La confusion des
peines – Laurence Tardieu
Stock (2011)
Tu ne veux pas que j’écrive ce livre. Tu me l’as dit. Tu me l’as demandé. Tu y avais pensé toute la nuit, toute la nuit, tu ne voulais pas. Ou, plus précisément, tu ne voulais pas que je l’écrive maintenant. Ce livre, Laurence, tu l’écriras quand je serai mort. Voilà ce que tu m’as dit. (Page 11)
Son père le lui a
demandé par téléphone et Laurence a dit oui, comme une fille bien élevée,
soumise à l’autorité d’un père distant et silencieux. Et puis, sa conscience
s’est débattue contre ce poids qui l’écrase depuis trop longtemps. A
trente-sept ans, pour la première fois, Laurence a décidé de suivre son
instinct, de prendre la parole face à son père, pour mieux reprendre son
souffle.
En quelques mois,
la cellule familiale a éclaté : le père, directeur d’une grande
entreprise, a été condamné en appel à vingt-quatre mois de prison dont six mois
ferme pour une affaire de corruption sur l’île de La Réunion. La mère a appris
qu’elle était atteinte d’une tumeur au cerveau et elle est morte quelques mois
plus tard. C’est de ce bouleversement total de sa vie dont Laurence a besoin de
parler, ce sont les mois et les années de silence qui ont suivi qu’elle veut
revisiter, pour comprendre qui est son père, pour lui dire ce qu’elle n’a
jamais pu exprimer et pour s’affirmer enfin comme un individu libre de sa
parole et de sa plume.
Même si ce livre
est publié en tant que roman, il y a peu d’ambiguïté sur la part personnelle
qu’y a mis l’auteur. C’est un témoignage très fort, émouvant et nécessaire. Mais si l’on met de côté
l’histoire particulière qui est racontée ici, c’est encore une fois le chemin
difficile d’une jeune femme vers l’âge adulte, le vrai, celui où on s’autorise
à vivre la vie que l’on se choisit, sans s’encombrer des fardeaux du passé et
des limites imposées par les parents et un milieu social trop policé.
Les relations
mères-filles ont fait l’objet de nombreux romans et essais. Pour ma part,
depuis quelques mois, je m’aperçois que mes lectures m’ont souvent amenée vers
des romans qui mettent en scène des filles et des pères. J’ai parcouru des histoires différentes,
j’ai découvert des pères avec des personnalités variées et des filles qui peinent
à se libérer de l’emprise paternelle mais qui y arrivent, chacune à sa façon,
toujours douloureuse, mais finalement en sortent grandies et apaisées.
Mes lectures à retrouver ici.
Cette lecture ne m'a pas trop passionnée, me sentant voyeuse dans la relation père-fille.
RépondreSupprimerCeci n'enlève rien au talent de l'auteure mais elle n'avait pas à nous prendre comme confidents sur cette histoire.