mardi 29 mai 2018

Du sang sur la Baltique

Du sang sur la Baltique – Viveca Sten

Albin Michel (2014)
Traduit du suédois par Rémi Cassaigne


Beau dimanche de juillet au large de Sandhamn : la foule est rassemblée dans l’attente du départ du Tour de Gotland, une des plus importantes régates du nord de l’Europe. Oscar Juliander, le skipper du plus gros voilier de la course et donné favori par tous, s’effondre à la barre lorsque retentit le coup de pistolet donnant le signal de départ. Ses coéquipiers se précipitent mais ne peuvent plus rien pour lui. Juliander, qui devait prochainement prendre la direction du KSSS, le très chic yacht-club suédois, est mort, victime d’une balle de carabine calibre .22.
 

Voilà de nouveau une enquête confiée à la police de Nakka, et à Thomas Andreasson en particulier, en pleine saison estivale. Très vite, Thomas comprend que la balle qui a tué le skipper ne peut avoir été tirée que de l’un des bateaux qui étaient proches de la ligne de départ de la course. Encore faut-il trouver lequel, car ils étaient très nombreux. Et puis, il faut déterminer le mobile, et là encore, ce n’est pas simple. Oscar était-il visé par un membre du KSSS, jaloux de le voir accéder prochainement à la présidence du club ? Ou bien est-ce le mari d’une de ses nombreuses conquêtes féminines qui aurait décidé de supprimer son rival ? Ou encore une maîtresse délaissée qui aurait voulu se venger ? À moins que le meurtre ne soit lié aux activités professionnelles d’Oscar Juliander, avocat spécialisé dans l’administration de faillites de sociétés. Les pistes potentielles ne manquent pas mais l’enquête donne du fil à retordre à Thomas, qui devra compter sur l’aide de son amie d’enfance Nora, en vacances à Sandhamn, lorsqu’il lui faudra éplucher les comptes d’Oscar. Nora qui aura bien besoin de se changer les idées cet été-là, confrontée à une grave crise dans son couple à cause de la villa des Brand, dont elle a hérité. Henrik, son mari, veut la vendre pour réaliser une bonne affaire financière mais Nora est réticente, très attachée à cette maison où elle a tant de souvenirs d’enfance. 

Deuxième épisode de la série, cette nouvelle enquête est pleine de mystères, en raison des multiples pistes étudiées par Thomas et son équipe. Pour ajouter au suspense, une autre voix vient régulièrement s’intercaler entre les chapitres, celle d’un homme qui raconte des épisodes d’une enfance sous tension, puis d’un amour clandestin contrarié. C’est finalement une histoire très banale qui se dessinera dans la résolution de ce meurtre, une histoire à laquelle je ne m’attendais pas mais bien amenée.

Je n’ai pas boudé mon plaisir à la lecture de ce livre. J’avais vu à la télévision l’adaptation de cet épisode, qui diffère du roman sur plusieurs points. Et donc, même si la résolution arrive aux mêmes conclusions, ce n’était pas complètement la même chose et je ne me suis pas ennuyée.
Bref, une série qui me plait, pas trop noire, pas trop sanglante, c’est tout ce qu’il me faut en terme de roman policier !

mercredi 9 mai 2018

Article 353 du code pénal

Article 353 du code pénal – Tanguy Viel

Les éditions de Minuit (2017)

Il y avait le bruit du moteur qui tournait au ralenti et les vagues à peine qui tapaient un peu la coque, au loin les îlots rocheux que la mer en partie recouvrirait bientôt, et puis les sternes ou mouettes qui tournaient au-dessus de moi comme près d’un chalutier, à cause de l’habitude qu’elles ont de venir voir ce qu’on remonte sur nos bateaux de pêche, en l’occurrence : un homard et deux tourteaux, c’est ce qu’il y avait dans le casier quand on l’a hissé, qu’on l’a soulevé tous les deux par-dessus le bastingage – puisqu’on était encore deux à ce moment-là, remontant ensemble le casier comme deux amis qu’on aurait cru être, à déjà voir les crabes se débattre et cogner les grillages, en même temps qu’on le posait là, le lourd casier, dans le fond du cockpit. C’est lui qui a sorti le homard et l’a jeté dans le seau, avec assez de vigueur pour éviter les pinces qui ensuite s’échineraient sur les parois de plastique, lui, fier comme Artaban d’avoir pris le homard, il m’a dit : Kermeur, c’est mon premier homard, je vous l’offre. (pages 7-8)
Plus tard, Martial Kermeur ne pourra pas dire le rôle de cette dernière phrase d’Antoine Lazenec dans ce geste fou qui l’a poussé, lui, Kermeur, à faire basculer Lazenec hors du bateau, à le regarder se débattre dans l’eau et à mettre les gaz à fond pour regagner le port, à rentrer chez lui et à attendre les gendarmes. 
Ce livre de Tanguy Viel, c’est l’audition de Martial Kermeur par le juge, c’est le récit de toute une vie de labeur, une vie banale d’ouvrier de l’arsenal de Brest, mis en retraite anticipée comme beaucoup dans le coin, un homme simple qui s’est trouvé englué dans l’escroquerie immobilière montée par Antoine Lazenec. Bien sûr, Martial n’est pas le seul à être tombé dans les filets du beau parleur, il a résisté longtemps avant de se laisser séduire par son discours enjôleur, il a cédé presque malgré lui, mais il a cédé tout de même.


C’est un livre qui se lit d’une traite, tant on est emporté par le récit de Martial Kermeur, par sa façon de raconter les faits, de montrer l’enchaînement inéluctable des évènements qui l’ont conduit à faire ce qu’il a fait. J’étais tellement piégée par l'histoire que je n’ai jamais trouvé le temps d’aller chercher sur Internet ce qu’il disait, ce fameux article 353 de code pénal, et finalement, j’ai bien fait d’attendre les dernières pages pour en comprendre le sens et les implications.

Un livre fort et puissant dont on se souvient longtemps !

C'est la critique de Nathalie Crom dans Télérama qui m'a donné envie de me plonger dans ce roman.

mardi 8 mai 2018

Le gourou de la Baltique

Le gourou de la Baltique – Mikael Bergstrand

Gaïa éditions (2016)
Traduit du suédois par Emmanuel Curtil


Décidément, mes lectures m’amènent souvent sur les bords de la mer baltique en ce moment, d’autant plus que ce troisième épisode des aventures de Göran et de Yogi se déroule majoritairement en Suède, même si quelques chapitres au début et à la fin du roman donnent encore au lecteur l’occasion de profiter de l’ambiance, des coutumes et des paysages indiens.
 

Une fois sa lune de miel terminée, Yogi doit de nouveau se consacrer au développement de ses affaires et il profite d’un salon professionnel en Allemagne pour prolonger sa visite en Europe et venir retrouver Göran en Suède. Celui-ci, toujours au chômage et en délicatesse avec Karin, sa petite amie et ex-psychologue, s’est vu confier une mission par sa mère et l’ami de celle-ci. Pendant leurs vacances, Göran doit s’occuper de leur jardin et il peut habiter leur splendide maison, ce qui lui procure un changement d’air bienvenu. D’autant que c’est à ce moment-là qu’arrive Yogi avec ses projets d’expansion : il a imaginé que Göran pourrait vendre les produits de son entreprise indienne en Suède et il va mettre tout en œuvre pour convaincre son ami. Mais Göran n’a vraiment pas la fibre commerciale. Yogi, lui, avec son talent habituel, a très vite l’opportunité de faire de nombreuses rencontres, toutes plus excentriques les unes que les autres et il va rapidement se tailler une réputation de gourou, attirant de plus en plus de monde dans ce petit coin de Suède.

J’ai été un peu moins enthousiasmée par ce troisième épisode, sans doute parce que les aventures de Göran et de Yogi en Suède ont moins de sel que lorsqu’elles se passent en Inde.
Mais ce roman reste néanmoins agréable à lire, sans se prendre la tête, avec son petit côté « guide de développement personnel », qui ne se prive pas de se moquer gentiment des pratiques du genre. Comme le mentionne la quatrième de couverture, « Haro sur les croyances occultes, la chick-lit masculine ose décidément tout ! », je confirme qu’il y a de bons moments de rigolade dans ce livre et que ça fait du bien de se laisser aller !

dimanche 6 mai 2018

La reine de la Baltique

La reine de la Baltique – Viveca Sten

Albin Michel (2013)
Traduit du suédois par Rémi Cassaigne


La reine de la Baltique, c’est un phare désaffecté, celui de Grönskär, au large de Sandhamn, l’une des îles de l’archipel à l'est de Stockholm. Et c’est là que se dénoue l’intrigue de ce roman à suspense de Viveca Sten.

Tout commence sur l’une des plages de Sandhamn lorsqu’un promeneur y découvre un cadavre emmêlé dans un filet de pêche. Vu son état, l’homme a dû rester dans l’eau un moment avant de remonter à la surface. Comme l’autopsie ne laisse aucun doute sur la noyade, l’affaire aurait pu en rester là et conclure à un accident si le corps n’avait pas été entouré d’un cordage formant une boucle. Rapidement, la police a identifié Krister Berggren, célibataire, vivant seul dans la banlieue de Stockholm, et qui ne s’est plus présenté à son travail, un magasin d’état de vente d’alcool, depuis trois mois. Alors que l’enquête piétine, deux semaines plus tard, c’est le cadavre de Kicki Berggren, la cousine de Krister, qui est retrouvé dans une chambre d’hôtel à Sandhamn. Que venait-elle faire sur l’île ? Chercher à élucider la mort de son cousin ? Ou bien venir réclamer sa part dans une affaire louche à laquelle aurait participé Krister ?
L’enquête est confiée à la police de Nacka, et menée par Thomas Andreasson en particulier, parce qu’il connait bien Sandhamn et ses environs. Il a une maison de vacances sur une île tout proche et s’y réfugie souvent depuis la mort subite de son bébé et l’échec de son mariage qui a suivi. Dès qu’il s’agit de Sandhamn, Thomas sait qu’il peut compter sur le soutien de Nora Linde, son amie d’enfance, qui est en vacances sur l’île avec ses deux enfants et son mari, un médecin amateur de régates. Nora est très perspicace, ouverte sur les autres et toujours prête à aider Thomas.


Ce roman est le premier d’une série, huit épisodes publiés actuellement mais seulement cinq* en français et qui ont été repris à l’écran, diffusés sur Arte sous le titre Meurtres à Sandhamn. C’est parce que j’avais raté la diffusion du premier épisode que j’ai décidé de lire ce premier tome.

C’est tout à fait le style de roman policier que j’aime. Il y a l’enquête, certes, mais on suit également la vie privée et les états d’âme du policier. Et puis, la présence de Nora et ses difficultés conjugales apportent un dérivatif bienvenu et un peu d’animation à l’intrigue. Ce que j’ai apprécié, c’est que l’absence d’indices oblige la police à imaginer des mobiles variés et à en explorer les pistes, quitte à dénouer des affaires sans rapport avec les décès. La résolution de l’énigme ne se fait que dans les toutes dernières pages et repose sur un scénario imprévu, bien loin de ce que Thomas, Nora et le lecteur, d’ailleurs, avaient envisagé.

Pour continuer ma découverte de Viveca Sten, je vais me plonger dans Du sang sur la Baltique !

* Un sixième tome de la série, Retour sur l'île, sort le 30 mai 2018 chez Albin Michel.

jeudi 3 mai 2018

Comme onze comprend

Comme onze comprend – Janet Evanovich

Pocket (2015)
Traduit de l’anglais par Axelle Demoulin et Nicolas Ancion


Trop c’est trop, Stéphanie Plum n’en peut plus de son job de chasseuse de primes. Parce qu’elle vient de se retrouver poussée dans les ordures par le voyou qu’elle poursuivait, elle jette l’éponge, bien décidée à exercer enfin un travail dont sa mère pourra être fière. Mais Stéphanie va découvrir qu’il n’est pas si facile de changer de vie du jour au lendemain. D’abord parce que trouver un job qui lui convienne sur la durée est une gageure. Ensuite parce qu’échapper à un fêlé qui fait exploser ses voitures à tour de bras et qui la poursuit sans cesse va la contraindre à accepter l’hospitalité de Joe Morelli et à rejoindre l’équipe de Ranger où elle va trouver un job dans ses cordes. Une fois de plus, la voilà tiraillée entre les deux hommes de sa vie !

Ça faisait un moment que je n’avais plus plongé le nez dans les aventures de Stéphanie Plum. Ma dernière lecture remonte à 2012 et j’avais dû me résoudre à lire le dixième épisode en VO, faute de le trouver en français. Et puis, l’autre jour, en flânant dans le rayon des policiers à la médiathèque, j’ai découvert que la suite des aventures de Stéphanie Plum avait été traduite et publiée directement chez Pocket. J’ai retrouvé l’univers de Stéphanie avec plaisir, même si le début de ce onzième épisode fait craindre le pire lorsque notre chasseuse de primes préférée annonce sa démission !

Mais finalement, pas de panique :  même si Stéphanie n’est plus agent de cautionnement, sa vie ne se calme pas pour autant et ce onzième opus a son lot de voitures explosées, de visites au salon funéraire et d’orgies de beignets ! Et le changement d’activité de Stéphanie lui donne l’occasion d’en découvrir un peu plus sur Ranger, ce qui ne déplaira à personne, j’en suis sûre.

Extrait page 11-12
En fait, je ne savais pas pour quelle raison précise je venais de rendre mon badge. J’avais mal au ventre en sortant du lit le matin. Et je me couchais en me demandant où allait ma vie. Je bossais comme chasseuse de prime depuis un moment et je n’étais pas vraiment douée pour le métier. Je gagnais tout juste de quoi payer mon loyer chaque mois, des tueurs fous me couraient après, des gros types à poil se payaient ma tête, il arrivait qu’on me lance des cocktails Molotov et des insultes à la figure, je me faisais tirer et cracher dessus, on me poussait dans les poubelles, mes voitures finissaient à la casse à un rythme alarmant. J’avais même été attaquée une fois par des hordes de chiens en chaleur et par une volée d’oies de Canada.