mercredi 9 novembre 2016

Comment tu parles de ton père

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Comment tu parles de ton père – Joann Sfar

Albin Michel (2016)

Joann Sfar a perdu son père, après avoir assisté à son agonie, sur son lit d’hôpital. Ce livre, c’est son kaddish, celui qu’il n’a pas pu réciter devant la tombe.

En un récit très décousu, il raconte son père, ses grands-parents, sa mère morte à vingt-six ans alors que lui-même en avait trois et demi et dont la mort lui a été longtemps cachée par son père, justement. Il raconte aussi sa propre vie, ses amours plutôt raisonnables, sa difficulté à se détacher du modèle paternel, le havre que représente pour lui le dessin, son territoire réservé.

C’est un livre impossible à résumer, dense comme la vie, riche de l’héritage culturel que l’auteur a reçu des parents qui l’ont précédé.
Joann Sfar se retrouve définitivement orphelin à quarante-trois ans. Ne plus être l’enfant de personne, c’est un cap à franchir, ce peut être une épreuve. Tout le monde y est confronté à un moment donné de sa vie, plus ou moins tôt, dans des conditions très différentes selon la nature des décès. Joann Sfar, qui a toujours admiré son père, a eu le temps de voir la déchéance de celui-ci au cours de sa maladie. C’est aussi cela qu’il faut digérer, accepter et laisser derrière soi pour vivre sa propre vie, enfin libre de toute entrave du passé.

C’est un livre émouvant et sincère mais pas triste. On rit souvent des anecdotes que raconte l'auteur à propos de son père et de lui-même. On imagine sans peine l’enfant que Joann Sfar a été, déchiré par l’absence de sa mère et ébloui par la vie trépidante de son père. C’est un livre très personnel, l’écrire lui a sans doute fait du bien.


Quelques extraits de ce livre :

Au lieu de passer une vie à tenter de prouver que mon père avait tort, j’aurais mieux fait de prendre des notes. Pas pour désespérer, ni de l’amour ni de la nature humaine, mais enfin cela m’aurait aidé à comprendre les lois de l’attraction universelle.
 Je n’écris pas pour qu’on se souvienne de l’agonie. Je souhaite m’en débarrasser.
 Je dois beaucoup à mon père mais le plus grand cadeau qu’il m’a fait a consisté à ne pas savoir dessiner. Merci, papa, d’avoir laissé un espace vierge, dans lequel aujourd’hui encore je m’efforce de grandir.
C'est ma troisième lecture dans le cadre du challenge 1% rentrée littéraire 2016.

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