lundi 23 mai 2016

Vie et mort de Sophie Stark

Vie et mort de Sophie Stark – Anna North

Autrement (2015)
Traduit de l’anglais par Jean Esch.


Aucune ambiguïté sur le sujet de ce roman : c’est bien de la vie et de la mort de Sophie Stark dont il est question, racontées par ceux qui ont connu la jeune femme, cinéaste indépendante : Allison, qu’elle a fait jouer dans ses films et avec qui elle a vécu une histoire d’amour ; Robbie, son frère, grâce auquel on en sait un peu plus sur l’enfance de Sophie ; Jacob, un musicien qu’elle a rencontré lors du tournage d’un clip et qui est devenu son mari ; Daniel, un joueur de basket qui était la coqueluche de toutes les filles de la fac à l’époque où Sophie y étudiait et sur lequel elle a réalisé un documentaire ; George, le producteur de cinéma un peu has-been qui espère relancer sa carrière grâce au nouveau film de Sophie ; Ben Martin, critique de cinéma, qui a suivi le travail de Sophie depuis qu’il a découvert son premier film de fiction, celui où jouait Allison.
Grâce à leurs témoignages et aux articles de Ben, le lecteur découvre petit à petit Sophie, du moins croit la découvrir, car Sophie, artiste tourmentée, fragile, asociale et exigeante, a une personnalité multiple et personne, parmi ses proches, ne peut se vanter de la connaitre entièrement. D’ailleurs, Sophie ne fait rien pour qu’on l’aime, ce n’est pas son souci. La seule chose qui lui importe, ce sont ses films, c’est par eux qu’elle communique, c’est par eux qu’elle se dévoile un peu.

Ce qui est intéressant dans ce livre, ce n’est pas forcément Sophie, femme souvent froide et manipulatrice, mais ce sont les autres, ceux qui parlent d’elle, car eux sont sincères, ils parlent avec leur cœur, tous conscients de ne pas l’avoir comprise et de lui devoir beaucoup dans leur découverte d’eux-mêmes. Sophie restera à jamais leur blessure.

Je ne dirais pas de ce livre qu'il a été un coup de cœur, sans doute à cause du personnage de Sophie, pour laquelle je n’ai pas ressenti d’empathie, et qui jusqu’au bout, reste une énigme. En revanche, j’ai bien aimé la construction du roman, ces voix croisées qui donnent chacune à voir Sophie sous un aspect différent. J’y ai trouvé également un témoignage captivant sur la difficulté de créer pour un artiste, et ça m’a rappelé le roman de Siri Hustvedt, Tout ce que j’aimais. Les propos de George au sujet des méandres de la production cinématographique sont aussi savoureux et méritent le détour.
Et surtout, lisez le petit mot du traducteur en fin de volume. Il explique comment il a relevé le challenge que posait la traduction de ce roman choral.




En résumé, une lecture à ne pas manquer, qui me permet de poursuivre mon challenge 1% Rentrée littéraire 2015 (lecture n° 7).







D'auvres avis sur ce roman chez Eirenamg, Eva et sur Babelio.

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