dimanche 12 juin 2016

Mariages de saison

Mariages de saison – Jean-Philippe Blondel

Buchet Chastel (2016)

Été 2013 : Corentin, comme tous les ans, seconde son parrain, Yvan, comme vidéaste de mariage, pendant les mois où les cérémonies se multiplient. À vingt-sept ans, Corentin n’est pas encore très installé dans la vie, que ce soit sur le plan professionnel ou sur le plan sentimental. Jusqu’à présent, il s’est laissé vivre, n’a pas retenu les petites amies qui l’ont quitté, parfois après quelques mois de vie commune. Les expériences qu’il va vivre cet été, au travers de cinq mariages, vont marquer un tournant dans sa vie et l’amener à enfin décider du cours de son existence.
C’est l’initiative d’une des mariées, Aline, qui va être l’élément déclencheur de cette prise de conscience. Lors de son mariage, elle demande à Corentin de filmer en privé la déclaration d’amour qu’elle adresse à son nouveau mari. La teneur du message vidéo et l’expression des sentiments de la jeune femme amènent Célestin à renouveler l’expérience auprès de ses proches et à leur demander de s’exprimer devant sa caméra. Son ami Alexandre est le premier à jouer le jeu, puis ce sont ses parents, son parrain, une ancienne petite amie mariée et prête à accoucher, qui s’y prêtent. À travers leurs déclarations, Corentin découvre des secrets, comprend comment il est perçu par ses proches, voit les failles dans l’existence de chacun et perçoit aussi leurs forces, ce qui les aide à vivre et ce qui lui manque pour avancer dans sa propre vie. Il décide alors de répondre à chacun, toujours en vidéo.


Beaucoup d’émotion dans ce nouveau roman de Jean-Philippe Blondel que j’ai lu presque d’une traite. On parle souvent de la petite musique de Modiano, mais Blondel a également la sienne, que je retrouve au fil de ses romans. Ici, il exprime d’une façon touchante les incertitudes que l’on peut ressentir à diverses étapes de la vie, et qui n’empêchent pas malgré tout de vivre, de prendre des décisions ou de se laisser porter. Et il n’est jamais trop tard pour reprendre la main, pour bifurquer et s’engager sur un autre chemin. Tout cela sans heurts, raconté dans une langue fluide et agréable, avec humour et simplicité. Un vrai bonheur de lecture.

Un extrait (pages 55-56)
22 heures. Yvan et Corentin sont assis à une table de huit. Pendant le repas, ils filment peu – quelques plans de coupe, quelques zooms sur des personnes qui rient ou qui dansent, ce sera suffisant pour les vingt minutes qui resteront à la fin. L’enchaînement des scènes est toujours le même – la coiffure, l’habillage du marié, la mairie, l’échange des alliances, la photo de groupe (animée désormais), l’extérieur de l’église, le vin d’honneur et quelques secondes sur la suite des événements. Le tout emballé dans une musique sentimentale – Coldplay par exemple, une référence incontournable ces derniers temps – et des chansons anglaises qui parlent souvent d’amours contrariées, de tromperies et de déprime. Corentin se demande parfois ce que choisissent les Anglo-Saxons pour illustrer leurs propres mariages – il pourrait aller vérifier sur Internet mais n’en a pas le courage. Le repas de ce soir est aussi bon et aussi insipide que les précédents – il n’y a d’ailleurs qu’un nombre réduit de traiteurs dans le département, de même qu’il n’y a qu’un nombre réduit de vidéastes. (…)

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