Le canapé rouge – Michèle Lesbre
Sabine Wespieser éditeur (2007)
Anne, la narratrice, a entrepris un long voyage, sur les
traces de Gyl, un homme avec lequel elle a vécu auparavant. Gyl est parti
soudainement s’établir au bord du lac Baïkal, puis un jour n’a plus donné de
nouvelles. Vaguement inquiète, Anne a pris place à bord du transsibérien, en
direction d’Irkoutsk. Dans son récit de voyage qui mêle la description des
paysages traversés et celle des compagnons de train, s’intercalent ses
souvenirs, avec ou sans Gyl, et ses réflexions présentes autour d’une vieille
dame, Clémence Barrot, sa voisine du deuxième étage, assise sur son canapé
rouge et à qui elle fait régulièrement la lecture.
Je ne connaissais pas Michèle Lesbre, je la découvre avec ce
roman que j’ai beaucoup aimé. On pourrait croire qu’il ne passe pas grand-chose
dans ce texte intime et minimaliste mais j’ai pourtant vu défiler les paysages
sibériens depuis les fenêtres de ce train mythique, tandis que les souvenirs de
la narratrice font s’entrecroiser les vies des différents acteurs de cette
histoire : ceux de maintenant et les femmes dont elle raconte l’existence
hors norme à Clémence.
Un très beau voyage, comme seul le permet le train, dans
l’espace et le temps, reliant hier et aujourd’hui, très évocateur des combats
révolutionnaires et féministes qui percent à travers les lignes.
Extrait page 21-22 :
Le site de l'éditeur qui permet de lire un extrait.J’étais portée par le désir, un désir que mon inquiétude à propos de Gyl attisait de jour en jour. Et puis il avait fait ce voyage avant moi, son regard avait erré dans ces paysages, sur ces quais, il avait dû s’abandonner à la rêverie devant ce défilé de bouleaux, de pins, d’usines éventrées, de marécages, de ciels embrasés le soir quand brusquement la lumière s’irisait, juste avant la nuit.Je ne courais pas après un vieil amour, mais c’était comme s’il représentait tous les autres, comme s’il les contenait tous en une seule histoire qui me ressemblait, plurielle et une à la fois. La vieille dame semblait me suivre dans ce train, je pensais à elle souvent. Nous allions, chacune à sa façon, vers ces instants de nos vies où tout avait commencé.
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