dimanche 30 novembre 2008

Pour Vous

Pour Vous - Dominique Mainard
Editions Joëlle Losfeld - 2008

Delphine a créé l'agence Pour Vous, une entreprise de services à la personne, comme il en existe beaucoup : Prise en charge de personnes âgées, d'enfants handicapés, accompagnements divers. Mais Pour Vous propose aussi des services moins classiques, souvent hors des limites de la légalité.
Ainsi, Marja, l'assistante de Delphine, prête son fils au couple Soignes, en mal d'enfant. Et quand ce désir d'enfant devient plus impérieux, c'est Delphine elle-même qui va assume r le rôle de mère porteuse.
Un jour, un client nommé Jones lui apporte des carnets manuscrits qu'il lui demande de dactylographier et de compléter, car ils ont été écrits par un homme malade et certains textes sont presque indéchiffrables. Delphine commence par refuser cette mission, puis se trouve obligée de l'accepter. En effet ce vieil homme, Adorno, a été l'un des clients de l'agence et c'est Delphine qui a écrit sous la dictée certains passages, lorsque Adorno était trop fatigué. C'est à Delphine qu'Adorno a donné certaines consignes pour la transmission de ces carnets après sa mort. Comme elle ne les a pas respectées et qu'elle ignore ce que sait Jones à ce propos, elle voit dans la réécriture des carnets un moyen d'en savoir plus et d'y modifier son propre rôle si nécessaire.

Elle qui d'habitude est très détachée lors de la réalisation de ses missions, au point de jouer la mère porteuse sans état d'âme, va laisser déteindre sur elle les sentiments qu'Adorno portait à Jones et tomber amoureuse de lui, tout en continuant à réécrire les carnets.
Pour une fois, elle va laisser tomber la carapace qu'elle s'est forgée au fil du temps et se révéler vulnérable, face à un homme qui comme elle vend de l'illusion.

Le personnage de Delphine pourrait être antipathique : elle est froide, insensible à la peine des autres, dure avec son assistante. Pour elle, les clients sont des dossiers, des chèques et rien de plus. Sauf Adorno, qui avait un peu réussi à ébranler la forteresse, mais pas complètement, pas au point qu'elle respecte leurs accords jusqu'au bout.
Et puis, la lecture des carnets va la changer, la bouleverser et la rendre plus humaine. Une renaissance, en quelque sorte.

J'ai bien aimé ce livre de Dominique Mainard, même si la fin m'a un peu déçue. Le thème de départ est sans doute exagéré, mais donne un certain mordant à l'histoire. Si le personnage de Delphine fait froid dans le dos, on comprend que son activité et les exigences auxquelles elle est confrontée l'obligent à se protéger. Dommage que l'auteur devienne trop indulgente avec son personnage sur la fin, j'aurais aimé une chute plus grinçante !

Malgré ces quelques reproches, un bon moment de lecture !

D'autres avis sur ce livre : Cuné, Amanda, Sylvie, Cathulu, l'empreinte des mots.

samedi 29 novembre 2008

Blog-o-trésors - ma liste

Ce nouveau défi lecture est proposé par Grominou et je me sens capable de m'y mesurer !

Chaque participant doit proposer les 10 livres qui l'ont marqué. Grominou compilera la liste des propositions et il faudra y piocher 4 titres à lire dans le cours de l'année 2009.

Après beaucoup d'hésitation et de renoncement (beaucoup de mes coups de coeur font partie de série et je n'ai pu me résoudre à n'en choisir qu'un seul), voici ma liste :
  • L'écume des jours - Boris Vian
  • L'anti-voyage - Muriel Cerf
  • Le jade et l'obsidienne - Alain Gerber
  • Les raisins de la colère - John Steinbeck
  • Au bonheur des dames - Emile Zola
  • Un barrage contre le Pacifique - Marguerite Duras
  • Pour qui sonne le glas - Ernest Hemingway
  • Vent-d'Est, vent d'Ouest - Pearl Buck
  • La nuit, la neige - Claude Pujade-Renaud
  • Le carnet d'or - Doris Lessing
Que ce choix a été difficile !
A votre tour...

samedi 22 novembre 2008

La théorie du panda

La théorie de panda - Pascal Garnier
Publié en janvier 2008 chez Zulma.

Gabriel arrive par le train dans une petite ville de l'intérieur de la Bretagne. Il s'installe à l'hôtel, où l'accueille Madeleine, la réceptionniste. Pour le dîner, elle lui conseille le Faro, le bar-restaurant du coin. Mais ce soir, José le patron ne sert pas à manger. C'est Marie, sa femme qui fait la cuisine, d'habitude, mais elle vient d'être hospitalisée, pour l'ablation d'un kyste. Puis, finalement, José propose à Gabriel de partager son repas et il le fait passer dans l'arrière-salle, où ils font plus ample connaissance.

Le lendemain, Gabriel achète un gigot d'agneau et le cuisine à sa façon pour José, dont la femme va plus mal. Petit à petit, il se lie également avec Madeleine, qui rêve d'aller sous les cocotiers, dans les îles. Il va aussi lui préparer à manger, chez elle. Madeleine aimerait bien que leur relation dépasse la simple amitié, mais Gabriel reste distant. Il vient en aide à Rita et Marco, un jeune couple à la dérive. Et quand Marco s'en va, il part à sa recherche dans la ville, à la demande de Rita.

Grâce à quelques flashbacks, on comprend que Gabriel a vécu des drames, qu'il est "cabossé" par la vie. Sa façon de survivre, c'est de s'intéresser aux autres, ceux qui sont paumés, au bord du gouffre. Il leur prépare à manger, les écoute, et réussit à recréer comme un cercle d'amitié, où chacun va retrouver le chemin vers l'espoir.

Sauf Gabriel, qui a vu sa vie basculer alors qu'il se croyait le plus heureux, et pour qui le soupçon de bonheur à venir n'est que le rappel de son propre drame. Et c'est insupportable pour lui.

Je suis très perplexe sur ce roman. L'écriture est belle, fluide, précise. L'auteur sait à merveille créer en peu de phrases une ambiance, un climat.

Je me suis attachée à ces personnages, à ces instants de détresse puis d'espoir lorsque l'avenir semble s'éclaircir.

Mais je n'aime pas la noirceur qui ressort des rencontres de Gabriel avec d'autres habitants de cette petite ville. Je n'aime pas non plus cette fin, marquée par le désespoir, même si je reconnais que l'auteur est très habile.


A lire : la fiche du livre chez Zulma, qui propose les deux premiers chapitres.
La critique de Lire.
D'autres avis : Clarabel, Maijo, Katell, Karine, Florinette, Bladelor, Laure, Hannibal, Sylire.

mercredi 19 novembre 2008

Mon beau sapin

Noël approche ! Soutenez l'initiative de Pénélope Bagieu qui vous propose de participer à l'opération "Arbres de Noël" de la Croix-Rouge.

Cliquez ici.

vendredi 14 novembre 2008

Luz ou le temps sauvage

Luz ou le temps sauvage - Elsa Osorio
Publié aux éditions Métailié en 2002.
Traduit de l'espagnol par François Gaudry.


En 1998, Luz arrive à Madrid, en compagnie de Ramiro, son mari, et Juan, leur fils de dix-huit mois. Elle est venue d'Argentine afin de rencontrer un homme, Carlos Squirru. Grâce à lui, Luz espère éclaircir les dernièrs mystères concernant ses propres origines. C'est ensemble qu'ils vont reconstituer toute l'histoire.
En 1976, en pleine dictature militaire, Mariana, fille d'un général, accouche dans des conditions difficiles d'un enfant qui ne survit pas. Aussitôt, ses parents interviennent afin de remplacer l'enfant par la fille d'une détenue politique assassinée peu après. Eduardo, le mari de Mariana, est un homme faible, sous la coupe de ses beaux-parents et il accepte cette substitution, à l'insu de sa femme.

Luz grandit dans cette famille, d'abord inconsciente des secrets qui ont accompagné sa naissance. Le suicide de son père, l'incompréhension de sa mère et la rencontre avec une femme, Myriam, qui lui souffle un jour qu'elle n'est pas la fille de Mariana, vont petit à petit lui faire prendre conscience de l'origine de son mal-être et l'inciter à comprendre d'où elle vient. La rencontre avec Ramiro, son mari et plus tard la naissance de son fils, vont exacerber son besoin de vérité.

Voilà rapidement résumé le fond de cette histoire. Mais ce roman est bien autre chose. Il donne tour à tour la parole à plusieurs protagonistes qui connaissent tous une part de la vérité, mais différente pour chacun. Luz devra faire preuve d'une volonté tenace, avant de savoir enfin qui elle est et ce qui s'est passé.

C'est un roman très émouvant, qui s'appuie sur une réalité toujours actuelle : En Argentine, les Grands-mères de la place de Mai recherchent toujours leurs petits enfants, arrachés à leur famille d'origine et confiés à des partisans de la junte militaire. Ce qui en fait une lecture éprouvante. On souhaiterait que les évènements racontés soient uniquement le fruit de l'imagination de l'auteur. Hélas, on sait que ce n'est pas le cas.

A consulter : Une fiche de lecture qui rappelle le contexte historique et la critique de Lire

Liens vers d'autres avis chez Sylire et Lisa, dans le cadre du Blogoclub.

En ce qui me concerne, je l'ai lu pour mon défi lecture 2008, Le nom de la rose, dans la catégorie "Un prénom dans le titre".

dimanche 9 novembre 2008

Personnages désespérés

Personnages désespérés - Paula Fox
Publié en 2004 chez Joëlle Losfeld.
Traduction française de Marie-Hélène Dumas.
Préface de Jonathan Franzen.


Sophie et Otto Bentwood vivent à Brooklyn, dans une belle maison et profitent d'une existence aisée. Leur confort va se trouver remis en question par deux incidents : Un soir, Sophie est mordue à la main par un chat errant qu'elle a pris l'habitude de nourrir. Elle va hésiter pendant plusieurs jours avant de se faire soigner, balançant entre la crainte d'avoir attrapé la rage et la peur face aux piqûres que nécessiterait le traitement. Otto, qui est avocat, est désorienté car son ami et associé, Charlie Russel, a décidé de quitter le cabinet. Il hésite entre le soulagement de mener ses affaires enfin à sa guise et l'appréhension de perdre une partie de sa clientèle. Chacun est donc soucieux et va être moins attentif aux problèmes de l'autre, ce qui va provoquer une déstabilisation de ce couple, jusqu'ici apparemment sans histoires.

J'ai un peu de mal à savoir si j'ai aimé ou non ce livre. Paula Fox est très forte pour décrire le mal-être qui surgit dans ce couple, les inquiétudes de chacun, les incertitudes. Tellement forte que la malaise s'étend au lecteur, au lieu de lui procurer de la compassion vis à vis de ces personnages, qui sont peut-être désespérés mais qui sont aussi désespérants, du fait de leur inertie et de leur indécision.

J'avais déjà ressenti les mêmes sensations à la lecture de Côte Ouest, du même auteur. Il m'avait fallu quelques semaines pour admettre que ce livre valait le coup d'être lu.
Pour celui-ci, il faut sans doute également un peu de recul et pourquoi pas, suivre la recommandation de Jonathan Franzen qui le préface : Il l'a lu six ou sept fois et y découvre toujours de nouvelles clés !

D'autres avis chez Les rats de Biblio (Clarabel a aimé et Clochette moins), Malice, Anne et Eric Simard.

A lire également, un article de Lire consacré à Paula Fox.

mardi 4 novembre 2008

Le fiancé de la lune

Le fiancé de la lune - Eric Genetet
Publié en 2008 aux éditions Héloïse d'Ormesson.

L'histoire commence en 2027, lorsque Zac débarque sur la lune, en compagnie de cinq cents autres personnes. Il ouvre alors la boîte que son père lui a remise avant son départ. Il y trouve au milieu de quelques souvenirs d'enfance un manuscrit.
Quelques mots sur la première page : "Zac, va au bout de tes rêves. Ton père. Mai 2004."
Zac commence alors sa lecture.


Arnaud exerce la profession de "singe", c'est-à-dire qu'il intervient partout dans le monde sur des missions en grande hauteur : élagueur d'arbres au Caire, laveur de carreaux sur les buildings de New York, nettoyeur de cathédrale en Italie. Entre deux missions, il vit à Paris et mène une existence facile et futile, sans véritable attache.
Puis, il rencontre Giannina, une chanteuse de jazz et c'est le coup de foudre !


Ce livre raconte une histoire d'amour très banale : un homme libre rencontre une femme merveilleuse, pleine de talents, et en tombe passionnément amoureux, au point de renoncer à sa vie d'aventures. Ils ont un enfant, symbole de leur bonheur et de leur réussite. Puis, la routine prend le dessus sur les sentiments d'Arnaud, qui s'enlise dans le quotidien, jusqu'à ce qu'un évènement dramatique vienne interrompre le conte de fées.


Des histoires comme celle-là, on peut en trouver des dizaines et quelquefois, ça marche très bien. Le lecteur partage les états d'âmes des protagonistes, il les suit dans leurs bonheurs et malheurs, il s'identifie à eux.

Pour moi, cela n'a pas été le cas avec ce livre. Je ne suis pas entrée dans l'histoire, je n'ai pas été convaincue par les sentiments d'Arnaud. J'ai trouvé le style très superficiel. Il ne suffit pas de décrire des sentiments et des sensations pour les faire partager.

Ce "fiancé de la lune" a donc été une déception. Dommage, j'aime beaucoup la couverture et l'édition est très soignée.

Je remercie Suzanne de Chez-les-filles.com et les éditions Héloïse d'Ormesson qui m'ont gracieusement proposé ce livre.

Il a donné lieu à de nombreux commentaires sur la blogosphère.
Voici les avis de Maijo, Joëlle, Lo, Clarabel, Caro[line], Antigone, BlueGrey, Lucie et Cécile.