livres connus seulement d’un cercle d’initiés. Familier des cinéastes de la Nouvelle Vague, ami d’Éric Rohmer, Parvulesco est au générique d’À bout de souffle en tant que personnage dont le rôle est interprété par Jean-Pierre Melville.

Christophe Bourseiller a eu l’occasion de rencontrer Parvulesco dans le cadre de l’émission Ce soir ou jamais et le comportement de l’écrivain ce soir-là l’a tellement bluffé qu’il a décidé d’en savoir plus sur l’individu. Il s’est alors lancé dans une recherche approfondie, a lu tous ses livres, regardé ou écouté les émissions qui lui ont été consacrées, un vrai travail documentaire.

Dans sa quête de Parvulesco, Christophe Bourseiller évoque ses relations avec Jean-Luc Godard qu’il a beaucoup fréquenté dans l’enfance, le cinéaste était un proche de ses parents. Christophe Bourseiller a d’ailleurs joué dans trois films de Godard. Il raconte aussi comment, brutalement, leur relation s’est rompue. Plus tard, adolescent mutique et boudeur, il a trouvé sa place dans les comédies d’Yves Robert, Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis, dans le rôle du fameux Lucien.

En tentant de comprendre comment Parvulesco, situé plutôt à l’extrême-droite, a pu faire partie du cercle des familiers de Godard, Christophe Bourseiller comprend la phrase d’Yves Robert à son sujet : « Tu n’es pas un acteur, tu es un personnage. » Comme lui, Parvulesco, que l’on peut apercevoir dans quelques films, était aussi un personnage.

En cherchant Parvulesco, Christophe Bourseiller s’est trouvé lui-même.

Le hasard fait bien les choses. Quelques jours après avoir regardé, une nouvelle fois, le film À bout de souffle diffusé à la télévision suite à la disparition de Belmondo, je découvre ce livre À la recherche de Parvulesco sur la table des nouveautés à l’entrée de la médiathèque. Et je me souviens d’avoir vu ce nom de personnage au générique du film. Le nom de Christophe Bourseiller sur la couverture achève de me convaincre d’emprunter ce livre, je me souviens évidemment de lui dans les films d’Yves Robert et j’apprécie beaucoup ses émissions sur France-Inter le week-end et les mois d’étés.

Ce livre est un petit bijou. Je ne doutais pas du talent de Christophe Bourseiller, de son humour et de son érudition. Mais j’ai trouvé un réel plaisir à l’évocation de son enfance, de son adolescence et à la narration de ses relations avec le cinéma, ses désillusions. J’ai aussi découvert avec curiosité ce Parvulesco, ce « psychogéographe de l’occulte », ce « marcheur qui randonne sur les chemins de l’invisible », « un émissaire du monde noir », comme le qualifie l’auteur.

Extrait page 115-116 :

Il ne me restait plus qu’à le lire, le loser magnifique, le perdant, l’outsider… Mais l’exercice s’est révélé périlleux… Tant de livres empilés. Tant de pages indigestes, avec, çà et là, un diamant, une émeraude, une perle…
Si l’homme se révélait drôle et sautillant, l’auteur s’est souvent perdu dans un labyrinthe de phrases ampoulées. Que retenir de ces livres épais, imprimés en petits caractères, de ces monologues alourdis par les adjectifs et les adverbes, de ces toiles d’araignée complotistes aux ramifications infinies ? Une vérité peut-être…
Dans Le Visage des abîmes, il dit de l’un de ses personnages : « Il était conduit par ses propres gouffres », ce qui le résume assez bien.