dimanche 24 janvier 2021

La femme aux cheveux roux


La femme aux cheveux roux – Orhan Pamuk

Gallimard (2019)
Traduit du turc par Valérie Gay-Aksoy
Lu dans l’édition Folio (n°6840)
 

Cem Çelik a seize ans, il est lycéen, vit seul avec sa mère près d’Istanbul et rêve de devenir écrivain. Son père, pharmacien et ancien militant gauchiste, a longtemps été emprisonné à cause de ses activités politiques puis a abandonné Cem et sa mère. Il a une nouvelle famille, Cem le voit peu. 

Pour financer ses cours de préparation à l’université, Cem travaille pendant ses vacances et a été embauché par Maître Mahmut, un puisatier expérimenté. Ensemble, ils creusent un puits près du bourg d’Öngören, sur un terrain où leur commanditaire a le projet d’installer une laverie-teinturerie, si la recherche d’eau s’avère fructueuse. 

Très vite, une relation père-fils s’installe entre le maître et l’adolescent, celui-ci éprouve de l’admiration pour l’ainé qui prend la peine de lui expliquer la technique de forage, les caractéristiques des sols et qui agrémente les longues soirées sous les étoiles de contes et légendes traditionnels. Leur quotidien laborieux est aussi rythmé par les visites au bourg, en fin de journée, où Cem a entrevu, dans l’ouverture d’une porte, le visage d’une femme rousse dont il a croisé le regard. Fasciné par l’aura de cette femme, il la cherche dans le bourg et comprend plus tard qu’elle fait partie d’une troupe de comédiens qui donne un spectacle de théâtre sous chapiteau. Il n’a alors de cesse que de pouvoir assister au spectacle, alors que Maître Mahmut cherche à l’en dissuader. Tandis que le creusement du puits tarde à donner le résultat espéré et que le puisatier s’entête, Cem, physiquement épuisé par le travail et submergé par des sentiments contradictoires après une rencontre avec la femme rousse, abandonne son maître et s’enfuit. Toute son existence future sera marquée à jamais par cette fuite lâche et irréfléchie.

Je ne résume volontairement ici que la première partie de ce roman qui est ma première rencontre avec Orhan Pamuk. J’ai lu ici ou là que ce livre n’était pas le meilleur de Pamuk, ni le plus représentatif. Je me demande alors comment sont les autres car personnellement, j’ai bien aimé celui-ci. 

Le thème principal de ce roman, c’est la relation au père, illustrée par le mythe d’Œdipe et par l’histoire de Rostam et Sorhâb, héros du Shânâmeh, épopée nationale iranienne écrite il y a mille ans par Ferdowsi, dans laquelle Rostam tue Sorhâb sans savoir que Sorhâb est son fils. Le thème sous-jacent, c’est celui du destin, de son poids sur l’existence, de son caractère inexorable et le roman de Pamuk en est une très bonne illustration.

J’ai aimé ce roman parce que le parallèle entre la mythologie et l’histoire contemporaine est bien conduit. J’ai été aussi très intéressée par l’évolution de la ville d’Istanbul qui est au cœur du roman et qui accompagne le parcours du héros, le faisant revenir contre son gré dans les lieux qu’il avait fuis dans son adolescence et le confrontant à son destin.
 

C’était ma dernière lecture coup de cœur de 2020, un roman parfait pour s’extraire des incertitudes du quotidien !

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