Éditions de l'Olivier (2003)
Frédelle est une jeune psychologue scolaire et son principe est simple : "Les enfants, presque sans exception, sont fous." (p. 10).
Si Frédelle s'intéresse tant aux enfants, c'est qu'elle en est encore un, elle-même. Jeune veuve après quelques semaines de mariage, elle vit seule dans la grande maison choisie par son mari, une maison à retaper et qui est restée en l'état après la disparition de Dimitri. Incapable de dépenser sa fortune, Frédelle entretient une relation particulière avec son banquier et surprend celui-ci en décidant de donner son argent, plutôt que d'entreprendre des travaux. Pas libérée de l'influence de son père, Sarkis, Frédelle est toujours aux aguets, prête à réagir dès qu'elle entend le bruit de sa moto et à reconstituer un environnement factice avec les cadeaux qu'il lui a offerts. Et puis, Frédelle entend des voix, depuis qu'elle est petite, don qui lui vient de sa mère et qui la maintient dans un univers irréel. Une façon de se protéger, peut-être ?
C'est un curieux livre que ce Principe de Frédelle. La quatrième de couverture le rapprochait par son inspiration d'un autre livre d'Agnès Desarthe, "Un secret sans importance", qui reste à ce jour mon préféré de l'auteur.
Personnellement, je n'ai pas retrouvé ici cette ambiance si particulière que j'avais tant appréciée là-bas. J'ai parfois été un peu perdue dans cette histoire, comme l'héroïne d'ailleurs, qui n'arrive pas à décrocher de son enfance, sauf lorsqu'elle exerce sa profession au côté des enfants. Alors seulement, elle s'affirme et grandit. La fin de l'histoire tranche complètement avec le début. Fini le rêve et le cocon, Frédelle doit affronter une vérité qui va la libérer et dégager l'horizon.
Elle se leva, légèrement étourdie, se demandant à quel moment la colère l'envahirait. D'une révélation à l'autre, elle n'avait éprouvé qu'un soulagement croissant, la confirmation qu'elle n'était pas aussi folle qu'elle aurait pu paraître. Le magistrat de sa jeunesse, ce grand Moïse bienveillant, avec sa robe de juge et sa remarquable absence d'oreilles était de retour. Justice se faisait. (p. 251).
J'ai noté une phrase qui m'a beaucoup plu et qui m'a donné envie d'aller jusqu'au bout de cette lecture un peu difficile :
Se sortir vivant de l'enfance, vraiment, c'est tellement incroyable qu'on mériterait de ne plus jamais mourir après ça. (p. 15)
J'ai lu ce roman pendant mes vacances, il y a déjà quelques semaines et j'ai bien fait de ne pas me précipiter pour écrire ce billet. En effet, sur le moment, j'avais un avis partagé à son sujet. Mais après réflexion et "digestion", je dois lui reconnaître un charme certain et j'ai apprécié l'écriture d'Agnès Desarthe. C'est vrai qu'elle sait à merveille créer une ambiance et y plonger le lecteur, quitte à lui faire ressentir le trouble de son héroïne et à provoquer un certain malaise.
Les avis de Sylire qui n'a pas accroché, de Cécilux, perplexe et de Katell qui a beaucoup aimé et qui sait bien en parler.
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Je n'ai pas spéciallement aimé la nuit brune mais j'aimerai me faire un autre avis avec un autre livre..
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