The thing around your neck – Chimamanda Ngozi Adichie
Fourth Estate (2009)
Publié en français chez Gallimard sous le titre Autour de ton cou.
J’ai souvent du mal avec les nouvelles, je reste sur ma faim car je trouve que l’histoire aurait nécessité un développement plus important ou alors je ne rentre pas dans l’histoire car elle se termine trop vite à mon gré.
Mais, une fois n’est pas coutume, je ne peux faire aucun de ces reproches au recueil de Chimamanda Ngozi Adichie, que j’ai lu en anglais, au hasard d'un emprunt.
Je n’ai eu aucun mal à saisir l’ambiance de ces nouvelles qui, pour onze d’entre elles, mettent en scène des femmes Nigérianes, dans leur pays natal, ou bien ailleurs en Afrique, ou encore émigrées aux États-Unis.
Dans Cell One, qui ouvre le recueil, une adolescente découvre son frère sous un jour nouveau alors qu’il est emprisonné parce qu’on le soupçonne d’appartenir à une secte. A travers ce qui lui arrive, toute la famille va être confrontée à l’horreur quotidienne de l’oppression. C’est une histoire glaçante, qui raconte en peu de mots la réalité d’un régime autoritaire et corrompu.
Dans The private experience, deux femmes se réfugient pendant une longue nuit dans une boutique dévastée, alors que des émeutes mettent la ville à feux et à sang. L’une est une étudiante chrétienne, en vacances chez sa tante, elle a perdu sa sœur dans la bousculade générale. L’autre, musulmane, est une vendeuse de légumes, et c’est sa fille qui a disparu. Tout les sépare et pourtant, durant ces heures qu’elles vont passer ensemble, effrayées et vulnérables, elles vont établir un lien de solidarité et une prise de conscience de leurs situations respectives.
Dans Ghosts, un vieil homme habitué à parler au fantôme de sa femme décédée, croit également voir le fantôme d’un ami, qu’il croyait mort depuis la guerre du Biafra. Mais l’ami est bien vivant, il a survécu aux combats et tous deux évoquent ensemble les années passées.
Dans The Arrangers of Marriage, une jeune épousée, dont le mariage a été arrangé, arrive aux États-Unis avec son mari, qu’elle croit médecin aisé et intégré. En fait, il est encore interne, a du mal à joindre les deux bouts et n’assume pas du tout son identité. Il insiste pour qu’elle ne parle qu’anglais, qu’elle adopte comme lui un prénom américain et renie leur culture et leurs traditions. La jeune femme va néanmoins trouver dans ce nouveau pays les ressources pour s’émanciper et découvrir la liberté.
J’ai été très émue par The American Embassy : Une femme vient déposer une demande d’asile politique à l’ambassade des Etats-Unis. Son mari a dû quitter le pays et son jeune fils a été tué. Mais elle ne peut se résoudre à se servir de la mort de son fils pour justifier sa demande et rebrousse chemin.
En fait, il faudrait les citer toutes, ces douze nouvelles qui en disent tant sur la société nigériane, sur les femmes et les hommes de ce pays, sur la guerre du Biafra qui est évoquée à plusieurs reprises, et qui semble avoir laissé des traces dans l’histoire du pays. Je dois avouer que j’aurais été incapable de situer cette guerre au Nigéria, bien que je me souvienne de ces photos d’enfants affamés qui étaient insoutenables.
En cherchant un peu sur la Toile, j’ai trouvé de nombreuses références à la littérature Nigériane, comme ici, par exemple, ce qui m’a donné des idées de lecture, pour changer des auteurs que je lis habituellement et sortir des sentiers battus.
Pour ceux que ça intéresse, la fiche du livre chez Gallimard donne accès au début de la première nouvelle du recueil, Cellule Un .
J’ai trouvé la même nouvelle complète, en anglais sur le site du New Yorker, ainsi que celle qui clôt le recueil, The headstrong historian.
Une très belle découverte que Chimamanda Ngozi Adichie, que je poursuis
actuellement en lisant un de ses romans, L’hibiscus pourpre.
D'autres avis à lire avec l'article de Tirthankar Chanda sur RFI ou à écouter avec la chronique d’Hortense Volle dans l’émission L’Afrique enchantée du 24 février 2013.
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