La croisière Charnwood – Robert Goddard
Éditions Sonatine (2018)
Traduit de l’anglais par Marc Barbé
Dame Fortune avait été notre alliée trop souvent. Nous étions devenus complaisants, trop sûrs de sa loyauté. Aussi le moment qu’elle choisit pour nous trahir fut-il également celui que nous attendions le moins.
Québec, 1931. Guy Horton et Max Wingate embarquent sur un transatlantique afin de regagner l’Angleterre, fuyant les États-Unis et un scandale de fraude fiscale auquel ils ont été mêlés. Guy et Max se connaissent depuis le collège, ils ont fait la guerre ensemble en Macédoine en 1915. Si Guy en est revenu indemne, Max a été gravement blessé à la tête et en conserve une certaine fragilité. La croisière va leur donner l’occasion de réitérer leur exercice favori : L’un des deux va séduire une riche héritière puis acceptera la confortable somme d’argent que lui offrira la famille de la jeune fille pour cesser toute relation avec elle. Les deux compères se partageront évidemment le pactole en attendant la prochaine combine.
La cible de leur nouvel intérêt s’appelle Diana et elle est la fille unique de Fabian Charnwood, président de Charnwood Investments, acteur majeur du monde de la finance. Max réussit sans mal à s’attirer les bonnes grâces de la jeune fille qui voyage en compagnie de sa tante. Mais la mécanique bien huilée se grippe lorsque Max tombe vraiment amoureux de Diana et envisage de l’épouser, ce que refuse totalement Fabian Charnwood qui a déjoué le manège des deux amis. Max ne s’avoue pas vaincu et projette de fuir avec sa dulcinée. Hélas, le rendez-vous prévu avec Diana en pleine nuit aux abords de la propriété où elle demeure tourne à l’horreur et Max s’enfuit, devenant le seul suspect d’un meurtre qui ruine définitivement les espoirs de Guy de tirer un bénéfice quelconque de l’opération.
Comme souvent chez Robert Goddard, le héros est un homme faible et balloté par des évènements qu’il ne maîtrise pas. Cette fois, il est de surcroit guidé par son appât du gain et, même si dans un premier temps il ne peut croire à la culpabilité de son ami, il ne dépense pas beaucoup d’énergie pour le défendre. Balancé entre la nécessité d’assurer son existence et la culpabilité envers son ami, Guy se retrouve entrainé dans une folle aventure, pleine de rebondissements plus ou moins crédibles mais auxquels j’ai trouvé tout de même un certain intérêt.
En effet, grâce aux investigations que Guy effectue afin de comprendre qui était véritablement Fabian Charnwood, on revisite les évènements qui ont précédé la déclaration de la première guerre mondiale et cet aspect historique est bien mené, d’autant que Goddard sait y mêler un complot impliquant ses personnages.
Ce que j’ai regretté par rapport à d’autres romans de Goddard, c’est que les personnages sont plutôt antipathiques et caricaturaux. Celui de Diana manque de nuances, je n’ai pas compris sa réelle motivation. Max disparait assez vite dans l’intrigue, de façon peu vraisemblable. Même Guy, malgré tous les aléas auxquels il est confronté, ne réussit pas à susciter la compassion car il n’a pas l’honnêteté que pouvaient manifester d’autres héros de Goddard, par exemple Geoffrey Staddon dans Sans même un adieu ou Harry Barnett dans Heather Mallender a disparu. Et parmi les méchants, aucun n’a ce petit plus qui pourrait susciter un brin de sympathie.
J’ai malgré tout passé un bon moment avec ce gros roman dont j’ai tourné les pages avec hâte, curieuse de découvrir les péripéties imaginées par l’auteur. On ne s’ennuie jamais avec Robert Goddard !
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