Le bleu de la nuit – Joan Didion
Publié chez Bernard Grasset (2013)
Traduit de l’anglais par Pierre Demarty
Dans L’année de la pensée magique, Joan Didion racontait les mois qui avaient suivi le décès de son mari, John Gregory Dunne, mort d’une crise cardiaque en 2003. Elle y évoquait brièvement les graves problèmes de santé de sa fille Quintana, décédée vingt mois plus tard.
Ce nouveau livre, Le bleu de la nuit, publié en 2011 est dédié à Quintana Roo, sa fille adoptive, à laquelle elle rend un hommage émouvant, en même temps qu'elle aborde de nombreux sujets tels que la maternité, l’adoption, l’éducation des enfants, la maladie et la vieillesse.
Alors que dans L'année de la pensée magique, on sentait que Joan Didion conservait toute son énergie et sa combativité et puisait une certaine force à l’évocation de sa vie passée avec son époux, dans le souvenir de leur collaboration durant toutes ces années, ici j’ai senti que la mort de sa fille avait cassé définitivement quelque chose et la laissait avec des interrogations qu’elle ne pouvait résoudre. Avait-elle été une bonne mère pour Quintana, avait-elle fait tout ce qu’il fallait pour elle ? Et puis elle se retrouve seule face à la question existentielle qui semble l’avoir poursuivie depuis ce jour de 1966 : que serait devenue cette petite fille si Joan Didion n’avait pas été disponible à ce moment-là pour venir la voir à la maternité de St-John's Hospital à Malibu où elle venait de naître et d’être abandonnée ?
J’ai été agacée quelquefois dans ce livre par l’excès d’éloges manifesté par l’auteur envers sa fille, mais qui ne ferait de même, suite à la perte de son enfant, qui représente pour moi la pire chose que l’on puisse avoir à vivre. En revanche, j’ai été touchée par la façon dont elle parle de ses propres problèmes de santé, de sa difficile acceptation face à la vieillesse qui arrive, face à l’inéluctable dégradation de l’organisme qui nous attend tous un jour ou l’autre. Sur ce sujet, Joan Didion nous en apprend beaucoup et personnellement, j’y trouve matière à réflexion.
J’ai aussi apprécié la présence des fleurs tout au long du livre. Sans doute tiennent-elles une place importante dans la vie de l’auteur. Que ce soient les plants de lavande ou de menthe, les magnolias roses qui décoraient les abords de la maison de Brentwood Park en Californie, où la famille a vécu pendant l’enfance de Quintana, ou bien les stephanotis tressés dans ses cheveux à l’occasion de son mariage, dernière occasion de bonheur familial, Joan Didion les décrit d’une façon si évocatrice qu’on les visualise très précisément.
Cette lecture me permet de débuter le challenge Romancières américaines organisé par Miss G, auquel je participe dans la catégorie A la conquête de l'Ouest.
Bonsoir, merci pour cette lecture dans le cadre du Challenge Romancières américaines. Il me reste à découvrir cette auteur dont j'ai entendu parler.
RépondreSupprimerj'avais lu son précédent livre sur la mort de son mari, je suis assez hermétique à cette mode américaine de rendre des hommages vibrants aux disparus par contre son analyse du deuil était intéressante
RépondreSupprimerCe qui me touche chez Joan Didion, c'est son énergie et la force qu'elle trouve dans le souvenir des expériences passées avec ceux qui ne sont plus.
SupprimerJe comprends qu'on puisse ne pas adhérer à ce type d'hommage. Comme je l'ai écrit, j'ai été moi-même agacée quelquefois par certains aspects de ce livre.