Gaïa éditions (1999)
Alors qu'il s'apprête à regagner Bordeaux pour les vacances, un jeune étudiant parisien accepte une mission confiée par Favard, une vague connaissance. D'après celui-ci, en ce 16 juillet 1942, la police française a décidé d'arrêter massivement les juifs dans quelques quartiers de la rive gauche. Il doit tenter d'en sauver quelques-uns, tout faire pour les emmener passer la journée sur l'autre rive de la Seine, les éloigner pour leur éviter l'arrestation.
Dès son arrivée dans le quartier qui lui a été assigné, l'étudiant est témoin des arrestations mais il ne sait comment aborder les personnes qu'il veut sauver, tellement peu sûr de lui qu'il se sent incapable de les convaincre du danger qui les menace et de l'aide qu'il peut apporter.
Puis, il rencontre une jeune fille, d'un âge voisin du sien et cette proximité lui donne plus d'assurance et d'autorité. Grâce à elle, il a l'occasion d'entrer chez des gens, qui prévenus par la police, ont préparé leurs valise et attendent qu'on vienne les chercher. Après qu'elle a accepté d'enlever son étoile jaune, il tente de la persuader de passer la Seine, d'aller au delà des guichets du Louvre.
Ensuite, ce fut un jeu de chat et de la souris qui dura presque trois heures, dans un dédale de rues que je ne connaissais pas et où il arriva que nous nous perdîmes ; dans les cours, les arrière-cours, les portes cochères et surtout les escaliers d'immeubles, avec toutefois cette particularité angoissante que nous étions seuls au monde et les policiers peut-être mille - mais en revanche cet avantage que les chats ne savaient pas que nous étions des souris. (page 79)Ce récit de Roger Boussinot est un témoignage précieux sur cette journée de la rafle du Vel d'hiv, vue avec les yeux naïfs d'un jeune homme, qui n'a pas immédiatement compris l'importance de l'évènement. Par la suite, son témoignage eut à subir plusieurs censures. D'abord la difficulté pour lui de retracer ce qu'il avait vécu, puis la première publication dans les années 60, alors qu'il était surtout question dans ces années-là d'oublier certains épisodes de l'occupation et enfin la chute dans l'oubli, alors que l'éditeur refusait de rééditer ce livre, malgré l'intérêt que commençait à susciter cette période.
Merci à Babelio et aux éditions Gaïa pour l'envoi de ce livre lu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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