Vous plaisantez, monsieur Tanner – Jean-Paul Dubois
Éditions de l’Olivier (2006)On a tous entendu les récits cauchemardesques d’amis ou de connaissances qui se sont lancés dans des projets de construction ou de rénovation de maison. Ils ont tous des anecdotes au sujet d’artisans au planning fantaisiste, qui viennent travailler un jour puis ne montrent plus leur nez pendant des jours, laissant les travaux en plan et les outils en désordre. Ou alors des histoires de plombier qui se terminent par une inondation lors de la remise en eau. Ou bien encore ces terrasses dont la pente est telle que l’eau de pluie s’accumule du côté de la maison au lieu d’être évacuée.
Et bien, j’ai retrouvé tout cela et bien plus dans ce livre de Jean-Paul Dubois. Le héros, documentariste, hérite un jour d’une maison où tout est à refaire. Contre tout bon sens, il met en vente celle où il vit et qui lui convenait parfaitement pour se lancer dans la rénovation de sa nouvelle demeure. Commencent alors des ennuis sans fin, des catastrophes en chaîne qui vont le conduire dans un gouffre financier et une vie de chaos, tandis que défile chez lui une troupe d’artisans et de bricoleurs du dimanche plus caricaturaux les uns que les autres.
J’ai craint le pire au début de cette lecture car ça commence très fort avec le duo de couvreurs qui n’a même pas d’échelle (à quoi bon, tout le monde a une échelle !) et dont le comportement frise le grotesque. Heureusement, les travers des autres artisans qui interviennent ensuite sur le chantier sont plus nuancés, plus humains et plus crédibles. On rit beaucoup, on a parfois froid dans le dos et personnellement, à la fin de cette lecture, la dernière chose que j’aurais envie de faire serait de faire faire des travaux chez moi !
Une lecture distrayante d’un auteur que je n’avais jamais lu mais que j’ai voulu découvrir puisqu’il a obtenu le prix Goncourt cette année !
Extrait page 90-91
Igor Zeitsev était un jeune russe qui effectivement ne maîtrisait pas les nuances et la complexité de la langue française. Mais la défiance que lui témoignait Chavolo n’avait qu’un lointain rapport avec ses difficultés d’expression. Il faut savoir que, dans le bâtiment, les corps de métiers se vouent un mépris aussi inexplicable qu’inextinguible. Le plâtrier tient le maçon pour un pouilleux et le plaquiste pour un escroc. Le chauffagiste regarde de haut le fumiste qui, lui-même, toise le jointeur. Quant à l’électricien, électron agaçant, il ne voit même pas le peintre, que, souvent, le carreleur rabroue. Le charpentier n’est qu’un primate aux yeux du menuisier que le couvreur tient pour quantité négligeable, tandis que le zingueur, albatros des toitures, raille le plombier, vague ratier de la tuyauterie.
Je garde un excellent souvenir de ce livre ;)
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