Faillir être flingué – Céline Minard
(Rivages 2013)C’est une histoire atypique que raconte Céline Minard dans ce livre, atypique parce que ce genre d’histoire, c’est au cinéma qu’on la regarde d’habitude. Ce roman est un western, avec des pionniers, des cow-boys et des indiens, un saloon, ses filles et sa patronne au caractère affirmé, des gentils et des méchants qui seront punis à la fin, comme il se doit. Les premiers chapitres progressent indépendamment les uns des autres, nous faisant suivre plusieurs personnages dans des aventures diverses, sans lien entre elles, si ce n’est une paire de bottes et un cheval qui changent de propriétaire. Des personnages qui se retrouvent tous en un même lieu, et qui vont contribuer à bâtir une communauté, au fur et à mesure de l’évolution des projets et des rêves de chacun.
J’ai bien aimé le style de Céline Minard, très précis, riche en détails, aussi bien pour décrire les paysages, les comportements que les actions banales ou inhabituelles de ses personnages. J’ai souvent eu l’impression de regarder un film, où la caméra zoomerait sur les mains d’un des acteurs pour que l’on ne perde pas une miette de l’action. En revanche, on sait assez peu de choses de la psychologie des personnages et aussi peu de leur histoire. Ce qui fait qu’il ne me restera sans doute que peu de souvenirs de ce roman dans quelques semaines, juste le plaisir de la lecture que l’on savoure sur le moment, l'attrait des grandes espaces et le souffle de l'aventure. Et c'est peut-être déjà beaucoup !
Un extrait page 151 :
Bird se détendit et mit pied à terre pendant que Brad s’éloignait et que Jeffrey montait à l’arrière. Un premier coup d’œil lui permit de prendre la mesure des dégâts. Plus de gamelles, de louches, de drap, et toutes ces broutilles qui remplissaient tout un compartiment. Plus de compartiment non plus. Les deux planches avaient basculé et remué les affaires n’importe comment. Le tonnelet de rhum était là. Celui de poudre aussi, il n’y avait qu’à espérer que la cire et la toile goudronnée aient tenu. Une des peaux de bison était roulée en boule contre la caisse à munitions. Jeffrey respira. Tout n’était pas perdu. Il enjamba le fouillis pour voir s’il trouvait la boîte à café dans le compartiment sous le siège. Il tomba tout de suite sur la cafetière mais il dut retourner casseroles, gobelets et assiettes en fer-blanc pour mettre la main sur le pot à demi rempli d’eau. Il le tira en souriant de sous une chemise qui pissait un mélange boueux. Puis il sortit du chariot en le brandissant au-dessus de sa tête :Écoutez Céline Minard à propos de ce livre dans l'émission Les bonnes feuilles sur France-Culture (20.08.2013)
- Il est à moitié passé, il était temps qu’on sorte les tasses !
Ce livre a reçu le prix Livre Inter en 2014.
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