lundi 20 juillet 2020

Attentifs ensemble


Attentifs ensemble – Pierre Brasseur

Rivages/Noir (2020)

Ils s’appellent Marion, Franck, Manu, Elena, Tamara, Grégoire, Jean-Marc, Pierre, Hendrix, Sylvain, Alice, Hicham, Basile, Marianne, Youssef, Cyrille, Karim, Lola, Isabelle.
Ils vivent et travaillent à Paris ou en banlieue, viennent de milieux très différents et n’avaient sans doute rien en commun.
Pourtant, ils se retrouvent en fin de semaine dans une ferme isolée de l’Yonne, où Tamara et Jean-Marc, anciens soixante-huitards, vivent en autarcie et les reçoivent sans poser de questions. Certains viennent là pour le plaisir de retrouver les copains, pour jouer au foot, boire des coups autour d'un barbecue.
D’autres, à l’insu des premiers, ont des objectifs très différents, ils ont décidé d’agir contre ce qui les révolte dans la société et ont mis en œuvre une stratégie d’attaque de la banlieue en trois semaines.

Leurs actions commencent doucement par un « prélèvement » de fruits et légumes chez un épicier bio à Clichy et une redistribution au marché de Lorraine dans la même commune. Puis, ensuite, ce sont des cadres qui sont enlevés à leur sortie de l’entreprise, gardés quelques heures puis relâchés sans réelle violence. À chaque fois, les évènements sont filmés puis diffusés sur le Net, revendiqués par un mystérieux mouvement, le FRP, qui se réclame à la fois du Général de Gaulle, le résistant et pas le président qu’il est devenu par la suite, et de principes de solidarité et de fraternité.

La police met du temps à réagir aux premières actions, puis confie l’affaire à Guillaume Wouters, un capitaine spécialisé dans les nouvelles formes de militantisme, que sa concierge prend pour un bénéficiaire du RSA qu’elle ne se prive pas de critiquer auprès du voisinage. Puis, lorsqu’il devient clair que ces actions vont au-delà de la farce, la sous-direction antiterroriste prend les choses en main, tandis que l’angoisse commence à monter dans l’opinion.

C’est un roman efficace, qui privilégie l’action tout azimut et j’ai eu un peu de mal au début avec cette lecture tant elle diffère de la précédente ! Là-bas, trois pas dans une rue de Paris pouvaient donner lieu à une quinzaine de phrases de description. Ici, tout va vite, les actions s’enchaînent, se déroulent parfois en parallèle, les intervenants sur une action ont des missions simples, qui se succèdent parfaitement dans une mécanique bien préparée. On est en plein dans l’actualité, l’informaticien qui pilote la réalisation et la mise en ligne des vidéos est un as de la technique, un champion de la communication, percutant et habile qui sait à merveille exploiter les outils à sa disposition.

Dommage que les personnages soient peu fouillés, parfois à la limite de la caricature. Personnellement, j’aurais aimé en savoir un peu plus sur leur passé, leurs motivations, mais cela aurait forcément ralenti le rythme.
Passée la surprise des premières actions menées, j’ai été assez captivée par la façon dont est menée l’enquête des forces de police, l’importance d’un indice minime repéré sur une vidéo et qui va se révéler déterminant dans le démantèlement du groupe.
La façon dont ce qui aurait pu rester au niveau de farces potaches peut se transformer en action terroriste, aussi bien par l’extrémisme de certains des militants que par l’intervention policière est très emblématique des dérives que l’on a pu observer dans des mouvements récents. Ça fait peur et ça donne à réfléchir !

Un extrait page 69 :
Ils traversent des zones commerciales qui montrent la manière dont notre vieille France a été découpée à l'équerre : « Les managers sont les nazis d'aujourd'hui, affirme Marion, et nous, nous sommes les résistants. » Franck ne répond pas, et elle songe qu'ils devront frapper ces ZAC infernales, un jour, s'ils en ont le temps. Mais elle sait bien qu'ils ne l'auront pas, et pourront seulement souhaiter que des inconnus poursuivent leur travail dans des banlieues de plus en plus lointaines, Beauvais voire Dieppe et Orléans, jusqu'à Bombay et à Rio - où ils seront déjà, grâce à l'argent de la maison, transféré par Hendrix sur des comptes étrangers, pour s'y construire de nouvelles vies avec l'espoir de rester libres.


Merci à Babelio et aux éditions Rivages qui m'ont adressé ce livre dans le cadre d'une opération Masse Critique.

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1 commentaire:

  1. J'ai bien aimé le fond de l'histoire mais je me suis perdue dans l'écriture ;) Merci pour le partage.

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