mardi 25 octobre 2011

La première gorgée de bière...


La première gorgée de bière et autres plaisirs minusculesPhilippe Delerm
Collection L’Arpenteur chez Gallimard (1997).

J’ai souvent entendu parler de ce livre de Philippe Delerm, sans avoir jamais l’occasion de le lire. A la faveur d’un prêt, j’ai découvert avec plaisir ce recueil de courts textes où l’auteur évoque des objets d’un quotidien un peu daté, mais néanmoins familiers ou des situations banales que nous avons tous plus ou moins vécues. 
Le talent de Philippe Delerm, c’est de trouver les mots justes pour raconter des instants ordinaires et en retirer l’essentiel. C’est de dégager des profondeurs de la mémoire des odeurs, des sensations ou des sons enfouis mais qui se réactivent en l’espace de quelques phrases. Un peu de nostalgie et beaucoup d’authenticité dans cette lecture que j’ai appréciée, comme une promenade à la campagne après une semaine laborieuse et stressante.

Mes textes préférés : par exemple le premier, Un couteau dans la poche, qui m’a rappelé un temps où il était commode d’avoir son opinel dans le sac, outil bien pratique à portée de main dans de nombreuses occasions. C’était bien sûr avant Vigie Pirate et les portiques électroniques.

Le deuxième, Le paquet de gâteaux du dimanche matin, m’a ramené un matin d’octobre 1965 près d’un petit square de Toulon. Avec Aller aux mûres, je me suis retrouvée sur les talus finistériens avec mes sœurs et ma grand-mère, un seau à la main et les mollets griffés par les ronces. Et puis, Dans un vieux train m’a remis en mémoire les longs trajets des vacances dans ces vieux wagons SNCF, où nous passions des heures à contempler les photos qui décoraient les compartiments et où il fallait rester tranquille pour ne pas gêner les voisins !
Et n'allez pas croire que ces plaisirs minuscules n'appartiennent qu'à un temps révolu. Aider à écosser des petits pois ou La première gorgée de bière sont  encore d'actualité et à savourer tous les jours et pour longtemps !
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mercredi 12 octobre 2011

L'aimer ou le fuir


L’aimer ou le fuirDelphine de Malherbe
Plon (2011)
 
Colette est tombée amoureuse, à 47 ans, de Bertrand de Jouvenel, 17 ans, le fils de son deuxième mari. Dans un premier temps, elle tente de résister à la passion contagieuse du jeune homme et cherche dans son histoire passée des arguments qui vont finalement l'amener à succomber.

Ce livre prend la forme d’une conversation imaginaire entre Colette et un docteur qui séjourne chez elle et à qui elle se raconte, tout en refusant de se livrer à quelque forme d’analyse. C’est ainsi qu’elle parcourt son enfance, les rapports avec ses parents, son mariage avec Willy, ses débuts dans l’écriture puis sa prise de conscience face aux tromperies de son mari qui l’exploite. Une fois devenue indépendante, Colette assume sa conduite, parfois scandaleuse, toujours libre  et savoure tous les plaisirs de la vie. Mais son questionnement face à ce nouvel amour qui s’amorce révèle aussi une femme qui a ses fragilités, ses incertitudes face à la vieillesse qui approche  et qui sait qu’elle vit là une dernière chance de passion, au risque de bouleverser une existence confortable et apaisée.

Un beau texte sur une belle personne, une vie riche en expériences diverses, loin des modèles de l’époque. Une volonté de liberté plus forte que tout, c'est ce que je retiendrai de ce roman.

Mais il y a quelque chose qui m’a agacé dans cette lecture, c’est le fait que ce récit, qui porte la voix de Colette, écrit à la première personne du singulier, se mette à naviguer dans le temps bien au delà de l’époque à laquelle se déroulent les évènements évoqués. Et surtout, les mots et les références utilisés n’ont à plusieurs reprises pas leur place en 1920. 
Ainsi, par deux fois, Colette, sous la plume de Delphine de Malherbe, se compare à un ovni. Puis, pour s’expliquer sur une période de vie dissolue, argumente qu’elle n’était pas une fille de Madame Claude ! Plus tard, elle évoque un homme en costume Dior.  Lorsqu’elle en vient à citer le film de Mathieu Almaric, Tournée, et ses actrices plantureuses, j’ai compris qu’il y avait une volonté de s’affranchir des époques mais l’agacement était déjà là ! 

Dommage, ce parti pris a légèrement gâché le plaisir de cette lecture et m’a fait douter de son objectif. Peut-être saurez-vous être moins conventionnels que moi !

Un avis plus enthousiaste et bien argumenté ici. 

Merci à Babelio et aux éditions Plon qui m'ont offert ce livre dans le cadre de la dernière opération Masse Critique.
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dimanche 2 octobre 2011

Bord de mer

Bord de merVéronique Olmi
Actes Sud (2001)

Une mère que l’on devine au bout du rouleau décide, sur un coup de tête d’emmener ses deux enfants voir la mer, pour la première fois de leur vie. Qu’importe qu’on soit en milieu de semaine, en plein mois de novembre, qu’il pleuve, qu’il fasse nuit, que les enfants manquent l’école. Les voilà dans un car vétuste et bruyant, puis à l’arrivée, à la recherche d’un hôtel, dans une ville peu accueillante et boueuse. Kevin, 5 ans, et Stan, 9 ans, sont un peu désorientés par ce départ subit mais sont aussi curieux de ce premier voyage. L’escapade se révèle décevante : l’hôtel est sordide, il pleut sans arrêt, la mer est démontée et effrayante. La mère voulait faire vivre un moment exceptionel à ses fils mais rien ne se passe comme elle l'avait imaginé. Heureusement il y a une fête foraine à l'extérieur de la ville et les enfants sont enthousiastes. Mais là, c'est la mère qui est mal à l'aise et incapable de partager la joie de ses enfants.

C'est une histoire terrible et déprimante. Dès le début, on pressent le pire et on a raison. D'un côté, il y a cet amour maternel immense qui s'exprime dans les mots de cette femme et qui pourrait lui donner la force de continuer. De l'autre, la solitude qui la submerge, les assistantes sociales qui n'apportent qu'incompréhension et participent à sa chute vers la folie. C'est un texte fort mais sans espoir. Même si je reconnais la qualité de l'écriture de Véronique Olmi, j'ai ressenti un certain malaise lors de cette lecture, tant le sujet est grave et désespéré, et surtout sans issue.

Un extrait :
On avait pris le car, le dernier car du soir, pour que personne nous voie. Avant de partir les enfants avaient goûté, j’ai remarqué qu’ils finissaient pas le pot de confiture et j’ai pensé que cette confiture allait rester pour rien, c’était dommage , mais je leur avais appris à pas gâcher et à penser aux lendemains.
Les avis de Laure, Clara, Emeraude, Tamara et d'autres chez Babelio.
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