dimanche 13 janvier 2013

Le remplaçant


Le remplaçantAgnès Desarthe
Éditions de l'Olivier (2009)



Alors qu’Agnès Desarthe travaillait sur le portrait d’un célèbre pédagogue polonais, Janusz Korsack, ancien directeur de l’orphelinat du ghetto de Varsovie, mort en déportation avec les enfants dont il s’occupait, le souvenir de son grand-père s’est interposé. Plus exactement, celui de l’homme qui a vécu avec sa grand-mère après la mort en déportation du grand-père biologique. C’est ainsi que Bouzia, Boris, Baruch ou Triple B, comme elle l’appelle, a joué toute sa vie son rôle de père et de grand-père remplaçant, s’occupant comme Janusz Korsack d’enfants qui ne sont pas les siens.  

L’histoire de ces deux hommes, Triple B et Janusz Korsack, est l’occasion pour Agnès Desarthe d’évoquer la Shoah, de rapprocher les évènements vécus par les deux hommes, surtout pendant la seconde guerre mondiale. A propos de Korsack, elle remplit la mission qu’elle s’était confiée, c’est-à dire raconter l’homme et son travail d’éducateur, ses méthodes et son amour des enfants qui le mena jusqu’au camp. En ce qui concerne Triple B, c’est pour l’auteur le moyen de garder une trace de celui qui fut son grand-père, de lui rendre hommage, de lui dire son affection. Elle dresse un portrait très personnel de cet homme discret mais devenu bon vivant après la mort de sa femme, heureux de partager avec famille et amis bon repas et soirées de fêtes. Un homme qui racontait des contes et qui est peut-être à l’origine du don de l’auteur pour, à son tour, créer des ambiances qui savent charmer ses lecteurs, tout en évoquant des sujets graves et douloureux. D’ailleurs, dans ce livre, elle donne quelques clés sur son rapport à l’écriture et sur son cheminement personnel vers la construction de ses histoires. Un petit bijou qui se lit très vite ! 

Un extrait (page 65-66) :
Les deux figures ont toujours été mêlées. Dans la salle du musée, c’était déjà à l’autre que je songeais. Triple B est apparu, et je n’ai pu faire autrement que raconter son histoire à lui, lui sur qui je ne possède aucune documentation, lui que personne ne connaît et dont tout le monde se fiche. Je voulais écrire sur un homme exemplaire, et voilà que je m’attache à un exemplaire d’homme.
D'autres avis chez NoannEdelwe et chez Babelio.
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2 commentaires:

  1. Entièrement d'accord avec toi un bijou qui se lit vite ;-)
    Lu moi aussi et j'ai beaucoup apprécié ce court roman

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  2. J'avais bien aimé Dans la nuit brune et je compte bien relire Agnès Desarthe... J'aime son univers original.

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