dimanche 8 mai 2016

Rien que la vie

Rien que la vie – Alice Munro

Éditions de l’Olivier (2014)
Nouvelles traduites par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso

Quatorze nouvelles composent ce recueil, les quatre dernières sont proches de l’autobiographie, ainsi que le précise l’auteur elle-même :
Je crois qu’elles sont les premières et dernières choses – et aussi les plus proches – que j’ai à dire de ma propre vie.

Mes textes préférés sont Train et Corrie. Celui qui m’a "remuée" le plus est intitulé La gravière, une histoire très émouvante à propos d'un traumatisme de l'enfance, mais que je ne détaillerai pas pour ne pas trop en dire.

Train


Le personnage principal, c’est Jackson, un ancien soldat, qui vivra plusieurs vies, basculant de l'une à l'autre en un clin d’œil, au gré des circonstances.  Alors qu'il rentre chez lui après la démobilisation, il saute du train avant d'arriver à destination. Il s’installe chez Belle, l’aidant à retaper sa ferme qui est dans un triste état et rendant des services au voisinage. Puis, alors qu’il a accompagné Belle à Toronto, où elle doit être hospitalisée, et qu’il se promène dans les rues de la ville, il se trouve mêlé à un incident et accepte de remplacer momentanément un gardien d’immeuble, puis s'installe dans la place. Plus tard, alors qu'il aperçoit par hasard une femme qu'il a connue, il abandonne son poste et de nouveau prend la fuite vers une autre vie.

Sauter du train, croyait-il, c’était procéder à une annulation. Le corps en alerte, les genoux prêts, on allait pénétrer dans un air différent. On espérait le vide. Au lieu de quoi, qu’obtenait-on ? Un attroupement immédiat de décors nouveaux, réclamant l’attention comme ils ne l’avaient jamais fait pendant qu’assis dans le train on se contentait de regarder par la fenêtre. Que fait-on là ? Où va-t-on ? L’impression d’être observé par les choses dont on ne sait rien. D’être un intrus. La vie qui l’entoure aboutissant à des conclusions à son sujet depuis un observatoire pour lui invisible. (Train, extrait page 176).

Corrie

C’est l’histoire de la relation amoureuse entre Corrie, une jeune femme célibataire financièrement assez aisée, qui boîte suite à une poliomyélite, et Howard, un jeune architecte marié. Une ancienne employée de maison de Corrie, Lillian, les fait chanter en menaçant de tout révéler à l’épouse d’Howard. Corrie accepte de payer, constituant ainsi une sorte de rente à son maitre-chanteur. Des années plus tard, le décès de Lillian apporte un nouvel éclairage à ce chantage.

J'ai souvent du mal avec les nouvelles car leur brièveté me laisse souvent frustrée. Mais c'est rarement le cas avec les œuvres d'Alice Munro et ce ne l'a pas été cette fois encore. J'aime son écriture, j'aime les histoires qu'elle raconte, toutes imprégnées de la rudesse de la vie canadienne.

L'avis de Danielle Laurin et un article de Rue89, regroupant des avis sur Alice Munro, bien avant l'attribution du prix Nobel de littérature en 2013.

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