Le vent se lève – Sophie Avon
Mercure de France (2016)Début des années 80 : Lili, vingt-trois ans, embarque avec Paul, son frère, et Faustine, une amie, sur le voilier Horus. Leur projet : traverser l’Atlantique pour rallier le Brésil.
Lili laisse Vincent au port, ou plutôt à Bordeaux, c’est un jeune professeur qu’elle vient de rencontrer. Bien que très amoureuse de lui, elle ne veut pas renoncer à la traversée, un voyage qu’elle et Paul ont décidé depuis longtemps. Leur périple les mène d’abord de La Corogne à Madère, puis aux Canaries et enfin au Sénégal, dernière étape avant la grande traversée. Arrivés au Brésil, ils vont découvrir les réalités du pays, dans des lieux tantôt paradisiaques, tantôt misérables et déroutants. Et puis, après plusieurs mois, Lili doit revenir en France et faire face à une dépression qu’elle n’avait pas anticipée.
Bien qu’il s’agisse d’un roman, il y a sans doute une grande part autobiographique dans ce livre, très plaisant. Sorte de carnet de voyage, il nous fait partager les moments à bords, les avaries, les tempêtes, les escales et les rencontres dans les ports, la découverte du Brésil, les surprises et les déceptions que peut apporter un tel voyage. Ensuite, je suis restée un peu sur ma faim lorsque l’auteur raconte le retour en France et les difficultés que rencontre Lili à se réadapter à un mode de vie plus classique. Le récit reste un peu trop superficiel et personnellement, j’ai eu du mal à partager le malaise de Lili, à comprendre ce qu’elle ressentait. Sans doute, l’auteur ne voulait-elle pas trop livrer d’elle-même, si cette dépression a véritablement été la sienne, ou bien n’a pas pu développer suffisamment un épisode de fiction.
Malgré cette fin moins réussie, j’ai lu ce livre avec plaisir. Il m’a rappelé des voyages personnels, à la fin de ma vie étudiante, lorsque nous partions à l’aventure, sans itinéraire précis, prenant le temps de découvrir des lieux et des gens, au hasard des rencontres et des évènements. Cette lecture m’a remis en mémoire une certaine insouciance, que l’on perd au fil des années et de la vie qui s’écoule.
Un extrait page 63
Manger du pain frais en plein Atlantique est un luxe qui nous renforce dans l’idée que nous sommes les rois de la planète bleue. Adieu les tracas de la vie quotidienne, les cieux plombés de l’hiver, les obligations en tout genre, adieu parents, patrons, collègues. Nous sommes libérés d’une existence qui nous assomme, exemptés du poids social, délivrés des mirages de la réussite, soulagés de tous les boulets de l’humanité, et plus encore : affranchis de la rotation terrestre et du temps dont nous modifions la course en poursuivant l’autre hémisphère, échappés de la longue chaîne des hommes dont nous avons choisi de nous exclure momentanément, jusqu’à notre filiation dont nous avons rompu le câble de transmission, la suite naturelle. Nous sommes le chaînon manquant, le mouton noir transformé en oiseau, l’animal domestique converti en poisson volant. Nous planons.
De Sophie Avon, j'avais lu Les silences de Gabrielle, son premier livre publié en 1988. Il doit d'ailleurs se trouver encore sur une étagère de ma bibliothèque. C'est à Bernard Pivot et à l'émission Apostrophes que je devais cette découverte. En revanche, j'ignorais totalement que Sophie Avon avait publié depuis d'autres ouvrages et je n'avais même pas fait le lien avec la Sophie Avon qui intervient sur France-Inter dans le Masque et La Plume.
Quatrième lecture dans le cadre du challenge 1% rentrée littéraire 2016.
D'auvres avis sur Le vent se lève : Les mots de la fin, Meelly lit.
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