mardi 15 novembre 2011

Tamara Drewe


Tamara DrewePosy Simmonds
Denoël Graphic (2008)
Traduit de l’anglais par Lili Sztajn

C’est un village tranquille de la campagne anglaise. Beth et Nicholas Hardiman y accueillent dans leur propriété de Stonefield des écrivains dans un environnement propice à la création littéraire. Nicholas est lui-même un écrivain réputé et Beth, son épouse, veille à maintenir un climat favorisant son inspiration. Au moment où commence l’histoire, Nicholas n’a plus rien écrit depuis plusieurs semaines et Beth s’inquiète de cette panne d’écriture. Elle ne tarde pas à comprendre que son mari a une liaison et le met face à un ultimatum. Mais Nicholas est faible et ne veut surtout pas remettre en cause son confort conjugal. De plus, il sait pouvoir compter sur l’indulgence de sa femme et son attachement à ce qu’ils ont construit ensemble à Stonefield. Mais leur dispute a été entendue par les écrivains présents à la maison, dont Glen Larson, un universitaire américain. Attaché à la sérénité habituelle des lieux, il est ébranlé par la désillusion que provoque la découverte des failles dans le couple Hardiman.  

Un autre évènement provoque quelques bouleversements dans la vie paisible des habitants de Stonefield :  Tamara Drewe reprend possession de Winnards House, la maison de sa mère décédée deux mois auparavant. Tamara est devenue une vraie londonienne, journaliste à The Monitor, où elle a une chronique régulière qui a beaucoup de succès. Tamara est jeune et belle, elle s’est fait refaire le nez et tous les hommes sont à ses pieds. Les habitants mâles de Stonefield ne sont pas insensibles à son charme, tandis que les adolescents du village sont également attirés par tout ce qu’elle représente à leurs yeux, d’autant plus que sa présence dans le village amène quelques célébrités dans son sillage. Au fil des saisons, la monotonie habituelle de Stonefield fait place à des rebondissements dignes des magazines people. Au gré des relations qui se nouent et se dénouent entre les personnages, les motivations profondes font surface et les certitudes s’affaiblissent. Chacun devra se remettre en question et renoncer à faire semblant.

Ce roman graphique de Posy Simmonds est très agréable à lire et à regarder. Le dessin est léger et délicat. Posy Simmonds s’attarde sur les expressions de ses personnages et son trait précis permet de partager les émotions, même si les profils sont assez caricaturaux. Tamara Drewe est restée assez mystérieuse pour moi. Alors que l'auteur donne la parole régulièrement aux autres personnages, fournissant au lecteur l'occasion de découvrir leur vraie nature, on ne sait que peu de choses de Tamara. Que cherche-t-elle vraiment, comment perçoit-elle la convoitise des hommes envers elle ? Quelle est la part de naïveté et de calcul chez elle ? Je n'ai pas réussi à me faire une opinion tranchée sur elle.

D’après les commentaires de l’éditeur, ce roman serait, inspiré de Loin de la foule déchainée de Thomas Hardy, que je n’ai pas lu. Personnellement, il m’a rappelé les univers décrits par David Lodge, en particulier dans sa pièce L’atelier d’écriture, qui confronte également des écrivains réunis pour un week-end à la campagne. Ici, cette confrontation entre individus d’origines très différentes commence comme une comédie et vire au drame et puis la vie reprend son cours tranquille.

Des avis qui m'ont donné envie de découvrir ce roman : ceux d'Antigone et d'In Cold Blog.

Lu dans le cadre du défi Voisins Voisines proposé par Kathel, pour la Grande-Bretagne.
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3 commentaires:

  1. (suite à un bug, je retape mon comm... j'espère que ça ne fera pas doublon)
    Je te rejoins sur le côté insaisissable de Tamara dont la vraie personnalité et les réelles motivations restent floues alors qu'elle est le point commun entre tous les personnages et que, comble de l'ironie, elle donne son nom au livre.

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  2. Effectivement, j'ai aussi pensé à Tamara Drewe quand j'ai lu L'atelier d'écriture de David Lodge !

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  3. Ravie de t'avoir donné envie de lire cette Bd ! J'en conserve un excellent souvenir. Tamara est effectivement assez floue, elle joue son rôle de catalyseur des émotions, sans doute.

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