La Maison où je
suis mort autrefois – Keigo Higashino
Actes Sud (2010)
Traduction du
japonais par Yutaka Makino
A la faveur d’une
réunion d’anciens élèves du lycée qu’ils ont fréquenté, le narrateur retrouve
Sakaya, qui a été sa petite amie pendant six années. Depuis, ils se sont
séparés, elle s’est mariée et a eu une petite fille. Quelques jours plus tard,
Sakaya lui demande un service : Son père, mort un an auparavant, lui a
laissé un plan et une clé. Sakaya voudrait que le narrateur l’aide à localiser
l’endroit indiqué sur le plan et à comprendre ce qui se cache derrière ce
mystère, d’autant qu’elle n’a aucun souvenir de sa petite enfance. Après
quelques hésitations, le narrateur accepte et voilà le jeune couple parti à la
recherche de la maison. Nichée au fond des bois, elle est une véritable énigme : Tout y est étrange, la porte d’entrée principale est condamnée et il faut s’y introduire
par le sous-sol. On dirait que rien n’a bougé depuis des années, la poussière
s’est accumulée mais les meubles et les affaires personnelles de la famille qui y a vécu sont encore en place. Toutes les pendules sont
arrêtées à la même heure, la maison n’est raccordée ni au réseau électrique ni
à l’eau courante. En fouillant dans la chambre d’enfant, nos héros découvrent
le journal écrit par un jeune garçon qui vivait là. Au fil de leur lecture, ils
s’imprègnent des évènements qui se sont déroulés dans cette maison. Sakaya,
petit à petit, se souvient être venue là, ce que confirme le journal. Mais
pourquoi semble-t-il manquer une pièce et surtout pourquoi l’orientation de la
maison est-elle en complète contradiction avec ce qu’a écrit l’enfant.
C’est une
histoire étrange et terrible que vont exhumer les deux héros. Sakaya, qui a
tout oublié de sa petite enfance, va découvrir pourquoi ses parents étaient si
réticents à lui parler du passé, pourquoi ils n’avaient aucune photo de cette époque. Elle va surtout comprendre pourquoi elle maltraite son propre enfant
et se libérer de la culpabilité qui l’étreint.
Même s’il n’est pas directement
impliqué, le narrateur est ébranlé par l’ambiance inquiétante qui règne dans la
maison et qu’exacerbe la lecture du journal. Au fur et à mesure des découvertes
qu’ils vont faire, les questions de sa propre enfance redeviennent très
présentes, lui qui est un enfant adopté, mais qui a eu la chance de le savoir
très tôt dans son existence. Il perçoit le désarroi de son amie et l’aide à lever
le mystère de la maison des bois et de ceux qui y ont vécu.
Au fil de
l’histoire, l’ambiance change et devient oppressante. Les hypothèses
échafaudées par le narrateur ou par le lecteur au vu des indices fournis par le
journal sont parfois exagérées et contribuent à la montée de l’angoisse. Et
même si la vérité permet à l’héroïne d’échapper à ses démons, le malaise a
persisté un moment chez moi après cette lecture, que je recommande
volontiers.
Un extrait que j'aime beaucoup, où le narrateur décrit ses premières impressions de Sakaya (page
138-139) :
Les premières pages sont à découvrir sur le site d’Actes Sud.Nous nous étions rencontrés parce que nous nous étions retrouvés dans la même classe en deuxième année de lycée. Je ne la connaissais pas avant. C’était une fille ordinaire, que l’on ne remarquait pas. C’est du moins ce que je pensais d’elle. Mais nous étions assis l’un à côté de l’autre et, quand nous avions commencé à parler, j’avais découvert que l’impression que j’avais d’elle était fausse.Elle ne chahutait pas et ne criait pas sans raison comme la plupart des filles. Elle se tenait toujours en retrait, donnant l’impression d’observer pensivement ce qui se passait autour d’elle. Au début j’avais cru qu’elle était timide, mais je m’étais vite rendu compte que ce n’était pas le cas. Ses yeux, lorsqu’elle regardait ses camarades rire bêtement, étaient semblables à ceux d’un scientifique observant des animaux de laboratoire. Un peu comme si elle était spectatrice d’une pièce de théâtre intitulée « La Deuxième Année de lycée ». En fait, elle ne tentait jamais de monter sur scène. Son aspect enfantin était en parfait décalage avec sa personnalité.
Les avis de Lily, Michel, Cécile et Pierre C.
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