dimanche 22 septembre 2019

Mon chien Stupide

Mon chien stupide – John Fante

Éditions Christian Bourgois (1987)
Traduit de l’américain par Brice Matthieussaint
Lu dans l’édition de poche 10/18


Henry Molise, la cinquantaine, vit avec sa femme et ses quatre enfants dans une grande maison au bord du Pacifique. Écrivain raté, scénariste au chômage, en mal d’inspiration, il s’illusionne en se laissant aller à son rêve : refaire sa vie avec une jeunette et filer à Rome pour flâner Piazza Navona  !

Quand il revient à la réalité, Henri se contenterait de peu de chose, être tranquille chez lui, avec sa femme Harriet, sa Porsche et son chien. Hélas, Rocco, son bull terrier, n’est plus. En revanche, ses quatre enfants s’incrustent, aucun d’entre eux ne trouve grâce à ses yeux et il voudrait les voir déguerpir au plus vite.
Un soir, en rentrant chez lui, il découvre sur sa pelouse, sous la pluie battante, un chien énorme, un vrai monstre, mal élevé, aux mœurs étranges, un chien dont personne ne veut et qu’il va nommer Stupide. Grâce à l’animal, Henri va finalement réussir à obtenir la vie tranquille qu’il souhaite ! Mais de quelle façon !

Court roman de cent-cinquante pages, vite lu, qui m’a amusée au plus haut point. Le personnage principal pourrait être détestable mais le ton de la narration est si caustique, si déjanté, que j’ai beaucoup ri à la lecture de ce livre. C’est satirique, politiquement incorrect, sans complexe, ça fait du bien !

Page 71
Nous avons allumé les bougies pour le repas funèbre, le cercueil des lasagnes posé entre nous. Manifestant une parfaite sobriété d’émotion, nous n’avons pas pleuré le deuil qui nous accablait. Nous avions besoin l’un de l’autre en cette heure d’épreuve, et sommes restés courageusement cois. Harriet avait quelque chose d’héroïque, une sorte d’élégance tragique quand, à grandes goulées, elle a bu le vin frais et n’a pas eu honte de sourire. Elle a rempli son verre, l’a vidé encore, et j’ai pensé qu’elle buvait trop vite, avec une provocation excessive.
Elle m’a regardé et dit : « Tu bois trop vite. »
Les lasagnes étaient trop cuites, la sauce avait durci sur les bords. La salade aussi semblait cuite, et les zucchini réduits en purée. Je picorais dans mon assiette en observant ma femme. Son visage s’était arrondi en forme de lune, car elle avait cinq kilos de trop et suivait un régime. Mais ce soir, elle mangeait sans retenue, à grands coups de fourchette, et je l’entendais mastiquer. Mais ce n’était pas le moment de la critiquer, si bien que je me suis tu.
« Pourquoi fais-tu autant de bruit en mangeant ? » elle m’a demandé.

Dommage que le chien sur la couverture du livre n’ait rien à voir avec celui de l’histoire. Stupide est un Akita. D'après la description, il doit s'agir d'un Akita américain, de même origine que l'Akita Inu, un chien japonais chasseur d’ours.

Akita américain

L’adaptation cinématographique du roman doit sortir prochainement, réalisée et jouée par Yvan Attal et là, le chien est un danois mâtin napolitain ! J’ai tout de même hâte de voir ce que ça donnera à l’écran mais je doute que l’atmosphère du livre en ressorte fidèlement. À suivre !

2 commentaires:

  1. Tiens, c'est drôle, je l'ai lu il y a quelques mois (billet non rédigé encore, j'ai du retard...), motivée entre autres par la sortie du film. J'aime beaucoup cet auteur, j'avais a-do-ré Demande à la poussière, mais hélas, je crois que je suis passée à côté de Mon chien Stupide ou que j'en avais trop d'attentes.

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    1. C'était la première fois que je lisais un livre de John Fante, donc je n'avais pas d'idée préconçue. Je note le titre dont tu parles. Merci.

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