La marche de Mina - Yoko Ogawa
Actes Sud (2008)
Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle
En 1972, Tomoko vit seule avec sa mère à Okayama. Son père est mort
quelques années auparavant et sa mère est couturière. Pour se perfectionner,
celle-ci décide de suivre une formation à Tokyo et confie pendant ce temps
Tomoko à sa soeur qui vit à Ashiya, dans une région montagneuse. Tomoko
fait alors connaissance avec sa tante, le mari de celle-ci qui dirige une usine
de fabrication de limonade, leur fille Mina qui a un an de moins qu'elle et la
grand-mère Rosa, qui est allemande. Dans leur grande maison vivent aussi Madame
Yoneda, la gouvernante, et monsieur Kobayashi le jardinier qui s'occupe
également de Pochiko, un hippopotame nain, sur le dos duquel Mina, de santé
fragile, se rend à l'école tous les jours. Trente après, Tomoko revient sur les
lieux et se remémore les quelques mois passés dans cette famille et les
évènements qui ont marqué son passage de l'enfance vers l'adolescence.
Au début, ce roman ressemble à un conte : Tomoko découvre une famille qu'elle ne
connaissait pas, dans une région éloignée de chez elle, et se trouve intégrée
dès son arrivée dans un univers paisible, un cocon d'affection et de
bienveillance. Entre elle et Mina s'établit une relation confiante et complice.
Et la présence de l'hippopotame nain, dernier pensionnaire de l'ancien parc
zoologique qu'accueillait la propriété, accentue encore l'aspect féerique du
cadre de vie. Au contact de la Grand-mère Rosa, Tomoko apprend l'existence
d'une autre culture, d'autres coutumes. Elle s'intéresse aux passions de sa
cousine : le volley-ball, la lecture, la collection des boîtes d'allumettes.
Mais le conte de fées n'est qu'une apparence car tout n'est pas parfait dans
cet oasis chaleureux : Mina est asthmatique et se retrouve souvent à l'hôpital
en urgence. La tante fume et boit, un peu trop sans doute. L'oncle est souvent absent pendant
de longues semaines et personne dans la maison ne s'en étonne, tout en
attendant son retour avec impatience. A travers les souvenirs de Grand-Mère
Rosa, Tomoko découvre les horreurs de la guerre et de l'holocauste et perçoit
les résurgences de la violence lors des jeux olympiques de Münich. Mina et elle
vivent aussi leurs premiers émois amoureux et les déceptions inévitables qui
s'en suivent. De tout cela, trente ans après, Tomoko garde un souvenir ému et
reconnaissant.
Extrait (page 194) :
J'ai encore à portée de main la photographie prise ce jour-là, comme un précieux trésor renfermant le souvenir des jours d'Ashiya. Il s'est écoulé beaucoup de temps depuis, mais la beauté de mon oncle et de Ryuichi n'a pas perdu de son éclat. Ma tante sourit avec réserve, monsieur Kobayashi retient le corps de Pochiko. Résultat d'un long combat : le noeud de son ruban est presque défait. Grand-mère Rosa et madame Yoneda sont proches l'une de l'autre comme deux soeurs jumelles. Et Mina, avec ses yeux marron, regarde beaucoup plus loin que l'objectif. Derrière nous tous, on voit cette belle maison que j'aimais tant.Chaque fois que je regarde la photo je me surprends à murmurer. Tout le monde est là. Tout va bien. Personne ne manque.
Une belle lecture, moins dérangeante que les autres livres de Yoko
Ogawa que je connais déjà. Moins d'ambiguité que d'habitude mais toujours un
don pour évoquer une ambiance, construire un décor qui devient presque
réel, qui s'interpose entre le lecteur et la page lue. En un mot, une réussite
!
Il existe beaucoup de billets consacrés à ce livre sur le blogosphère. Je
veux citer ceux de Wictoria, Kathel, Katell, Laurence et Emeraude, qui vous conduiront vers d'autres avis.
Je recommande également le site de XavierPlathey qui analyse l’ensemble de l’oeuvre de Yoko
Ogawa .
.
Merci pour le lien, ces' effectivement un Ogawa pas trop bizarre et qui se lit bien... Un bon souvenir de lecture.
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