samedi 3 septembre 2016

Cet été-là, de braise et de cendres

Cet-été-là-de-braise-et-de-cendres-Alain-Vircondelet-Rue-de-Siam

Cet été-là, de braise et de cendres – Alain Vircondelet

Éditions Fayard (2016)

Cet été-là, c’est celui de 1945, alors que Marguerite Duras a accompagné son mari, Robert Anthelme, à Saint-Jorioz en Haute-Savoie. Celui-ci, de retour de Dachau dont l’a ramené Mitterrand, est en convalescence à l’hôtel de la Poste et Marguerite loge à côté, partageant son temps entre les visites à son mari, ses promenades dans la nature environnante, son travail d’écrivain et son histoire d’amour avec Dionys Mascolo, son amant, qui la rejoint quelquefois. C’est le temps de la détente mais aussi d’un retour sur elle-même, sur ces années de guerre si difficiles, sur la perte de son enfant. C’est le temps des interrogations sur sa vie future, entre deux amours différents et complémentaires, et sur l’écrivain qu’elle veut devenir. L’été 45, c’est aussi celui des bombes à Hiroshima et à Nagasaki, de la prise de conscience que l’horreur continue et qu’il faut vivre avec.

Comme le précise la quatrième de couverture, ce livre est « le premier roman qui met en scène Marguerite Duras ». Évidemment, le sujet est excitant, tant la vie de Marguerite Duras est riche et passionnante, et tant l’époque immédiate de l’après-guerre suscite de questions et de débats. Le style est assez lyrique, ce qui m’a parfois agacée mais l’ensemble est agréable à lire, très documenté. J’ai un peu moins adhéré à tout ce qui concerne les tourments de l’écrivain, la difficulté de Duras à produire un nouveau roman dans les circonstances où elle se trouve. Qu’est ce qui relève de l’imagination d’Alain Vircondelet et qu’est-ce qui est vrai, ce sont les questions que je me suis posée à la lecture de ce livre, qui m’a donné envie de me replonger dans les livres de Duras, et en particulier dans ses Cahiers de la guerre et autres textes, que j’avais lus à sa sortie. 

Lorsque je parcours la bibliographie d’Alain Vircondelet fournie en début et en fin de livre, je suis impressionnée par le nombre d’ouvrages qu’il a consacrés à Duras. Aucun doute, il connait parfaitement son sujet !

Et puis, comment ne pas être subjuguée par la magnifique photo de Marguerite Duras en couverture ? À l’admiration succède rapidement la prise de conscience des ravages du temps sur la beauté. Qu’en est-il de nous ? Sans doute la même issue ! Heureusement que les années n’ont pas le même impact sur les mots, et qu’au contraire, elles peuvent les magnifier. Avantage aux femmes de lettres sur les mannequins !

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