jeudi 26 mai 2016

Journal d'un vampire en pyjama

Journal d’un vampire en pyjama – Mathias Malzieu

Albin Michel (2016)

Fin 2013, alors qu’il prépare la sortie de son film Jack et la mécanique du cœur, d’après son propre livre, Mathias Malzieu se sent extrêmement fatigué. Des saignements de nez, des maux de tête, des douleurs musculaires, des essoufflements, une pâleur digne de Dracula le conduisent à consulter. Les résultats de la prise de sang sont sans ambiguïté : pas assez de globules rouges, globules blancs en nombre insuffisant et taux de plaquettes trop faible. La moelle osseuse n’assume plus son rôle dans la production des cellules sanguines. Une ponction vient préciser le diagnostic. Mathias souffre d’aplasie médullaire, une maladie rare du sang, auto-immune, qui ne peut se guérir que par une greffe de moelle osseuse.
En attendant de trouver le sujet compatible pour la greffe, Mathias commence alors la ronde des transfusions sanguines, d’où l’idée du vampire. Puis des traitements sont tentés, tous commençant par une destruction de sa propre moelle osseuse et le laissant dans un état de vulnérabilité aux infections qui nécessite un séjour en chambre stérile.


Ce sont ces mois de maladie, d’isolement et d’espoir que Mathias Malzieu raconte dans ce journal. Une année où il doit se battre contre la maladie et les effets secondaires des traitements ; une année où il doit faire appel à toute son imagination et à sa veine poétique pour supporter un quotidien de malade, où il doit renoncer à ses activités préférées ; une année à ne pas laisser Dame Oclès et son épée prendre le dessus ; une année où il mène à bien malgré tout quelques projets afin d’entretenir l’espoir.

J’ai beaucoup apprécié ce livre de Mathias Malzieu, que je ne connaissais pas auparavant, ni en tant qu’auteur, ni en tant que chanteur et musicien. J’ai donc découvert son univers poétique et fantasque dans ce journal plein de vie malgré le thème si lourd.
Personne ne sait que je suis un vampire. Pas de transformation en chauve-souris pour l’instant. J’apparais toujours dans les miroirs. Avec une gueule de fantôme à bonnet de laine, mais je suis toujours là. La vue d’un crucifix ne me fait pas partir en courant – peut-être parce que je suis très vite essoufflé. Je ne fais pas de trucs bizarres en accéléré comme dans certains films. Pourtant je suis un vrai vampire : je dois me procurer du sang pour rester en vie. Et j’ai une dégaine de flocon de neige.
Puisque je suis prisonnier de mon propre corps, je dois plus que jamais apprendre à m’évader par la pensée. Organiser ma résistance en mobilisant les ressources de l’imagination. Je vais travailler dur au rêve de m’en sortir. Il me faudra une volonté en fer forgé. Un truc de marathonien. Foulée après foulée. Rythme et constance. Trouver l’équilibre entre la rigueur d’un moine et la fantaisie créative. Apprendre à faire le con poétiquement dans le cadre austère du couvre-feu que je dois respecter. Doser l’espoir au jour le jour. Transformer l’obscurité en ciel étoilé. Décrocher la lune tous les matins et aller la remettre en place avant la tombée de la nuit.
Un vrai boulot de néo-vampire. (page 38-39) 
Un autre avis favorable chez Un autre endroit pour lire.

Quelques compléments autour de ce livre sur le site de l'éditeur et sur le site consacré au livre.

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