Plage – Marie Sizun
Arléa (2010)
Dimanche 26
juillet sur une plage de
Finistère : Premier jour de vacances pour Anne, une jeune femme
trentenaire, qui vient de s’installer, seule, à l’hôtel de la Plage. Elle doit
patienter sept jours avant l’arrivée de François,
l’homme qu’elle aime, il viendra la rejoindre après quelques jours de vacances avec
sa femme et ses enfants.
En attendant, elle passe ses journées à la plage et
observe ses voisins. A l’hôtel, elle résiste à la sollicitude de Mme Quéméneur,
la directrice de l’établissement, qu’elle perçoit comme intrusive. Elle préfère
profiter de sa solitude pour s’adresser à son amant absent, raconter son
enfance et ses relations avec ses parents, revivre leur rencontre, décortiquer leur relation, l’imaginer loin
d’elle et se projeter dans les quelques jours qu’ils passeront ensemble.
Elle puise son
espoir dans les appels téléphoniques qu’elle reçoit les premiers jours puis,
dès le mardi, plus de nouvelles, elle ne peut que subir l’absence et ressasser
sa frustration. Après quelques jours de repli sur soi, elle lie connaissance
avec une jeune mère et ses enfants, qu’elle avait observées, et découvre que le monde est petit : en
effet, la jeune femme connait François et Anne va petit à petit comprendre
beaucoup de choses.
C’est le premier
livre de Marie Sizun que je lis et j’ai beaucoup apprécié sa plume. J’ai craint
par moment que l’histoire ne soit qu’un nouveau Backstreet, tant Anne est
indulgente envers le silence de son ami et se contente de sa situation. Mais la
solitude lui donne le temps de réfléchir et de prendre conscience de sa
situation. Après quelques heures de désarroi, elle se ressaisit et sa rencontre
avec la jeune femme de la plage va déterminer un autre futur, apportant une
note d’optimisme à cette histoire qui aurait pu devenir déprimante.
J’ai aussi beaucoup aimé les descriptions des
usagers de la plage, qu’Anne regarde et écoute en catimini, cherchant à
découvrir qui ils sont, prenant prétexte des conflits qu’elle imagine dans les
couples mal assortis pour savourer sa vie à elle et ses relations avec
François. Avec Anne Sizun, j’ai vraiment retrouvé l’ambiance des plages de mon
enfance, quel que soit le temps, quand
on profite des rayons du soleil ou qu’on se calfeutre sous des cabanes de
parasols lorsque le temps se gâte. C’était aussi dans le Finistère, est-ce un
hasard ?
Un extrait (page 63) :
Je n’ai pas d’amie. Tu t’en es déjà étonné. Tu ne comprends pas. Pourtant, c’est ainsi : je n’ai jamais eu d’amie, ni quand j’étais enfant, ni à présent. A l’école, au lycée, on m’aimait bien, sans plus. J’étais ailleurs. Sur les photos de classe, on ne me voit pas. Une petite fille effacée, floue. Et plus tard, à l’université, je crois que c’est moi qui ne voyais personne : je passais, en étrangère. Je me trouvais bien comme ça. J’avais besoin de cette distance, de cette liberté. J’ai bien eu deux ou trois histoires amoureuses, pour voir, par acquit de conscience : des aventures dirait ma mère dans son langage fleuri ; aventures si peu aventureuses qu’elles sentaient l’ennui dès le début. Je t’ai raconté. Tout ça n’avait aucune importance.
Tu me donnes vraiment envie de lire ce livre, autant pour le thème que pour le Finistère :-)
RépondreSupprimerTon commentaire et le résumé me font envie mais l'extrait et ses phrases si courtes me font hésiter. L'histoire me ferait un peu penser à "Hotel du lac" d'A. Brookner.
RépondreSupprimerMarie Sizun met des histoires toutes simples en scène avec talent. J'ai, moi aussi, aimé ces vies qui passent à proximité de la serviette de plage.
RépondreSupprimer