jeudi 3 septembre 2015

Expo 58

Expo 58 - Jonathan Coe
Gallimard (2014)
Traduit de l'anglais par Josée Kamoun

Thomas Foley est rédacteur adjoint au Bureau central de l’information, à Londres, où il est entré comme employé au courrier quatorze ans plus tôt.  Fiable et sans prétentions, il a progressé dans la hiérarchie et il est estimé par ses collègues. Bien fait de sa personne, il est surnommé Gary par les secrétaires qui lui trouvent un air de Gary Cooper. 
Le Bureau de l’information a été chargé de l’organisation du Pavillon britannique à l’exposition universelle de Bruxelles, qui doit se dérouler en 1958, et a décidé l’installation d’un pub, le Britannia, chargé de représenter l’identité britannique. Thomas a travaillé pendant plusieurs mois à la rédaction des brochures qui seront proposées aux visiteurs du pavillon britannique. Un jour, à sa grande surprise, il est convoqué à la direction du Bureau de l’information. Il apprend alors qu’il a été chargé de superviser l’installation du Britannia et de veiller à sa bonne marche pendant toute la durée de l’exposition. Thomas doit cette nomination au fait que sa mère est belge, même si elle a quitté son pays lors de la Grande Guerre, et parce que son père a tenu un pub pendant vingt ans. 
Dans un premier temps, Thomas n’est pas ravi : il est marié et tout jeune papa d’une petite fille. Ses supérieurs lui ont suggéré que sa femme et sa fille l’accompagnent à Bruxelles s'il le veut. En y réfléchissant bien, Thomas voit dans sa mission une occasion de sortir de la routine domestique et de s’ouvrir d’autres horizons professionnels. Il n’est alors plus du tout certain de souhaiter que sa femme l’accompagne. Son premier voyage à Bruxelles ne peut que l’en convaincre, d’ailleurs, en particulier lorsqu’il fait connaissance d’Anneke, la jeune hôtesse chargée de l’accueillir. Et ce ne sont pas les avertissements de deux individus très spéciaux, Wayne et Radford, à propos des risques qui l’attendent sur place qui vont atténuer son enthousiasme.
D’ailleurs, Thomas se fait très vite à l’ambiance sur le site de l’exposition et aux conditions spartiates du logement dans des baraquements. Il a sympathisé avec son voisin de chambrée, Tony, un jeune ingénieur aux idées progressistes, chargé de présenter le clou de l’exposition du pavillon britannique, la machine ZETA. Il a retrouvé Anneke et apprécie sa compagnie pour quelques sorties, en présence de Clara, l’amie d’Anneke, et de Tony. Thomas se rend bien compte qu’Anneke semble s’attacher un peu trop à lui mais il ne peut se résoudre à lui dire qu’il est marié et père de famille. Et puis, le sera-t-il encore longtemps, vu ce qu’il découvre chez lui à l’occasion d’un week-end bien décevant à Londres ? 
Au Britannia, même s’il n’est chargé d’aucune tâche opérationnelle, il a fort à faire à veiller à ce que le patron ne soit pas son meilleur client. Heureusement qu’il y a Jamie, la jeune serveuse très efficace sur laquelle il peut compter. Bien sûr, au rang des inquiétudes, il y a Andrey Chersky, un journaliste russe très amical, qui l’a sollicité pour ses conseils de rédaction pour son journal Spoutnik et qui pose beaucoup de questions. Et puis, cette jeune actrice américaine, Emily, qui se rapproche de plus en plus d’Andrey, a-t’elle conscience du danger de sa conduite ? 

Je me suis beaucoup amusée lors de cette lecture, qui s’appuie sur des faits historiques bien réels, c’est-à-dire l’exposition universelle de 1958, première grande réunion des nations modernes après la deuxième guerre mondiale, alors que la « guerre froide » bat son plein.
C’est une histoire pleine d’humour, parodie de roman d’espionnage, mélangée aux atermoiements du héros partagé entre sa soif d’aventure pour échapper à un quotidien sans surprise et sa volonté d’être un mari fidèle et d'agir pour son pays.
Sous la pression de Wayne et Radford, Thomas se prend au jeu et s’imagine déjà sous les traits d’un espion, faisant de son mieux pour remplir la mission qui lui est confiée, même si cela doit le plonger encore plus dans les affres de l’indécision. C’est seulement quelques mois plus tard qu’il comprendra ce qui s’est réellement passé au sein de l’exposition et ce qu’on attendait de lui, mission dont il retirera à la fois quelques bénéfices inattendus et des regrets jusqu’à la fin de sa vie, faute d’avoir su saisir la chance qui se présentait pour changer le cours de son existence.

En bref, une lecture très distrayante que j’ai prolongée agréablement par une découverte de la vraie Expo 58 sur le site de l’INA. Malheureusement, la vidéo n’évoque pas le pavillon britannique !

Retrouvez une interview de Jonathan Coe dans l'Humeur Vagabonde du 11 février 2014 et de nombreux extraits du roman.

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