Eux sur la photo
– Hélène Gestern
Arléa (2011)
Hélène Hivert n’a
pas connu sa mère, Nathalie morte alors
qu’elle n’avait que trois ans. Elle a été par la suite légalement adoptée par
la deuxième épouse de son père, Sylvia, qui a été une mère tendre et attentionnée
pour elle. Alors que son père est mort et que Sylvia, atteinte de la maladie
d’Alzheimer, ne peut plus répondre à ses questions sur sa mère biologique,
Hélène a trouvé entre les pages d’un livre une coupure de journal datant de
l’été 1971. Un entrefilet relate les résultats d’un tournoi de tennis amateur qui
s’est tenu à Interlaken, dont les vainqueurs étaient Mme N. Hivert et M. P.
Crüsten. Tous deux figurent sur une photo, en compagnie d’un autre homme qui
n’est pas nommé.
Il s’agit d’un
roman épistolaire, qui sait utiliser à merveille les moyens modernes de
communication. Au début, les premiers contacts entre Hélène et Stéphane se font
par lettres, classiquement, ils s’appellent Monsieur et Madame, sont très
formels. Puis, c’est une véritable amitié qui s’installe, petit à petit, pleine
de confiance et de discrétion. Lorsque
Stéphane doit partir travailler en Islande, la correspondance avec Hélène se
fait par mail afin de gagner du temps. Quelquefois, ils échangeront des SMS,
surtout une fois qu’ils se seront rencontrés en face à face. Mais de ces
rencontres, le lecteur en saura très peu,
même lorsque la relation évolue au-delà de l’amitié. Et c’est cette pudeur que j’ai aimé dans ce
livre, délicat et émouvant sans jamais être mièvre.
De nombreux billets à
propos de ce livre font référence à Quand souffle le vent du Nord de Daniel
Glattauer, à cause de sa forme épistolaire, sans doute. En ce qui me concerne,
il n’y a rien de semblable entre ces deux livres, si ce n’est le genre. Autant
j’avais détesté le minaudage d’Emmy, autant j’ai apprécié ici la justesse des
émotions et la sincérité des correspondants. Plusieurs fois, les découvertes
menacent de bouleverser leur relation mais tour à tour, chacun trouve des
ressources pour continuer la quête et se méfier des faux-semblants.
Ce livre est une réussite et je le recommande fortement.
Je l'ai découvert grâce au billet de Liliba, et j'ai lu les avis de Leiloona, de Sharon et de leverentz.
Le site des éditions Arléa propose un petit extrait, qui décrit la photo qui va tout déclencher.
Et moi j'ai choisi celui-ci (page 117)
Et moi j'ai choisi celui-ci (page 117)
Il est question dans ce livre de l'église orthodoxe de Saint-Serge de Radonège à Paris XIXème. En voici une photo trouvée sur Internet :Vous avez raison, mes parents m’aimaient. J’en ai parfois douté pour mon père, qui était ombrageux et assez distant avec moi, puis cette idée m’est passée. C’était un militaire, pas très expansif, ni par la parole, ni par le geste. Même à la fin de sa vie, quand il était très malade, j’avais du mal à le toucher. Sylvia m’a raconté que, quand j’étais petite, il m’est arrivé de lui dire « vous » au lieu de « tu » tellement il m’impressionnait. De temps en temps, il avait des accès de colère dont je comprends mieux le sens aujourd’hui (comme casser en deux mon trente-trois tours des Chœurs de l’armée Rouge, que j’écoutais en boucle dans ma chambre à l’adolescence). Avec le recul, je pense que c’est un homme qui avait beaucoup souffert et ne voulait pas le laisser voir.
Source photo : VivianeTiercelin
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J'ai aussi trouvé beaucoup de délicatesse à ce livre.
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