dimanche 18 novembre 2012

Pour seul cortège


Pour seul cortègeLaurent Gaudé 
Actes Sud (2012 )


A Babylone, Alexandre se meurt, terrassé par la fièvre. Il a envoyé chercher Dryptéis, la veuve d’un de ses compagnons d’armes qui vit recluse dans un temple éloigné, parmi des prêtres, avec son enfant dont personne ne connait l’existence. A regret, elle laisse son fils à la garde d’une servante et part vers Babylone. 
Un autre guerrier, Érycléops, de retour d’une mission qu’Alexandre lui avait confiée aux confins de l’Inde, se dirige aussi vers la grande cité, impatient de retrouver son maître. Mais il arrive presque trop tard. Alexandre aura juste le temps de poser les yeux sur lui avant de sombrer dans la mort. 
Commencent alors les luttes d’influence entre les anciens généraux d’Alexandre, pour la prise du pouvoir. Certains ont compris que seuls vaincront ceux qui auront le corps du défunt. Un cortège immense se met alors en route pour escorter Alexandre vers sa dernière demeure. Craignant pour sa vie, Dryptéis suit l’injonction d’Héphaistion, son défunt mari , de toujours rester sous la protection d’Alexandre. Dissimulée sous un voile rouge, elle se joint aux pleureuses qui accompagnent la dépouille pour une marche qui va durer des semaines.


Dans ce récit épique et tragique, plusieurs voix s’intercalent avec celle du narrateur, pour composer un roman parfait, si on considère le style, la langue, et même l’histoire qui nous est contée.  Mais, pour moi, l’ensemble est trop parfait dans la forme, l’exercice de style masque l’émotion pendant une grande partie du livre. Heureusement, au fur et à mesure que le personnage de Dryptéis prend de l’importance, le récit s’humanise, quand le sentiment maternel lui donne tous les courages. Alors surgit l’empathie qui manquait tant au début et le sort d’Alexandre devient secondaire. Seule compte alors cette mère aimante et déterminée à protéger son enfant et à tout faire pour le retrouver, même si elle peut seulement l'observer de loin.

J’ai donc un avis mitigé sur ce livre, que j’ai lu dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire 2012 organisés par PriceMinister, que je remercie pour cet envoi. 


Puisque la règle est d’attribuer une note à ce roman, je donne un 13/20, bien que je n'ai pas l'habitude de noter mes lectures.

Pour d'autres avis, voici les billets de Noann, Claudia, Dédale sur Biblioblog, Gambadou, Kathel, Miss Bouquinaix et plus encore sur Babelio.

La fiche du livre sur le site d'Actes Sud, pour un extrait et des compléments audiovisuels.

Dans l'extrait que je choisis ci-dessous, c'est  Érycléops qui s'exprime, alors qu'il revient vers Babylone (page 56).
Ton état empire de jour en jour, Alexandre, mais tu m'entends, n'est-ce pas ? Chasse la fièvre de tes yeux, regarde-moi un instant. Je vais te dire ce qu'il s'est passé dans la salle du palais de Pâtalipoutra. Dhana Nanda t'a répondu, Alexandre. Écoute. Lorsque j'ai transmis ton message, il s'est levé de son trône. La salle a fait silence. Il ne me quittait pas des yeux. Était-ce moi qu'il voyait ou était-il en train d'imaginer, à travers moi, ce à quoi tu ressemblais ? Je ne sais pas. Il était calme. C'est un homme aux traits purs. J'ai vu la ferveur des guerriers à ses côtés et je l'ai reconnue, c'est la même que celle qui nous portait lorsque nous t'escortions dans la bataille. Je l'ai regardé et j'ai compris comment tout allait finir, Alexandre. 

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