mercredi 17 juin 2009

Les quatre vérités

Les quatre vérités - David Lodge
Novella parue en 2000 aux éditions Payot & Rivages
Traduction de l'anglais de Suzanne V. Mayoux
Édition de poche en 2002.


Adrian Ludlow, romancier qui a connu son heure de gloire quelques années auparavant, s'est "réfugié" à la campagne, dans le Sussex, en compagnie de sa femme Éleanor. À l'abri du tapage médiatique et des critiques redoutées, il savoure sa tranquillité. Il ne publie plus que des anthologies. Un beau dimanche d'août 1997, il reçoit la visite de Sam Sharp, un vieil ami depuis leurs années communes à l'université, et qui a cédé, lui, à l'attrait de la célébrité, en devenant scénariste de téléfilms sur la côte ouest des États-Unis. Sam est furieux de la parution d'une interview dans le Sentinel Review, journal du dimanche. La jeune journaliste, Fanny Tarrant, à qui il s'était imprudemment confié, a exploité sa confiance et l'a ridiculisé dans son article. En signe de vengeance, Adrian et Sam renouent avec leur complicité d'antan et décident de tendre un piège à la jeune femme : Adrian accepte de rompre le silence médiatique qu'il s'est imposé et propose d'accorder une interview à la jeune journaliste, sûr d'être en mesure de résister à sa langue de vipère et à ses commérages. Il essayera de lui soutirer quelques propos personnels pour en tirer matière à un article vengeur qu'il compte publier dans le Chronicle.

Évidemment, la réalité va être bien différente de ce qui était prévu ! Au cours de l'interview, Adrian se laisse entraîner à des confidences concernant sa femme.
Éleanor, ulcérée, va à son tour dévoiler à Fanny des aspects du caractère d'Adrian qu'il avait réussi à masquer.

Le dernier chapitre nous fait partager l'angoisse d' Adrian et d'
Éleanor, en ce dernier dimanche d'août 1997, attendant l'arrivée des journaux. Tellement obnubilés par le contenu du fameux article de Fanny, ils n'ont ni écouté la radio, ni regardé la télévision et ne se doutent pas qu'un drame d'une autre portée va monopoliser l'attention internationale.

J'ai bien aimé ce court roman de David Lodge, une "novella" qu'il a tirée d'une de ses pièces. Comme d'habitude chez cet auteur, le ton est ironique et mordant, sans complaisance pour ces intellectuels qui se regardent le nombril, bien protégés des vicissitudes du commun des mortels ! Au cours des différents échanges verbaux entre les personnages, ils apparaissent tour à tour sympathiques puis antipathiques, selon qu'ils sont véritablement sincères ou bien soucieux de composer une attitude. Adrian, pourtant rétif à la médiatisation, ne peut résister à sa vanité, face à la journaliste qui lui porte une certaine admiration, réelle ou inventée. Éleanor, femme frustrée, qui a tout abandonné pour protéger son mari, laisse exploser sa rancœur. Et Sam, qui apparait au début comme la pauvre victime d'une arriviste aux dents longues, ne méritait peut-être pas mieux !
A noter la postface très intéressante de David Lodge lui-même, qui explique les raisons pour lesquelles il a transcrit sa pièce en "novella".

L'avis de Lilly et d'autres chez Zazieweb.

mercredi 10 juin 2009

Des livres pour Haïti




Une belle initiative de Babelio, en association avec l'ONG Bibliothèques sans frontières :


Envoyer des livres pour les bibliothèques publiques d'Haïti.



Si vous souhaitez participer à cette opération, c'est par ici.

jeudi 4 juin 2009

Le chien des Baskerville


Le chien des Baskerville - Sir Arthur Conan Doyle
Gallimard jeunesse - Collection Chefs d'oeuvre universels - 2002
Illustrations de Nicollet.
Traduction et commentaires de Jean-Pierre Naugrette.


Une fois de plus, la malédiction qui pèse sur la lignée des Baskerville depuis le 18ème siècle a frappé. Depuis que Hugo Baskerville a été égorgé par un molosse d'une taille hors norme, plusieurs membres de la famille sont morts dans des conditions sanglantes et mystérieuses. Cette fois, la victime est Charles Baskerville, retrouvé littéralement mort de peur dans la lande de Dartmoor, près du chateau familial. Près du corps se trouvaient les empreintes d'un chien de chasse gigantesque. Sir Henry Baskerville, dernier héritier du nom, revient d'Amérique et compte sur Sherlock Holmes pour élucider le mystère et lever définitivement la menace.
Voilà donc le célèbre détective embarqué dans une nouvelle énigme. Comme des affaires importantes le retiennent à Londres, il délègue au docteur Watson le soin d'accompagner Sir Henry dans le Devonshire et de lui transmettre régulièrement le compte-rendu de ses observations.

C'est donc principalement par le regard du Dr Watson que nous assistons à cette enquête, que j'ai trouvée très effrayante, par moment ! Les descriptions de la Lande, de ses paysages désolés et de ses pièges cauchemardesques m'ont donné le frisson !

Un exemple (Page 80) :
"C'est le grand bourbier de Grimpen, déclara-t-il. Un faux pas là-dedans et c'est la mort assurée pour l'homme ou l'animal. Pas plus tard qu'hier j'ai vu un des poneys de la lande s'y aventurer. Il n'est jamais ressorti. Pendant un bon moment j'ai aperçu sa tête qui se tortillait au-dessus de la tourbière, avant de finir par se faire engloutir. Même en saison sèche la traversée n'est pas recommandée, mais après ces pluies d'automne l'endroit est comme qui dirait terrifiant. Et pourtant je sais comment m'y repérer pour en atteindre le centre, et en revenir vivant. Mon Dieu, voilà encore l'un de ces malheureux poneys !"

Les différents personnages de cette histoire sont décrits minutieusement, sans indulgence de la part du narrateur, mais sans parti pris d'avance. Ils évoluent dans cette atmosphère glacée et terrifiante, et le lecteur se sent lui-même englué dans les brumes de la lande de Dartmoor. Le dénouement est peu prévisible, mais raconté sans éclat, comme si finalement l'intérêt de l'intrigue reposait davantage sur le déroulement de l'enquête que sur son résultat.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture, surtout dans cette collection des chefs d'oeuvre universels, destinée aux jeunes. Les illustrations et les commentaires sont tout à fait pertinents et d'une aide précieuse à la compréhension du contexte historique et géographique. A mon avis, ce roman est destiné à de bons lecteurs pas trop sensibles, car Conan Doyle s'y montre vraiment maître dans l'art de communiquer la peur et l'angoisse !

D'autres avis : Les rats de biblio et Alvynlarquey.