Tamara Drewe –
Posy Simmonds
Denoël Graphic
(2008)
Traduit de
l’anglais par Lili Sztajn
C’est un village
tranquille de la campagne anglaise. Beth et Nicholas Hardiman y accueillent
dans leur propriété de Stonefield des écrivains dans un environnement propice à
la création littéraire. Nicholas est lui-même un écrivain réputé et Beth, son
épouse, veille à maintenir un climat favorisant son inspiration. Au moment où
commence l’histoire, Nicholas n’a plus rien écrit depuis plusieurs semaines et
Beth s’inquiète de cette panne d’écriture. Elle ne tarde pas à comprendre que
son mari a une liaison et le met face à un ultimatum. Mais Nicholas est faible et
ne veut surtout pas remettre en cause son confort conjugal. De plus, il sait
pouvoir compter sur l’indulgence de sa femme et son attachement à ce qu’ils ont
construit ensemble à Stonefield. Mais leur dispute a été entendue par les
écrivains présents à la maison, dont Glen Larson, un universitaire américain.
Attaché à la sérénité habituelle des lieux, il est ébranlé par la désillusion
que provoque la découverte des failles dans le couple Hardiman.
Un autre
évènement provoque quelques bouleversements dans la vie paisible des habitants
de Stonefield : Tamara Drewe
reprend possession de Winnards House, la maison de sa mère décédée deux mois
auparavant. Tamara est devenue une vraie londonienne, journaliste à The
Monitor, où elle a une chronique régulière qui a beaucoup de succès. Tamara est
jeune et belle, elle s’est fait refaire le nez et tous les hommes sont à ses
pieds. Les habitants mâles de Stonefield ne sont pas insensibles à son charme,
tandis que les adolescents du village sont également attirés par tout ce
qu’elle représente à leurs yeux, d’autant plus que sa présence dans le village
amène quelques célébrités dans son sillage. Au fil des saisons, la monotonie
habituelle de Stonefield fait place à des rebondissements dignes des magazines
people. Au gré des relations qui se nouent et se dénouent entre les
personnages, les motivations profondes font surface et les certitudes
s’affaiblissent. Chacun devra se remettre en question et renoncer à faire
semblant.
Ce roman
graphique de Posy Simmonds est très agréable à lire et à regarder. Le dessin
est léger et délicat. Posy Simmonds s’attarde sur les expressions de ses personnages
et son trait précis permet de partager les émotions, même si les profils sont
assez caricaturaux. Tamara Drewe est restée assez mystérieuse pour moi. Alors que l'auteur donne la parole régulièrement aux autres personnages, fournissant au lecteur l'occasion de découvrir leur vraie nature, on ne sait que peu de choses de Tamara. Que cherche-t-elle vraiment, comment perçoit-elle la convoitise des hommes envers elle ? Quelle est la part de naïveté et de calcul chez elle ? Je n'ai pas réussi à me faire une opinion tranchée sur elle.
D’après les
commentaires de l’éditeur, ce roman serait, inspiré de Loin de la foule
déchainée de Thomas Hardy, que je n’ai pas lu. Personnellement, il m’a rappelé les
univers décrits par David Lodge, en particulier dans sa pièce L’atelier
d’écriture, qui confronte également des écrivains réunis pour un week-end à la
campagne. Ici, cette confrontation entre individus d’origines très différentes
commence comme une comédie et vire au drame et puis la vie reprend son cours tranquille.
Des avis qui m'ont donné envie de découvrir ce roman : ceux d'Antigone et d'In Cold Blog.
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(suite à un bug, je retape mon comm... j'espère que ça ne fera pas doublon)
RépondreSupprimerJe te rejoins sur le côté insaisissable de Tamara dont la vraie personnalité et les réelles motivations restent floues alors qu'elle est le point commun entre tous les personnages et que, comble de l'ironie, elle donne son nom au livre.
Effectivement, j'ai aussi pensé à Tamara Drewe quand j'ai lu L'atelier d'écriture de David Lodge !
RépondreSupprimerRavie de t'avoir donné envie de lire cette Bd ! J'en conserve un excellent souvenir. Tamara est effectivement assez floue, elle joue son rôle de catalyseur des émotions, sans doute.
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