lundi 5 mars 2012

Rose Candida

Rosa CandidaAudur Ava Ólafsdóttir
Éditions Zulma (2010)
Traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson
 

Arnljótur est à peine sorti de l'adolescence et il est déjà père d'une petite fille, née presque par hasard d'une relation éphémère avec Anna, une étudiante qu'il connaissait à peine. Depuis la mort de sa mère dans un accident de voiture, Arnljótur vit avec son père, un ancien électricien, et Jósef, son frère jumeau handicapé. Il poursuit avec amour l'œuvre de sa mère, la culture de multiples variétés de roses dans le jardin, sous la serre construite des années auparavant par le père. Arnljótura a travaillé quatre mois sur un bateau de pêche mais n'a pu s'habituer à la rudesse de cette vie en mer. Il vient de trouver un emploi de jardinier dans un monastère, loin sur le continent et s'apprête à quitter son village, emportant quelques boutures de rosiers, lorsque cette histoire commence.

Quel ravissement que ce livre d'Audur Ava Ólafsdóttir sur lequel j'avais lu de nombreux éloges. Comme une rose fragile implantée dans un terreau favorable, le héros s'épanouit au contact des autres, candide et sans préjugés, conscient de son ignorance mais prêt à tout apprendre. 
Porté par le souvenir de sa mère, il aborde l'existence en toute innocence, observe les choses et les gens et apprécie les petits bonheurs furtifs qu'il sait saisir et apprécier, d'autant qu'il a pris conscience de la fragilité de la vie et de sa destinée de mortel. 
Face à sa responsabilité de père, il ne se dérobe pas, même s'il est loin d'être sûr de lui. Lorsqu'Anna fait appel à lui pour s'occuper de Florá Sól pendant qu'elle rédige son mémoire, il accepte, malgré ses incertitudes. Grâce à son travail dans la roseraie du monastère, grâce à Frère Thomas qui lui apprend la vie à travers le cinéma, et surtout grâce à l'enfant et à la jeune femme, Arnljótur émerge d'un quotidien où la mort est trop familière pour se tourner vers la vie. 
Un roman magnifique !

Extrait p. 25-26 :
Maman avait parfois des idées, comme celle de prendre la route à l'aube pour aller cueillir des myrtilles le jour de son anniversaire, en quelque endroit mystérieux qui lui était cher. Elle allait ensuite nous inviter, nous les gars, comme elle nous appelait, papa, Jósef et moi, à manger des gaufres aux myrtilles fraîchement cueillies avec de la crème fouettée. Je me rends compte à présent que ça a dû parfois être dur de n'avoir que des hommes à la maison, de n'avoir pas de fille. Je prends tout mon temps avant d'approcher maman à l'intérieur de la voiture renversée dans le creux de lave. Je me donne vraiment le temps d'inspecter la nature, de tournoyer au-dessus des lieux, comme un caméraman prenant une vue aérienne du haut d'une grue, avant d'en venir à maman elle-même, l'actrice principale autour de laquelle tout gravite. C'est le sept août et je décide que l'automne a été précoce. C'est pourquoi je vois beaucoup de rouge et d'or flamboyer dans la nature ; je me représente toutes les nuances de rouge sur le lieu de l'accident ; la bruyère rousse, le ciel sanglant, les feuilles carmin sur des rameaux proches, la mousse mordorée. Maman elle-même portait un gilet bordeaux et l'on n'a pas vu le sang coagulé avant que papa ne rince le lainage dans la baignoire, à la maison.
Le premier chapitre est à écouter ici.
A consulter : La fiche du livre chez Zulma et les avis de Cathulu et Céleste

Lu dans le cadre du défi Voisins-Voisines 2012 d'Anne, pour l'Islande.

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4 commentaires:

  1. Que de bons souvenirs ton billet me rappelle ! Tu en parles très bien !

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  2. Un très beau (et doux) souvenir de lecture.

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  3. J'aime beaucoup l'extrait que tu as choisi quand les images de la réalité cruelle se superposent avec les déjà doux souvenirs.

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  4. Un roman qui m'attend chez moi depuis des mois alors qu'il est magnifique! Il faut que je le lise bien vite!

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