Éditions Stock (2009)
Emma est vétérinaire, elle vit seule à la campagne, en contact étroit avec la nature. Son métier est tout pour elle. C’est les mains nues qu’elle va sortir les veaux de l’utérus de leur mère. Petit à petit, Emma se raconte, elle dit les trahisons qui l’ont amenée là où elle vit. Celle de Raphaël, qu’elle a aimé et qui lui a un temps préféré Micol, qui était aussi l’amie d’Emma. Celle de Micol qui s’est attaché Raphaël en lui faisant un enfant, Gio. Plus tard, lorsque Raphaël est revenu vers elle, Emma l’a renvoyé vers son foyer, vers Micol et les enfants, encore blessée par le passé, et elle a fui vers la campagne.
Les années ont passé. Un jour, Emma a la surprise de voir Gio, âgé de quatorze ans, débarquer dans sa campagne, il a fugué et vient se réfugier chez elle. Il repart chez lui au bout de quelques jours, pour revenir s’installer chez Emma, à la faveur des vacances et en accord avec ses parents. Pour Emma, habituée à la solitude, la présence de Gio réactive des sensations de jeunesse et de liberté, qu’elle n’avait plus éprouvées depuis longtemps. Ils deviennent amants. Mais lorsque Micol découvre leur relation, Emma doit faire face à la justice et à la réprobation de son entourage.
En cherchant sur Internet la photo de couverture du livre pour illustrer ce billet, je remarque le bandeau qui l’accompagnait lors de sa parution, avec la mention « Le diable au corps ». Je trouve que cette mention est vraiment trompeuse, car la relation entre Emma et Gio tient une place assez réduite dans cette histoire, même si elle constitue évidemment un pivot dans l’existence d’Emma. L’auteur reste très sobre dans sa description des relations entre la jeune femme et l’adolescent, même s’il est clair qu’elle en assume complétement le côté amoral. D’ailleurs, les moments que passe Emma en compagnie de Gio sont vraiment des instants de bonheur, comme une récompense des expériences douloureuses du passé, et qui lui serviront à supporter la suite des évènements.
J’ai beaucoup aimé dans ce livre le rapport d’Emma à la nature et aux animaux qu’elle soigne avec passion, ainsi que les souvenirs de sa mère, évoqués avec une grande tendresse. En revanche, j’ai moins apprécié la narration des relations entre Emma, Raphaël et Micol, un peu caricaturales à mon goût.
Mais l’impression globale à l’issue de cette lecture est plutôt positive et je lirai certainement les autres livres de Simonetta Greggio pour la découvrir davantage.
Extrait page 85-86 :
Je ne sais pas si cette photo je l’ai toujours quelque part ou si elle a été perdue dans mes déménagements successifs, si elle est restée au fond d’un carton ou entre les pages d’un livre, ni si elle réapparaîtra un jour, mais c’est là, maintenant, que je voudrais la revoir et revenir un instant dans la peau de cette fille, dans cet habit lisse, étroitement ajusté, qui l’enveloppait, et ressentir à nouveau ce courage aveugle, cette virginité du mal. L’intrépidité, l’effronterie et la confiance mêlées.
Il faudrait que j’explique à cette fille que quand on tient un amour on le garde, on le défend contre lui-même et contre les autres. Que les hommes sont lâches, fragiles et idiots. Qu’ils s’en vont avec la plus forte, et que leur faiblesse et leur orgueil les empêchent de revenir, même quand ils se sont trompés.
Les avis de Papillon, Lily, Mirontaine et d'autres encore sur le site Lecture/écriture.
Regardez cette interview de Simonetta Greggio par Olivier Barrot que j'ai découverte sur le site de L'Ina.
Lu dans le cadre du challenge Objectif Pal 2014 d'Antigone.
J'avais beaucoup aimé ce roman mais j'ai relu ma chronique "pour voir" et j'avais eu un sentiment de "pas assez" : http://antigonehc.canalblog.com/archives/2010/10/21/19385280.html
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